Lecture des textes de la liturgie catholique
Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.
Messe du 4e dimanche de carême
1re lecture :
Deuxième livre des Chroniques : 36, 14-16. 19-23
14 – Ozias leur prépara, pour toutes les campagnes, des boucliers, des lances, des casques, des cuirasses, des arcs, des pierres pour frondes.
15 – Il fit aussi, à Jérusalem, des engins inventés par un ingénieur, pour qu’ils soient posés sur les tours et sur les angles, en vue de lancer des flèches et de grandes pierres. Son nom s’étendit au loin, car il fit merveille pour se faire seconder jusqu’à ce qu’il devint fort.
16 – Mais quand il fut devenu fort, son cœur s’exalta jusqu’à se corrompre ; il devint infidèle à Iahvé, son Dieu, et il entra au Temple de Iahvé, pour brûler de l’encens sur l’Autel de l’encens.
19 – Ozias, qui avait en main l’encensoir pour encenser, se mit en colère et, tandis qu’il était en colère contre les prêtres, la lèpre apparut sur son front, en présence des prêtres, dans la Maison de Iahvé, sur l’Autel de l’encens.
20 – Le grand prêtre Azaryahou et tous les prêtres se tournèrent vers lui et voici qu’il était atteint de la lèpre au front ! Ils l’expulsèrent de là à la hâte et lui-même se hâta de sortir, car Iahvé l’avait frappé.
21 – Le roi Ozias resta lépreux jusqu’au jour de sa mort : il demeura comme lépreux dans une maison d’isolement, car il était exclu de la Maison de Iahvé. Jotham, son fils, préposé à la Maison du roi, jugeai la population du pays.
22 – Le reste des actes d’Ozias, des premiers aux derniers, c’est le prophète Isaïe, fils d’Amos, qui les a écrits.
23 – Ozias, se coucha avec ses pères et on le mit au tombeau avec ses pères dans le champ de la sépulture des rois, car on se disait qu’il était lépreux, et Jotham, son fils, régna à sa place.
Mon commentaire :
Le texte tronqué en son milieu peut paraître peu clair. Ozias, après être devenu roi très jeune (16 ans) et avoir mené de nombreux combats victorieux, se sent pousser des ailes et supprime l’échelon intermédiaire des prêtres pour manipuler l’encens dans le saint des saints du temple. Bien entendu, Iahvé qui a établi la hiérarchie sacerdotale, après l’épisode du veau d’or, le punit gravement en provoquant son exclusion par une maladie extrêmement grave puisque signe suprême d’impureté. On ne plaisante pas avec Iahvé !
Psaumes : 137 (Vulgate 136), 1-2, 3, 4-5, 6
Chant de l’exilé
1 – Près de fleuves de Babel, c’est là que nous étions assis et que nous pleurions, en nous souvenant de Sion.
2 – Aux saules qui s’y trouvent, nous avions suspendu nos cithares.
3 – C’est alors que nos vainqueurs nous demandèrent les paroles d’une chanson et nos bourreaux, un chant joyeux : « Chantez-nous un chant de Sion ! —
4 – Comment chanterions-nous un chant de Iahvé sur un sol étranger ? »
5 – Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite m’oublie !
6 – Que ma langue se colle à mon palais, si je ne me souviens pas de toi, si je n’élève pas Jérusalem au comble de ma joie !
Mon commentaire :
Il n’est pas besoin d’aller chercher très loin pour comprendre d’où les cathares tiraient l’épisode cosmogonique selon lequel le démiurge décida d’enfermer les esprits, qu’il venait d’enlever, dans des tuniques de chair afin de leur faire oublier leur patrie d’origine, Sion. En effet, il les avait surpris en train de chanter les louanges de Sion. Cela nous signale que nous devons garder à l’esprit que nous sommes prisonniers en terre étrangère et qu’il n’est pas temps de fraterniser et de nous soumettre à notre ravisseur.
2e lecture :
Lettre de Paul aux Éphésiens : 2, 4-10
4 – mais Dieu est riche en miséricorde et, à cause du grand amour dont il nous a aimés,
5 – nous qui étions morts de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ, car vous êtes sauvés par grâce,
6 – et il nous a relevés ensemble et fait asseoir ensemble aux cieux avec le christ Jésus,
7 – pour montrer dans les âges qui viennent l’extraordinaire richesse de sa grâce par sa prévenance envers nous dans le christ Jésus.
8 – Car vous êtes sauvés par grâce à travers la foi ; et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ;
9 – cela ne vient pas des œuvres, personne ne pourra se vanter.
10 – Car nous sommes son ouvrage, créés dans le christ
Jésus pour les œuvres bonnes que Dieu a d’avance tenues prêtes pour nous y faire marcher.
Mon commentaire :
Maintenant il réunit Juifs et païens car dans la foi et l’amour de Dieu, il n’y a plus de différence puisque ce ne sont plus les comportements humains qui comptent mais la foi qui donne accès à la grâce.
Évangile selon Jean : 3, 14-21
14 – Moïse haussa le serpent dans le désert, et le fils de l’homme doit aussi être haussé
15 – pour que quiconque se fie ait par lui la vie éternelle.
Mon commentaire :
Dans le désert, Moïse prit un des serpents brûlants que Dieu avait envoyé contre les Juifs qui se plaignaient de lui et en fit, à la demande de Dieu, un serpent d’airain qui guérissait ceux qui regardaient vers lui (Nb XXI, 5-9). Jésus annonce que lui aussi sera un instrument de Dieu à destination des hommes afin de les guérir de leurs souffrances mondaines.
16 – Car Dieu a aimé le monde jusqu’à lui donner son Fils unique pour que quiconque se fie à lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle.
17 – Car Dieu n’a pas envoyé le Fils en ce monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.
18 – Qui se fie à lui n’est pas jugé. Qui ne se fie pas est déjà jugé parce qu’il ne s’est pas fié au nom du Fils unique de Dieu.
19 – Le jugement, c’est que la lumière est venue en ce monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
20 – Car quiconque fait le mal déteste la lumière et ne vient pas à la lumière de peur que ses œuvres ne soient prouvées coupables.
21 – Mais qui pratique la vérité vient à la lumière pour qu’il soit manifeste que ses œuvres sont le travail de Dieu.
Mon commentaire :
Jésus oppose le Dieu d’amour au Dieu juif. Il montre qu’il n’est pas un Dieu de jugement mais un Dieu salvateur. Or, de quoi pourrait bien être sauvé l’homme si ce monde était l’œuvre de Dieu ? Par contre, ce qui fera jugement pour l’homme c’est le péché contre l’Esprit, c’est-à-dire de ne pas reconnaître l’Esprit quand celui-ci se manifeste à lui. Seuls ceux qui auront eut foi en l’Esprit auront part au salut. Pour les autres ils devront attendre d’avoir suffisamment progressé dans leur foi.