retraite

Le travail et le Cathare

2-3-Le catharisme au quotidien
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L’activité mondaine et le Catharisme

L’étude des textes et des témoignages est sans ambiguïté sur ce sujet : les Bons-Chrétiens travaillaient pour gagner leur vie et ce en toutes circonstances. C’est une différence non négligeable avec les Catholiques qui admettaient, en raison de la classification sociale médiévale notamment, que ceux qui avaient la charge de prier pour le salut de tous, pouvaient éventuellement bénéficier de la charité de tous. En effet, le travail était de la responsabilité de la classe laborieuse (laboratores), alors que les nobles étaient en charge de la protection physique de tous au moyen des armes (bellatores) et que le salut des âmes relevait de la classe religieuse (oratores).
Certes, une partie du clergé, y compris dans les monastères menait des activités laborieuses, matérielles ou intellectuelles, en plus de leur activité spirituelle. Mais, la contemplation était acceptée comme seule activité, ce qui obligeait donc la population environnante à pratiquer la charité envers ces moines. Aujourd’hui on retrouve ce principe dans le Bouddhisme notamment dont les moines mendient chaque jour leur nourriture.
Les Cathares voyaient les choses autrement. Ils considéraient qu’une activité mondaine était indispensable pour assurer la subsistance du corps. Pensaient-ils que la mendicité active était mauvaise ? On peut le croire, même si dans les temps les plus durs, certains en bénéficieront de façon passive. Je voudrais essayer d’étudier ce point et de voir comment le concept de travail peut s’articuler avec les particularités de notre monde moderne dont plusieurs spécificités n’existaient pas au Moyen Âge.

Concept de travail mondain

Je différencie volontairement le travail, que j’appelle mondain, du travail spirituel, car je crois que l’activité strictement moniale est un travail, même s’il ne produit pas de richesse palpable. Le travail mondain est de deux natures qui s’entremêlent la plupart du temps : la pratique matérielle liée à une gestuelle et la pratique intellectuelle liée à une réflexion.
Au Moyen Âge certains Cathares étaient d’anciens intellectuels (médecins, notaires, etc.) et nous savons que d’aucuns purent conserver cette activité même après avoir été consolés. Certes, Pèire Autié n’a pu demeurer notaire, car cette activité était intenable vis-à-vis des pouvoirs locaux et royaux, mais un médecin est attesté dans les rangs des Cathares, ce qui démontre que l’activité intellectuelle n’était ni valorisée ni dévalorisée à l’époque.
Pour autant, la plupart des Bons-Chrétiens étaient des travailleurs manuels, soit parce qu’il s’agissait d’activités dont l’apprentissage pouvait se faire rapidement, notamment pour celles et ceux qui venaient des classes nobiliaires et qui donc n’avaient pas l’habitude de travailler, et pour ceux qui devaient abandonner un ancien métier qui les aurait mis en danger. En outre, le travail manuel constituait l’énorme majorité des activités humaines d’une époque où l’accès à l’éducation était extrêmement restreint et où l’économie vivrière des États nécessitait une production de biens de consommation directe importante.
Aujourd’hui les choses ont bien changé. L’économie mondialisée a provoqué un changement complet de paradigme. Produire pour sa consommation n’est plus considéré comme nécessaire et l’on voit apparaître des sectorisations qui dépassent les pays en créant des zones industrieuses à faible coût de revient et des zones de consommation effrénée qui créent, elles aussi, des catégories de pauvres faute d’emploi le plus souvent.
L’éloignement des possibilités de production directe fait que nous sommes le plus souvent amenés à acheter les biens que d’autres ont produits, voire transformés, pour notre usage. De même, certaines activités font désormais l’objet d’une activité professionnelle alors qu’autrefois elles revenaient de fait à certaines catégories sociales, notamment les femmes, sans qu’il ait pu sembler justifier de les monétiser. C’est le cas de l’entretien domestique des lieux de vie et des personnes de la famille. Seuls les plus aisés payaient pour ces services.
De fait, au quotidien nous avons des activités mondaines de deux types : celles ayant pour objectif de produire un profit financier et celles ayant pour objectif d’organiser notre vie quotidienne. Nous les modulons selon nos besoins et souvent selon nos moyens. Ainsi, celles et ceux qui considèrent que leur activité de rapport nécessite un investissement important et dont les moyens le leur permettent, vont-ils déléguer les activités relevant de la vie quotidienne à d’autres personnes qui seront rémunérées pour cela. Dans certains cas, ce choix sera lié à la notion de rentabilité. C’est-à-dire que la pratique d’une activité pour laquelle nous sommes moins performant sera néfaste à la qualité et à la productivité d’une autre activité pour laquelle nous avons des appétences et des compétences. Le choix de les déléguer sera là aussi justifié.
Il y a aussi une particularité qui n’existait pas autrefois et qui a toute sa place aujourd’hui. Je veux parler de la suppléance sociale. Certains d’entre nous ne peuvent pas fournir un travail en raison d’un handicap et bénéficient à ce titre d’aides sociales. En effet, la disparition de la famille élargie a rendu vulnérables les personnes isolées et affaiblies. L’autre cas, beaucoup moins dramatique, est celui des retraités. L’assurance retraite obligatoire depuis 1947 a créé, en France notamment, une catégorie sociale particulière. Le retraité est qualifié d’inactif, ce qui de moins en moins vrai, car il me semble plus logique de parler de non productif au sens économique du terme, même si beaucoup produisent des richesses dans des domaines où le secteur public et le secteur marchand refusent de s’investir en raison, soit des coûts que cela induirait, soit d’une rentabilité jugée insuffisante. Ce retraité, même s’il reste oisif n’est pas fautif puisqu’il a en fait financé a priori son statut actuel par des cotisations sociales payées tout au long de sa vie. Et même s’il vit longtemps et qu’arrive un moment où il aura gagné plus qu’il n’a cotisé, ce n’est pas du vol mais la simple conséquence du hasard qui l’a favorisé à son insu et qui en a défavorisé d’autres. Nous retrouvons opportunément là une idée qui transparaît dans la parabole des talents où le mauvais maître remet à chacun de ses serviteurs une somme (les talents romains) différente au lieu de leur donner la même à tous. Le mieux servi fournira le meilleur profit et le second, moins bien loti, ne pourra pas faire aussi bien.
Maintenant que je pense avoir dressé un tableau à peu près exhaustif, voyons ce qu’il faut en penser d’un point de vue cathare.

Le travail considéré du point de vue cathare

Nous ne savons pas si les Cathares médiévaux assuraient à la fois un travail rémunérateur et un travail domestique. Sans doute certains le faisaient-ils, mais il est permis de penser que ce n’était pas un cas général. Nous voyons bien qu’en période d’Inquisition — car c’est elle qui regroupe le plus grand nombre de témoignages —, certains Cathares vivaient dans des lieux où se mêlaient des hommes et des femmes. Or, les conditions sociales de l’époque imposaient aux femmes les travaux ménagers, sans pour autant les exclure de l’activité productive, comme c’est encore souvent le cas de nos jours. Donc, les Bons-Chrétiens étaient certainement souvent exemptés de ces tâches ménagères. Nous savons aussi que ceux qui avaient une activité spirituelle importante, notamment les évêques, étaient partiellement exemptés de l’activité professionnelle, sans s’y soustraire totalement pour respecter le principe intangible du travail nécessaire à une vie de bon-Chrétien.
Aujourd’hui, que devons-nous penser de ces exemples et comment devons-nous penser le rapport au travail des Bons-Chrétiens, quand nous en aurons parmi nous ?
Bien entendu, je ne suis pas consolé, donc je ne peux émettre que des hypothèses qui, je l’espère, feront l’objet de commentaires afin de me permettre de les conforter ou de les faire évoluer. Je pense que nous devons fondamentalement respecter le principe du travail, manuel ou intellectuel, pour les Bons-Chrétiens et les novices cathares. C’est un point important car la fonction spirituelle ne doit être entachée d’une valeur mondaine comme l’est celle de l’accès à des biens de consommation. Or, recevoir la charité pour une activité spirituelle revient à monétiser celle-ci. Donc, même si nous sommes retraités, nous devons continuer à fournir une activité, logiquement bénévole, de façon à garder cette notion de séparation entre la sphère mondaine et la sphère spirituelle. Reste le cas des handicapés qui ne pourraient plus fournir aucune activité. Leur cas relève effectivement de l’assistance que la société leur octroie. Ils ne sont pas coupables de refuser le travail mais ils en sont empêchés par leur état. C’est un cas d’exclusion comme il en existait au Moyen Âge dans les communautés cathares pour les malades notamment.
Ceci étant bien entendu, il nous faut définir les activités qui doivent être effectuées et celles qui peuvent être déléguées. Intervient là un point important qui est celui de la nécessaire humilité dont nous devons faire preuve. Il ne saurait être admissible de déléguer une tache que nous considérerions comme subalterne ou inintéressante en arguant que nous avons mieux à faire. Même si nous rémunérons quelqu’un pour nous remplacer, c’est l’idée du remplacement, à proprement parler, qui serait anormale. Donc, nous ne devons pas nous exempter du travail rémunérateur que nous pourrions accomplir et qu’accomplissent les autres pour un motif de besoins moindres, comme cela peut s’envisager aujourd’hui avec les temps partiels. Il y a néanmoins une exception valable à ce principe qui serait de partager son temps d’activité entre un travail rémunérateur accompli à temps partiel et un travail, rémunérateur ou pas accompli en parallèle au profit de la communauté ou d’un autre organisme. Mais le temps d’occupation total doit correspondre à l’équivalent d’un temps complet de travail.
Par contre, des motifs de santé liés à une maladie ou à l’avancement en âge peuvent rendre certaines activités, professionnelles ou domestiques, difficiles, très longues ou même carrément impossibles à effectuer. Dans ce cas, il est légitime d’en exempter la personne considérée où, quand celle-ci peut en assurer le financement, de les déléguer à un professionnel qui les réalisera à sa place. Bien entendu, le temps ainsi libéré devra être employé à d’autres activités si l’état de la personne le rend possible.

Le Catharisme est adaptable à notre époque

Finalement, il me semble qu’une réflexion saine et ouverte permet de résoudre des problématiques qui auraient pu sembler difficiles ou insolubles de prime abord. Le Catharisme est adaptable à notre société comme il a su s’adapter à celle qui prévalait au Moyen Âge et ce n’est pas parce que nous n’avons que leur référence qui soit portée à notre connaissance, que nous devons penser qu’elle est la seule possible. La plasticité de cette spiritualité permet bien des adaptations sans renier les principes fondamentaux. En cela je suis obligé de considérer que Yves Maris[1], qui ne voyait dans le Catharisme moderne qu’une école de pensée sans possibilité d’en faire une entité structurelle, comme c’était le cas à l’époque médiévale, se trompait de mon point de vue. Mais peut-être ai-je mal interprété ses paroles.

[1] « Le catharisme ne peut se développer dans la modernité que comme une école de sagesse tendue vers le dieu inconnu. Les cathares privilégient la simplicité et la vie de l’esprit en eux-mêmes. Ils ne prétendent pas former un groupe particulier à l’intérieur de la société, mais autant d’individualités conscientes et reliées, sources remarquables d’une vie différente que celle que le monde impose aux vivants. » Yves Maris in « La pensée cathare peut-elle constituer un nouveau lien social ? », Chemins cathares : http://www.chemins-cathares.eu

Vivre le Catharisme

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Vivre le Catharisme aujourd’hui

Maintenant que la connaissance du Catharisme, de son histoire réelle, de son contenu doctrinal et de son organisation pratique nous sont mieux connus, celles et ceux qui se sentent portés par une telle spiritualité peuvent ressentir l’envie de l’expérimenter par divers moyens. Cela est tout à fait légitime, mais il faut nous assurer qu’une mise en pratique de nos jours serait non seulement réaliste mais aussi bénéfique, sinon nous ne serions pas dans une démarche de Bienveillance. À ma connaissance, il n’y a aujourd’hui que deux types de pratiques mises en place de façon durable qui cherchent à aller dans ce sens. Je me propose de les étudier avec vous afin d’en apprécier la qualité et l’efficience.

Comment mettre en pratique le Catharisme ?

Si l’on se réfère aux documents disponibles, nous voyons qu’il n’y avait au Moyen Âge que deux sortes de pratique du Catharisme. La plus connue est celle que les Bons Chrétiens, c’est-à-dire le personnes ayant reçu la Consolation et les novices qui se préparaient en vue de la recevoir, avaient choisis de vivre. Il s’agissait d’une vie régulière — c’est-à-dire organisée selon une règle —, comparable à la vie monastique des catholiques ou des orthodoxes, qui faisait une part prépondérante à la pratique spirituelle. Elle ne concernait évidemment qu’une très faible partie de l’Église cathare qui regroupait, je le rappelle, les Bons-Chrétiens, les novices et les croyants qui constituaient son immense majorité. Justement, les croyants cathares semblaient vivre d’une façon parfaitement identique à celle des croyants judéo-chrétiens qui les entouraient.

Nous voyons, par cette brève description, qu’à priori mettre en œuvre le Catharisme aujourd’hui pourrait sembler délicat. Mais, les systèmes monastiques judéo-chrétiens, catholique et orthodoxe, ont évolué au fil des siècles et proposent aujourd’hui à leurs croyants, et parfois même à des personnes qui ne se réclament pas de cette confession, des solutions de retraite individuelle en leur sein. Voyons comment cela se passe et si ces pratiques sont transposables au Catharisme.

Le système judéo-chrétien

La façon la plus connue et la plus ancienne de s’investir auprès d’un monastère sans pour autant prononcer des vœux monastiques est l’oblation. L’oblat, qui peut être séculier, régulier et qui fut même militaire, est une personne qui se rattache spirituellement à un monastère tout en conservant une vie classique (oblat séculier), ou en optant pour une vie monastique impliquant une participation pleine et entière aux charges et devoirs qui s’y rattachent (oblat régulier ou conventuel), voire en protection après une vie militaire ayant provoqué des blessures rendant le retour à la vie civile impossible (oblat militaire). Parmi les oblats célèbres citons : Thomas d’Aquin, Paul Claudel, Max Jacob et Robert Schuman.

Aujourd’hui, il existe une manière moins formelle et moins implicante de participer à la vie monastique qui consiste en des retraites monastiques brèves, souvent d’une semaine pendant les vacances.

Le principe est toujours le même, l’oblat ou le participant aux retraites, mène la vie des moines s’il est en monastère, de façon complète pour l’oblat — qui porte même un habit monastique classique ou spécifique —, ou de façon réduite aux repas et aux oraisons, pour les « retraitants ». Compte tenu de la règle de continence, seuls les hommes peuvent manger à la même table que les moines, ou bien tous mangent dans un réfectoire séparé. Le reste du temps le retraitant est libre de ses allées et venues, contrairement à l’oblat régulier, mais l’oblat séculier mène lui-aussi une vie mondaine classique.

La vie des croyants cathares

Les textes sont tout à fait clairs ; les croyants cathares n’avaient aucune obligation particulière pour ce qui concernait leur façon de vivre dans le monde car, n’ayant pas le statut de Chrétien, ils n’en avaient logiquement pas les nécessités requisent par la règle des Bons-Chrétiens.

Aujourd’hui il en va de même, les croyants sont libres de mener leur vie mondaine comme ils l’entendent et rien ne les distingue des autres citoyens qu’ils côtoient au quotidien. La différence est bien entendu spirituelle, car un croyant est fermement et intimement convaincu que la compréhension doctrinale cathare est la réponse qui lui convient pour accéder au salut. Cela implique donc pour lui, de mener sa vie en privilégiant ce qui lui permettra, le moment venu, de rejoindre une communauté cathare pour y faire son noviciat afin d’accéder à la Consolation et de mourir dans l’état de Chrétien cathare consolé. Cela l’amène donc logiquement à tout mettre en œuvre pour assurer le développement matériel des communautés de vie évangélique cathares et pour aider les Bons-Chrétiens dans leur vie quotidienne car leur état spirituel les rend vulnérables dans le monde extérieur.

L’absence de Bons-Chrétiens, unanimement reconnus par les croyants cathares d’aujourd’hui, fait que les croyants n’agissent pas forcément de façon visible pour assumer leurs obligations envers l’Église. De ce fait, vu de l’extérieur, il n’est pas facile de différencier un croyant d’un sympathisant. Cependant, le croyant cathare est aussi une personne en évolution, comme le sont les Bons-Chrétiens. Et s’il ne pratique pas la vie régulière (c’est-à-dire celle qui obéit à la règle des maisons cathares), il va en appliquer certains principes dans sa vie mondaine et en faire une sorte de morale personnelle. Ainsi, au fil de son évolution, son implication régulière deviendra de plus en plus forte jusqu’au moment où il ressentira la nécessité de passer le pas du noviciat. Rien n’interdit de nos jours à un croyant de se rapprocher d’une communauté pour participer à la vie régulière de celle-ci pendant une courte période. Un tel système de retraite peut se faire s’il y a une communauté de vie évangélique pour l’accueillir. Cependant, la règle cathare fixe des limites. Les croyants ne sont pas autorisés à assister aux oraisons des Bons-Chrétiens qui pratiquent entre eux avec toutefois la présence silencieuse des novices. Surtout les croyants ne doivent pas pratiquer eux-même l’oraison dominicale, c’est-à-dire réciter le Pater qui est exclusivement et très formellement réservé aux Bons-Chrétiens. Même les novices ne peuvent le réciter tant qu’ils ne seront pas reçu dans la tradition de l’Oraison dominicale qui signe en général la fin de leur première étape de noviciat.

Des croyants et des sympathisants peuvent toujours se réunir pour étudier ensemble le Catharisme, surtout de nos jours où je le rappelle nous manquons de Bons-Chrétiens pour les encadrer. Cependant, par humilité au regard de leur condition spirituelle et par respect envers l’Église cathare, il ne sauraient en aucune façon pratiquer des rituels qui requièrent la présence de Bons-Chrétiens ou qui leur sont réservés. La seule pratique accessible à des croyants, me semble être le Caretas ou Baiser de paix.

Le noviciat

Aujourd’hui, un croyant qui se sent suffisamment avancé et motivé pour entamer un parcours vers la Consolation, peut, si cela lui est possiblement de façon pratique et au regard de ses obligations, décider d’entamer un noviciat, ainsi que je l’ai fait depuis le 16 mai 2016. Il devra alors voir s’il lui est possible de s’associer à une communauté existante ou à un autre novice désireux de l’accompagner dans cette démarche. En raison des particularités de notre résurgence débutante, il peut aussi commencer seul en espérant être rejoint plus tard. Cet isolement rend les choses plus difficiles mais était déjà pratiqué au Moyen Âge quand la répression éparpilla les Bons-Chrétiens et en obligea certains à demeurer seuls ou simplement entourés de croyants.

Il va sans dire que le noviciat est un engagement fort qui, normalement, ne saurait être envisagé pour un temps limité. Certes, chacun est toujours libre d’abandonner s’il pense s’être trompé dans ses motivations et capacités, mais la porte de sortie recherchée du noviciat est la Consolation. Cela revient à dire que le noviciat n’est pas une voie accessible de prime abord au croyant désireux d’approfondir sa spiritualité.

La participation à une communauté ecclésiale

Aujourd’hui, un croyant ou un sympathisant peut participer à des réunions, Rencontres ou périodes de retraite lui permettant d’étudier le Catharisme dans ses différentes orientations afin d’améliorer ses connaissances et d’essayer d’approfondir un peu sa compréhension spirituelle. Cela peut être l’occasion d’apprécier l’intérêt de la pratique du jeûne strict et ouvrir à des périodes de méditation collectives ou individuelles sans pour autant verser dans l’imitation partielle ou totale des rituels réservés aux Bons-Chrétiens ou aux novices.

Cependant, il peut paraître insuffisant à un croyant désireux d’approfondir sa spiritualité de se limiter à de telles pratiques. L’idéal serait de faire des retraites dans des communautés ecclésiales. Elles font défaut aujourd’hui et dans l’état de mon avancement de novice, je ne peux envisager d’accueillir un retraitant avant la fin de ma première année de noviciat car mes progrès sont lents faute d’être guidé par un Bon-Chrétien. Il m’est néanmoins possible d’organiser des périodes de partage consistant en des discussions ouvertes sur des sujets religieux ou même de vie courante avec des croyants et des sympathisants qui seraient cependant hébergés hors de la maison cathare. Le partage d’un repas, les jours non jeûnés, serait également possible.

Cela peut sembler extrêmement embryonnaire mais je rappelle que la patience est une grande vertu en Catharisme car elle provient de l’humilité, fondamental cathare s’il en est.

Conclusion

Voilà l’état de mes réflexions pour le moment en la matière. Je ne veux juger personne qui choisirait une autre manière de faire mais il ne peut y avoir de cohésion et de partage réel entre croyants avancés ou novices que si certains points majeurs sont compris et respectés à l’unisson.

Cependant, je peux entendre d’autres points de vue et étudier leurs arguments lors d’échanges formels, pour voir si certains aménagements sont possibles sans déroger au respect des obligation de la règle cathare et des enseignements des Bons-Chrétiens médiévaux dont l’opinion ne saurait être balayé au nom d’un modernisme qui considérerait comme rétrograde ce qui nous semble difficile pour nos mentalités modernes.

Là encore l’humilité doit nous rendre modeste et l’obéissance est un élément fondamental pour celui qui aspire à avancer jusqu’à sa propre Consolation.

Éric Delmas, 23 novembre 2016.