Lecture des textes de la liturgie catholique
Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.
Messe du 3e dimanche du temps ordinaire
1re lecture :
Isaïe : 8, 23b–9, 3
23 – […] la première période réduisit à peu de chose le pays de Zabulon et de Nephtali.
3 – Car le joug qui pesait sur lui, la verge à son épaule, la férule du surveillant sur lui, tu les as brisés comme au jour de Madian ;
Mon commentaire :
Iahvé détruit des pays et des peuples opposés aux Juifs. C’est logique pour un peuple qui se considère mieux considéré que les autres, mais c’est incompatible avec l’idée d’un Dieu tout puissant dans le Bien.
Psaumes : 27 (Vulgate 26), 1, 4abcd, 13-14
Dieu créateur et législateur
1 – De David. Iahvé est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je peur ? Iahvé est le refuge de ma vie : par qui serai-je effrayé ?
2 – Quand des malfaisants s’avancent contre moi, pour dévorer ma chair, mes adversaires, mes ennemis à moi, ils trébuchent et ils tombent !
3 – Si une troupe en campagne campe contre moi, mon cœur n’a pas peur ; si une guerre éclate contre moi, j’ai confiance en elle !
4 – La seule chose que j’ai demandée à Iahvé, celle que je recherche, c’est d’habiter dans la Maison de Iahvé, tous les jours de ma vie, pour contempler la douceur de Iahvé et pour avoir soin de son Temple.
13 – Que ne puis-je être sûr de contempler la bonté de Iahvé sur la terre des vivants ! —
14 – Espère en Iahvé, sois fort ! Que ton cœur s’affermisse ! Espère en Iahvé !
Mon commentaire :
Cette profession de foi n’est pas critiquable en soi, mais elle ne suffit pas à conduire au salut. La recherche de la face de Iahvé est une manière de demander des preuves du soutien du Dieu des Juifs. Le catharisme prescrit, non pas de demander des preuves à Dieu, mais de faire notre possible pour suivre la règle de justice et de vérité afin de mériter notre salut.
2e lecture :
Première lettre de Paul aux Corinthiens : 1, 10-13. 17
10 – Je vous exhorte, frères, par le nom de notre seigneur Jésus Christ, à parler tous le même langage et à ne pas avoir entre vous de dissensions, mais soyez unis par la même pensée et par le même dessein.
11 – Car ceux de Chloé m’ont fait savoir à votre sujet, mes frères, qu’il y a des querelles parmi vous.
12 – Je veux dire que chacun de vous dit : moi je suis de Paul et moi d’Apollos et moi de Képhas et moi du Christ.
13 – Est-ce que le Christ est partagé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été immergés ?
17 – Le Christ ne m’a pas en effet envoyé immerger mais évangéliser, et sans cette sagesse de langage qui rendrait vaine la croix du Christ.
Mon commentaire :
Paul constate que des courants de pensée différents sont apparus au sein de la communauté. Cela est cause de conflits internes. Il y a au moins un groupe resté fidèle à Paul, ceux de Chloé, un autre qui se réfère à Apollos, un qui se rattache à Képhas — c’est-à-dire Pierre — et un dont le prédicateur se dit rattaché directement à Christ. Paul, qui se sent en situation d’infériorité en raison de son éloignement, fait le choix de ne pas attaquer directement les contradicteurs. Il fait œuvre d’humilité en montrant qu’il n’est pas une référence mais que seul Christ doit être le but de tous. Il rappelle que son rôle se limite à l’évangélisation, c’est-à-dire à la transmission de la bonne nouvelle, le commandement de Christ. Peut-être y a-t-il parmi les critiques des personnes qui nient la portée symbolique de la croix, telle que Paul l’explique. Ceux qui se réclament de Pierre, doivent certainement adopter l’approche judéo-chrétienne du sacrifice. Paul est très fort car il sépare ceux qui ne voient pas dans la croix un message, en l’occurrence la fin de la loi mosaïque, dont il dit qu’ils périssent, et ceux qui y voient la puissance de Dieu, qui eux sont sauvés. On ne remarque aucune mention de Jean, ce qui donne à penser qu’il n’y a pas de groupe johannique au sein des disciples.
Évangile selon Matthieu : 4, 12-23 (lecture brève : 4, 12-17)
12 – En entendant que Jean avait été livré, il se retira en Galilée ;
13 – puis il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm au bord de la mer, aux confins de Zabulon et de Nephtali,
14 – pour remplir cette parole du prophète Isaïe qui dit :
15 – Terre de Zabulon et terre de Nephtali, chemin de la mer et l’au-delà du Jourdain, Galilée des nations,
16 – le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière, et ceux qui sont assis dans le pays à l’ombre de la mort, une lumière s’est levée pour eux.
17 – Dès lors, Jésus commença à proclamer : Convertissez-vous, le règne des cieux approche.
Mon commentaire :
Cet évangile recourt sans cesse et à tout propos aux citations de la Torah ce qui confirme son caractère juif primordial. Rien de ce qui est dit ne peut l’être sans s’appuyer sur une autorité scripturaire mosaïque. De même, Jésus et Jean y sont montrés comme les deux faces de la même médaille, pensant et agissant de même. Pour les cathares il n’en est rien. Jean était effectivement le reflet de l’humanité inféodée au Dieu de Moïse, alors que Jésus est l’initateur d’un nouveau message bienveillant — sens véritable du mot évangile — venu d’un Dieu qui n’a rien à voir avec le démiurge et son maître, principe du Mal.
18 – Comme il marchait le long de la mer de Galilée il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs.
19 – Il leur dit : Ici, derrière moi, que je vous fasse pêcheurs d’hommes.
20 – Aussitôt ils laissèrent les filets et le suivirent.
21 Plus loin il vit deux autres frères, Jacques fils de Zébédée et son frère Jean, dans le bateau avec Zébédée peur père, en train d’arranger leurs filets. Il les appela.
22 – Aussitôt laissant le bateau et leur père ils le suivirent.
23 – Et il parcourait toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’évangile du Règne et soignait toute maladie et toute langueur parmi le peuple.
Mon commentaire :
Là encore on voit la prégnance vétéro-testamentaire. Jésus y est présenté comme un prophète inspiré, proclamant son message et apaisant les souffrances mondaines. Cela fit dire à certains qu’il agissant comme un membre de la secte juive des Thérapeutes. Cela vise à lui donner un caractère supérieur qui justifiera la supériorité de son message sans jamais remettre en cause l’origine de ce message.
Voici comment je reçois ces textes.
Guilhem de Carcassonne.