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Le cathare dans le monde

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Le cathare dans le monde

L’objectif premier du cathare est de ne plus être du monde, comme cela est dit par Christ d’après les évangiles[1]. Mais, le consolé comme le croyant vit au quotidien dans le monde. Alors, faut-il se tenir à l’écart du monde, pour moins en ressentir les effets, si l’on veut vivre en cathare ? Non, mais il faut acquérir le juste savoir du monde pour que l’intuition, qui est la forme émergée de notre part spirituelle, puisse s’y mêler afin de faire émerger la connaissance qui conduit à l’éveil.

Le savoir du monde

Je pourrais m’en tenir à cette introduction qui contient l’essentiel de ce qu’il faut comprendre, mais pour que vous l’acceptiez en pleine conscience je dois l’analyser plus profondément.
La méconnaissance du monde mène à la répétition des erreurs, comme je l’expliquais déjà dans mon article de 2010, Le marcheur du désert.[2] Une citation de Karl Marx et Friedrich Engels nous le dit également : « Ceux qui ne connaissent pas l’histoire sont condamnés à la revivre »[3]
Il faut donc acquérir un bon savoir de ce qu’est le monde pour, d’une part éviter de refaire les mêmes erreurs qui conduisent souvent aux mêmes résultats, d’autre part pouvoir le décrypter dans sa nature profondément maline et ainsi rechercher notre part spirituelle.
Malheureusement, nous sommes aujourd’hui pleinement pris par le savoir maléfique du monde, tant au point de vue national qu’international, comme le montre une série d’événements auxquels nous sommes confrontés depuis plusieurs mois.

Au point de vue national, les événements du mois dernier sur la loi concernant la retraite montrent que la méconnaissance des règles de notre démocratie et la prégnance égotique nous conduisent à une situation préinsurrectionnelle. Au-delà des motivations des uns et des autres, il ressort de cet épisode que les opposants ne connaissent pas les lois et que ceux qui les connaissent les poussent à agir sans leur dire que c’est impossible.
En effet, un référendum — qu’il soit d’origine présidentielle ou d’initiative partagée — ne peut intervenir pour modifier une loi adoptée qu’à partir d’un an après son adoption. Il est donc illégal d’exiger un référendum sur la loi concernant les retraites avant mars 2024.
Concernant l’usage de l’article 49, alinéa 3, de la Constitution, il est clairement utilisé de façon légale quand le gouvernement considère que l’adoption d’une loi est menacée. Cet article est destiné à éviter le blocage de l’action du Parlement comme cela se passe depuis quelques années avec le dépôt de milliers d’amendement (aucune limite n’existe dans la loi), ce qui conduit l’opposition à en abuser pour empêcher d’étudier la loi dans le délai imparti. Donc s’opposer à l’article 49,3 impose logiquement à empêcher le blocage des débats en limitant fortement le nombre d’amendements.

Bien entendu, cet exemple récent n’est pas le seul marqueur d’un manque de savoir de la population qui lui nuit au quotidien. Cependant, il ressort de cela que la petite partie de la population qui maîtrise le savoir, au lieu d’éduquer les autres, se contente de s’en servir dans son intérêt, y compris si cela peut provoquer une situation nuisible à tous. Que ce soit en 1789 ou en 1968, pour ne conserver que les événements les mieux connus, ce ne sont pas les émeutiers, et encore moins la majorité silencieuse, qui ont profité des troubles gravissimes auxquels ont participé activement des personnes sans savoir, mais les sachants qui les ont utilisés dans l’espoir d’évincer du pouvoir les régnants et de les remplacer. Cela a fonctionné en 1789 et cela a échoué en 1968.

Mais le danger pour notre démocratie ne vient pas que de l’intérieur et là encore nous voyons que l’absence de savoir du monde est fortement délétère et dangereuse pour nos démocraties. En effet, l’Europe est encore une fois à feu et à sang parce qu’un dirigeant autoritaire, qui a confisqué le pouvoir dans son pays, cherche à conquérir un territoire qu’il convoite afin de peser sur la destinée de l’Europe au nom de considérations géopolitiques et historiques tendancieuses et erronées. Si nous avions le savoir historique nécessaire, nous ne manquerions pas de voir dans l’enchaînement des événements une triste répétition déjà vécue dramatiquement il y a 85 ans. En effet, le 12 mars 1938, l’armée allemande aux ordres du parti nazi d’Adolf Hitler annexait l’Autriche par la force militaire (Anschluss), faute d’avoir pu y installer un gouvernement de même obédience. Cela ressemble fortement aux annexions russes en Crimée et au Donbass ukrainiens en 2014. En septembre 1938, sous prétexte de la présence d’habitants de culture germanique dans les monts Sudètes de Tchécoslovaquie, Hitler les annexe au Reich allemand dès l’arrivée à Munich des négociateurs italien (Mussolini), britannique (Chamberlain) et français (Daladier) venus régler pacifiquement ce conflit, les mettant ainsi devant le fait accompli. Cela ressemble fortement aux annexions russes des régions de Transnistrie (Moldavie), d’Ossétie du Sud et d’Abhkasie (Géorgie) et de Tchétchénie, sans parler de l’annexion brutale des régions du Donbass (Donetsk, Louhansk) et de celles de Kherson et Zaporija. Début septembre 1939, sous le prétexte d’agressions soi-disant subies par des germanophones polonais, Hitler envahit ce pays malgré l’accord de non-agression signé cinq ans plus tôt et malgré les promesses faites à Munich un an plus tôt. Dès lors, la France et le Royaume-Uni se virent dans l’obligation de déclarer la guerre à l’Allemagne. Le 14 juin 1940, l’armée allemande entra dans Paris, signant une occupation de quatre ans de notre pays. Comment ne pas voir les terribles similitudes de ces événements, même s’il paraît que « l’Histoire ne repasse pas les plats » comme disait Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline ?

Ces explications, aussi détaillées que nécessaire, me permettent de montrer qu’un savoir mauvais ou incomplet met en danger notre sécurité, voire notre vie dans ce monde. Il faut donc se donner la peine d’acquérir ce savoir au lieu de suivre des manipulateurs d’opinion qui sont souvent eux-mêmes dépourvus de ce savoir.

L’intuition individuelle

Si je devais définir une façon dont notre part spirituelle parvient à s’exprimer à notre intellect mondain, c’est sans aucun doute par la voie de l’intuition que je dirais qu’elle le fait.
Qu’est-ce que l’intuition ? Un sentiment confus dont nous ne parvenons pas à définir l’origine ni la méthode d’action. Ce fameux sixième sens est-il lié à notre mondanité ou bien vient-il d’ailleurs ?

Pour autant, toute l’intuition est-elle expression de la part spirituelle ? Je ne le crois pas. Mais aiguiser son intuition permet de favoriser l’expression de la part spirituelle qui, associée au savoir permet de comprendre le monde dans son intimité profonde et ainsi de voir que l’explication qui nous en est généralement donnée est fausse. Ensuite, ainsi aiguisée notre intuition spirituelle pourra rechercher une vérité qui s’approchera sans doute de près de la Vérité.

Mais comment faire pour aiguiser notre intuition individuelle ? Tout d’abord il faut oublier l’idée ridicule selon laquelle on peut faire bien plusieurs choses à la fois. Seuls les ordinateurs sont multitâches. L’homme et la femme doivent se concentrer, s’isoler, pour réfléchir efficacement. Il faut donc prendre le temps de réfléchir sur les problèmes que l’on étudie, ne pas hésiter à parfaire sa documentation, étudier les tenants et aboutissants, rechercher les pièges que nous tend le monde, construire une opinion argumentée à partir de sources vérifiées et croisées pour éviter les manipulations et finir par en tirer une opinion personnelle qu’il faudra ensuite mettre à l’épreuve de la contradiction. Quand on lit Platon, on remarque que la technique rhétorique de Socrate, que l’on appelle la maïeutique, n’est rien d’autre que cela. En partant d’une opinion honnêtement formée chez son interlocuteur, il l’amenait à l’étudier et à la critiquer par lui-même, puisqu’en affirmant ne rien savoir de son côté, il mettait son interlocuteur en demeure de faire tout le travail. Pour l’aider, il lui montrait les conséquences de ses affirmations et ainsi lui permettait de faire le tour de son sujet pour revenir au point initial où sa conclusion était généralement à l’opposé de son affirmation initiale.

Pourquoi cela fonctionne-t-il ? La raison en est simple. Notre intuition intime est le mode d’expression de l’Esprit unique enfermé dans notre corps de chair. Or, l’Esprit unique est l’émanation divine, et comme Dieu est dans la Vérité absolue, il est normal que cela déteigne un peu sur notre intuition. Donc, en abandonnant l’égo qui nous conduit généralement sur le chemin opposé à la Vérité, en ne recherchant ni la domination, ni la réussite en ce monde, nous sommes capables de cheminer vers la Vérité au moyen du véhicule le plus efficace : la Bienveillance.

La connaissance

Le savoir sans l’intuition nous maintient dans l’état animal qui est celui de notre prison de chair. L’intuition sans savoir est une loterie où tout est possible. Mais le savoir combiné à l’intuition crée les conditions d’accès à la connaissance.
Pour autant, disposer de la connaissance ne suffira pas à atteindre l’éveil, car pour cela il faut s’élever au-dessus du monde et donner le pas à l’intuition sur le savoir. En quelque sorte, le savoir est le premier étage de la maison et l’intuition est le deuxième. On ne peut pas se priver ni de l’un ni de l’autre si l’on veut atteindre le grenier où se trouve ce que l’on cherche. Par contre, on risque à tout moment de se décourager et d’abandonner l’ascension pour rester en panne sur l’un des deux paliers, voire régresser jusqu’au rez-de-chaussée.

Le choix des mots est important ; le savoir est ce qu’on acquiert de façon intellectuelle, notamment par l’étude ; l’intuition est un sentiment profond et non une idée fugace qui vous aide éventuellement à faire confiance à une personne ou à choisir les numéros du Loto® ; la connaissance est la révélation de la réalité de ce qui nous entoure dans sa nature réelle. Si le savoir est indispensable, il sans utilité pour aller vers notre salut s’il ne nous conduit pas à la connaissance, ce qui implique d’utiliser l’intuition. Et la connaissance ne peut nous suffire, car elle ne permet que le constat de notre situation. Pour aller plus loin il faut y ajouter la foi. C’est en choisissant à quoi nous sommes prêts à nous abandonner en toute confiance que nous pouvons espérer atteindre le salut, comme le héros du Truman show décide à un moment de ramer vers l’horizon, sans savoir ce qu’il va trouver.

Le cathare en ce monde, qu’il soit consolé ou croyant, peut « lire » dans ce monde comme dans un livre ouvert. Avec un peu d’entraînement, il peut en décrypter les manigances et les pièges et en comprendre les ressorts « survivalistes » aussi ridicules que vains pour mieux choisir la voie de la liberté qui le préparera à quitter ce monde de son vivant et à vivre enfin éternellement.

Guilhem de Carcassonne le 09 avril 2023


[1] « Je ne suis plus dans le monde, mais ils sont dans le monde… » Évangile selon Jean (17, 11).

[2] Le marcheur du désert, site Catharisme d’aujourd’hui.

[3] Karl Marx, Friedrich Engels et al. : Manifeste du parti communiste.

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