2e dimanche de carême

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

Messe du 2e dimanche de carême

1re lecture :

Genèse : 22, 1-2. 9-13. 15-18

1 – Après ces événements, il advint que l’Élohim éprouva Abraham. Il lui dit : « Abraham ! » Il dit : « Me voici ! »
2 – Il dit : « Prends donc ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va-t’en au pays de Moriah et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai. »
9 – Ils arrivèrent à l’endroit que lui avait dit l’Élohim et Abraham y bâtit l’autel. Il disposa les bois, attacha Isaac, son fils, et le plaça sur l’autel par-dessus les bois.
10 – Puis Abraham étendit la main et prit le couteau pour égorger son fils.
11 – Mais l’Ange de Iahvé l’appela, du haut des cieux, et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il dit : « Me voici ! »
12 – Il dit : « N’étends pas la main et ne lui fais rien, car maintenant je sais que tu crains Élohim et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. »
13 – Abraham leva les yeux et vit qu’il y avait un bélier pris dans la broussaille par ses cornes. Abraham alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.
15 – L’Ange de Iahvé appela Abraham une deuxième fois du haut des cieux
16 – et dit : « Par moi-même j’ai juré — oracle de Iahvé — que, puisque tu as fait cette chose et tu n’as pas refusé ton fils, ton unique,
17 – je te bénirai et je multiplierai ta race comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est sur le rivage de la mer, si bien que ta race occupera la Porte de ses ennemis.
18 – En ta race se béniront toutes les nations de la terre, parce que tu as écouté ma voix. »

Mon commentaire :
Voilà sans doute un des récits parmi les plus délirants que l’on peut trouver dans la Torah, pourtant bien riche en la matière. L’Élohim – ce pluriel semble indiquer un accord des autorités divines — demande à Abraham, comme preuve de soumission de tuer son seul enfant. Abraham ne sourcille pas et n’est arrêté qu’à l’instant ultime. Comment ne pas penser aux épreuves initiatiques des gangs les plus violents qui exige le prix du sang comme billet d’entrée aux postulants ? Comment imaginer que la référence absolue en termes d’Amour et miséricorde puisse s’abaisser à ce point ? Seuls des hommes ont été capables d’imaginer un tel récit, et encore a-t-il fallu qu’ils soient totalement délirants pour le faire. Et bien entendu, tout cela pour nous dire que Israël est le peuple élu de Dieu qui lui a donné tout pouvoir sur la totalité de l’humanité, ce dont il ne privera pas dans les chapitres suivants… et qu’il continue à faire de nos jours.

Psaumes : 116B (Vulgate 115), 10. 15, 16ac-17, 18-19

Hymne de reconnaissance après la guérison

10 – J’avais foi, même quand je disais : « Je suis vraiment bien malheureux ! »
15 – Elle a du prix aux yeux de Iahvé, la mort de ses dévots.
16 – Ah ! Iahvé, parce que je suis ton serviteur, moi, ton serviteur, le fils de ta servante, tu as délié mes liens !
17 – Je te sacrifierai un sacrifice d’action de grâces et j’invoquerai le nom de Iahvé.
18 – J’accomplirai mes vœux à Iahvé, en présence de tout son peuple,
19 – dans les parvis de la Maison de Iahvé, au milieu de toi, Jérusalem ! Alléluia !

Mon commentaire :
Non seulement Iahvé peut exiger jusqu’à la mort de ses adorateurs, mais il faut lui rendre grâce de façon ostensible et pompeuse ! C’est bien plus un tyran soucieux de sa propre gloire qu’un Dieu bienveillant. Les cathares l’avaient compris et avaient banni toute pompe dans leurs offices, allant même jusqu’à supprimer le bâtiment même du culte (l’église de pierre et de bois).

2e lecture :

Lettre de Paul aux Romains : 8, 31b-34

31 – Que dirons-nous donc après cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
32 – Lui qui loin de ménager son propre fils l’a livré pour nous tous, peut-il ne pas nous donner tout avec lui ?
33 – Qui portera plainte contre les élus de Dieu ? Dieu ? il les justifie.
34 – Qui les condamnera ? le christ Jésus, qui est mort ou plutôt qui a été relevé, qui est à la droite de Dieu ? il sollicite pour nous.

Mon commentaire :
Là aussi le calame du scribe judéo-chrétien apparaît nettement. Cependant, les versets 28 à 30 pourraient bien être de Paul. En effet, on y trouve la notion d’un Dieu qui n’agit que dans le bien pour ceux qui sont issus de lui et qu’il éveille pour les sauver. Par contre, le scribe redresse la situation dès le verset 32 en faisant de la passion un sacrifice.

Évangile selon Marc : 9, 2-10

2 – Six jours après, Jésus prend Pierre, Jacques et Jean et les emmène sur une haute montagne, seuls, à l’écart. Et il fut transfiguré devant eux,
3 – ses vêtements devinrent d’un blanc très brillant, tels qu’aucun foulon sur terre ne pourrait blanchir ainsi.
4 – Et ils virent Élie avec Moïse en train de parler avec Jésus.
5 – Pierre dit à part à Jésus : Rabbi, il est bon d’être ici ; faisons trois abris, un pour toi, un pour Moïse et un pour Élie.
6 – En effet il ne savait que répondre car ils étaient effrayés.
7 – Et il y eut une nuée qui les couvrit, et de la nuée il y eut une voix : Celui-ci est mon fils, mon aimé, écoutez-le.
8 – Et subitement, en regardant tout autour, ils ne virent plus personne, que Jésus seul avec eux.
9 – Comme ils descendaient de la montagne, il insistait pour qu’ils ne racontent à personne ce qu’ils avaient vu, sinon quand le fils de l’homme ressusciterait d’entre les morts.
10 – Ils tinrent parole, tout en discutant entre eux sur ce que signifiait se ressusciter d’entre les morts,

Mon commentaire:
La transfiguration nous donne à voir le message du passage d’un état à l’autre. Moïse représente la loi de Iahvé et Élie est le prophète par excellence. Ils apparaissent en compagnie de Jésus, mais pas dans notre monde. En fait cette transfiguration est un état intermédiaire entre le monde matériel et le monde spirituel. Jésus est mis au même niveau que ceux qui furent les symboles d’un message divin mal compris. Moïse n’a certainement pas existé mais il est celui qui va tenter d’unifier les juifs derrière un message divin que nul ne renie. Élie symbolise les prophètes qui ont essayé de redresser le cheminement des juifs, le plus souvent sans effet. Cette vision est destinée aux apôtres afin qu’ils ne voient pas Jésus comme un rejet total de ce qui demeure viscéralement ancré en eux et qu’ils puissent ainsi progresser. Ce ne sont pas les commandements de Iahvé qui sont mauvais ni les messages prophétiques, mais ce sont les interprétations et les formalisations qui en ont suivi. Iahvé est le Dieu juste qu’évoque Marcion, mais ce n’est pas le Dieu bon.

Voici comment je reçois ces textes.

Guilhem de Carcassonne.

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