La conversion de Saint-Paul, apôtre

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

La conversion de Saint-Paul, apôtre

Paul de Tarse est un personnage extrêmement important dans la tradition chrétienne. En effet, il est le premier à avoir laissé des écrits sur sa mission, contrairement aux écoles apostoliques dont les écrits — attribués à des disciples — datent au mieux des années soixante-dix (c’est-à-dire après la chute de Jérusalem) et plus vraisemblablement du début du deuxième siècle. Les écrits de Paul sont datés des années cinquante au début des années soixante.
Le problème est qu’il n’agit pas dans la conformité des choix des groupes juifs chrétiens et helléno-chrétiens qui formeront le judéo-christianisme catholique. Considéré comme l’apôtre des hérétiques jusqu’au troisième siècle, il fut ensuite « récupéré », faute de pouvoir être effacé des mémoires, comme ce fut le cas de Marcion de Sinope.
Cette récupération fut organisée sous deux angles : « adapter » ses écrits à la ligne dogmatique catholique en les interpolant avec des ajouts de scribes judéo-chrétiens ; minimiser l’importance de sa prédication et de son aura dans les peuples chrétiens en l’avilissant et en promouvant Pierre, personnage falot sous la domination de Jacques. C’est ainsi que furent écrits les Actes des apôtres qui montraient un Paul, tardivement converti, avili d’un surnom juif qui mettait en doute la qualité de sa conversion, mais reconnaissant ses actions tout en mettant en avant son caractère sécessionniste envers les juifs et même les helléno-chrétiens. Pour valider cette image, le texte fut attribué à Luc, médecin présenté comme un disciple de Paul, donc mort depuis longtemps à l’écriture de ce texte.
On le comprend, Paul quoique incontournable pour écrire une histoire du christianisme des premiers siècles, est cependant considéré comme sulfureux et justifie ainsi toutes les manipulations possibles pour l’amoindrir dans l’esprit de la communauté, tout en utilisant sa parole — interpolée ou inventée — pour édifier les foules et les préparer à l’évangélisation judéo-chrétienne catholique.

1re lecture :

Actes des apôtres : 22, 3-16 ou 9, 1-22

3 – Je suis juif, né à Tarse en Cilicie, mais j’ai été élevé dans cette ville-ci et formé aux pieds de Gamaliel, à la stricte observance de la loi ancestrale ; et zélé pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui ;

Mon commentaire :
Cette entame, à la première personne du singulier — qui nous fait penser à la rédaction de l’Évangile de Thomas —, est destinée à nous convaincre de l’authenticité du discours qui suit. Mais nous verrons à plusieurs points qu’elle est hautement douteuse.

4 – j’ai persécuté à mort cette voie, faisant lier et jeter en prison hommes et femmes ;
5 – le grand prêtre même m’en est témoin, ainsi que tout le Conseil des anciens : c’est d’eux que je recevais des lettres pour les frères de Damas ; j’y allais pour que ceux de là-bas, amenés liés à Jérusalem, soient punis.
6 – Mais en chemin, et comme j’approchais de Damas, voilà que soudain, vers midi, une grande lumière du ciel m’a ébloui ;
7 – je suis tombé par terre et j’ai entendu une voix me dire : Saûl, Saûl, pourquoi me poursuis-tu ?
8 – J’ai répondu : Qui es-tu, seigneur ? Il m’a dit : Je suis Jésus le nazaréen, que tu poursuis.
9 – Ceux qui étaient avec moi ont bien vu la lumière, mais ils n’ont pas entendu la voix de celui qui me parlait.
10 – J’ai dit : Que faire, seigneur ? Et le Seigneur m’a dit : Relève-toi, va à Damas, et là, on te dira tout ce que tu as à faire.
11 – Et comme je n’y voyais plus, à cause de la gloire de cette lumière, c’est en donnant la main à mes compagnons que je suis arrivé à Damas.
12 – Un certain Ananie, homme pieux selon la Loi et en renom auprès de tous les habitants juifs,
13 – est venu vers moi et, après s’être présenté, il m’a dit : Saûl, mon frère, vois ! Et à l’heure même, je l’ai vu.
14 – Il m’a dit : Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre une voix de sa bouche,
15 – car tu lui seras témoin, devant tous les hommes, de ce que tu as vu et entendu.
16 – Et maintenant, qu’attends-tu ? Lève-toi, fais-toi immerger et laver de tes péchés en invoquant son nom.

Mon commentaire :
On le voit, la construction est habile, le grand prêtre et le conseil des anciens sont cités comme témoins mais ils ne s’exprimeront pas ni en faveur, ni contre ce témoignage. Le récit mêle le pour et le contre ; Paul s’y présente tour à tour de façon négative, sous le prénom Saûl — peu probable puisqu’il est romain ce qui légitime le prénom Paul —, en s’accusant d’avoir souscrit à la mort d’Étienne et en se référant à Jésus ce qu’il ne fait jamais dans ses lettres. Mais en même temps il se dit choisi parmi les autres et seul à témoigner en son nom. Soit il s’agit d’une forgerie complète, destinée à récupérer pour le compte de la communauté de Jérusalem le bénéfice de la mort de Paul, en l’imputant aux juifs et en en exonérant Jacques — dont je rappelle que c’est lui qui envoie Paul au devant des juifs qui vont essayer de le tuer —, soit il s’agit d’une interpolation d’éléments négatif à l’encontre de Paul destinés à amoindrir la force de sa position d’élu de Dieu.

1 – Saul, qui exhalait encore la menace et le meurtre à l’égard des disciples du Seigneur, s’approcha du grand prêtre
2 – et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin de lier hommes et femmes qu’il trouverait de cette voie et de les amener à Jérusalem.
3 – Il y alla et, comme il approchait de Damas, une lumière du ciel l’éblouit soudain
4 – et, tombant par terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me poursuis-tu ?
5 – Il dit : Qui es-tu, seigneur ? Et lui : Je suis Jésus, que tu poursuis.
6 – Mais lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire.
7 – Les hommes qui l’accompagnaient s’étaient arrêtés, stupéfaits d’entendre la voix et de ne voir personne.
8 – Saul se releva de terre, les yeux ouverts et n’y voyant rien ; et c’est en lui donnant la main qu’ils le firent entrer à Damas.

Mon commentaire :
Cette entame donne une image extrêmement négative de Paul pour renforcer l’effet saisissant de la conversion. Ce n’est pas Saûl qui s’éveille et découvre le chemin, c’est Jésus (et non Christ pour le coup) qui le malmène et le rudoie pour le forcer à suivre sa voie. C’est clair que cette lecture ne saurait être celle de Paul.

9 – Il fut trois jours sans y voir, et il ne mangea ni ne but.
10 – Il y avait à Damas un disciple appelé Ananie. Le Seigneur lui dit, dans une vision : Ananie ! Il dit : Me voilà, Seigneur.
11 – Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, va dans ce qu’on appelle la rue Droite et cherche, dans la maison de Judas, un nommé Saûl de Tarse ; car le voilà qui prie
12 – et il a vu un homme appelé Ananie, qui entrait et qui posait les mains sur lui pour qu’il voie.
13 – Ananie répondit : Seigneur, j’ai beaucoup entendu parler de cet homme et de tout le mal qu’il a fait à tes saints de Jérusalem.
14 – Et ici, il a pouvoir, de la part des grands prêtres, de lier tous ceux qui invoquent ton nom.
15 – Le Seigneur lui dit : Va, car c’est pour moi un outil de choix pour porter mon nom devant les nations, les rois et les fils d’Israël ;
16 – car je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom.
17 – Ananie s’en alla, entra dans la maison et, après avoir posé les mains sur lui, il dit : Saul mon frère, le Seigneur, ce Jésus que tu as vu sur le chemin par où tu venais, m’a envoyé pour que tu voies et que tu sois rempli d’Esprit saint.
18 – Aussitôt tombèrent de ses yeux comme des écailles. Il voyait. Il se leva, fut immergé et,
19 – quand il eut pris de la nourriture, il fut revigoré. Il passa quelques jours à Damas avec les disciples
20 – et aussitôt il proclama, dans les synagogues, que Jésus est le fils de Dieu.

Mon commentaire :
Là aussi la symbolique est clairement en avance sur la réalité. Paul trépasse, c’est-à-dire qu’il jeûne et prie pendant trois jours pour se purifier. Ananie, qui a rang de disciple, est averti en songe et lui impose les mains. L’ordre vient cette fois du Seigneur dont la majuscule incite à penser qu’il s’agit de Christ, le logos. Ce dernier voit clairement en Paul un médiateur de qualité pour toucher tous les hommes de toutes tendances et non pas seulement les juifs. Le baptême, d’abord par imposition des mains, puis par immersion, confirme la conversion qui agit efficacement immédiatement.

21 – Tous ceux qui l’entendaient étaient hors d’eux-mêmes et disaient : N’est-ce pas lui qui, à Jérusalem, ruinait ceux qui invoquent ce nom et n’est-il pas venu ici pour les lier et les amener devant les grands prêtres ?
22 – Mais Saûl se fortifiait de plus en plus et jetait le désarroi parmi les Juifs habitant Damas, en démontrant que Jésus est le christ.

Mon commentaire :
Comme Jésus et Étienne, Paul est menacé de mort par les juifs, ce qui n’est pas le cas des autres apôtres et disciples. Cela indique que sa théologie est plus radicale que la leur. Les versets suivants, opportunément oubliés, montrent que, après sa fuite de Damas et son retour à Jérusalem, Paul est menacé également par les juifs hellénisants, c’est-à-dire ceux de la diaspora dont font partie Pierre et Jean, ne l’oublions pas. Dans ses lettres Paul nie être retourné à Jérusalem dès sa conversion.

Psaumes : 117 (Vulgate 116), 1, 2

1 – Louez Iahvé, vous toutes, ô nations, glorifiez-le, vous tous, ô peuples,
2 – car sa grâce l’emporte pour nous et la vérité de Iahvé dure à jamais ! Alléluia !

Mon commentaire :
Ce psaume ultra-court est une invitation à louer Iahvé. On est dans le système d’invocation qui est utilisé dans les sectes modernes où le gourou met en transe son auditoire en l’amenant à louer la divinité sans réflexion.

Évangile selon Marc : 16, 15-18

15 – Il leur dit : Allez dans le monde entier proclamer l’évangile à toute la création ;
16 – celui qui a foi et est immergé sera sauvé, et celui qui se méfie sera condamné.
17 – Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront foi : ils chasseront des démons en mon nom, ils parleront de nouvelles langues,
18 – ils prendront des serpents et, boiraient-ils du poison, cela ne les gênera pas, ils poseront les mains sur les malades et en feront des bien portants.

Mon commentaire :
L’annonce de Jésus est présentée sous l’angle de vue judéo-chrétien : baptême par immersion, récompense punition, miracles physiques. On est loin de Jean et de la démarche spirituelle. Par contre, là aussi on voit une approche sectaire de recrutement. On annonce un pouvoir immense à ceux qui agiront au nom de la secte et on leur garantit l’immunité. D’une certaine façon c’est aussi de cette manière que l’on incitait les soldats à partir en croisade.

Voici comment je reçois ces textes.

Guilhem de Carcassonne.

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