Manipulations, complots… et catharisme

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Manipulations, complots et… catharisme

Notre siècle est largement touché par les théories du complot. La France est même, paraît-il, en tête dans ce mouvement de défiance généralisée.

Le principe de ces théories est de considérer qu’aucun événement n’est dû au hasard mais qu’au contraire un vaste complot organise tout dans un but précis qui est généralement d’exercer indirectement un pouvoir qu’il serait impossible d’exercer ouvertement dans nos systèmes démocratiques.

Face à l’apparente diversité des structures de pouvoir, la théorie du complot tend à prétendre qu’en fait tous ces organismes, connus ou secrets, sont en fait liés entre eux par des intérêts supérieurs de leur point de vue. Alors que la moindre classe politique est incapable de s’entendre au niveau d’un pays, il existerait donc, au plan mondial, voire en y incluant les extra-terrestres, une harmonie visant à un but unique.

Manipulations et complots

Mais quand on y réfléchit bien, le concept de manipulations des foules est aussi vieux que l’humanité. Avant qu’ils n’interviennent, je vais couper l’herbe sous le pied des athées en rappelant que l’on peut considérer que la religion est sans doute la première manipulation de masse connue. En effet, comme l’explique très bien René Girard, l’homme inventa la religion pour organiser la vie sociale lors du regroupement des cellules nucléaires familiales, nécessité par les considérations de sécurité et d’efficience vivrière.
Depuis, les manipulations ont fait florès et une des plus récentes que nous connaissons est celle qui a permis d’effectuer le débarquement allié sur les plages normandes en maintenant les troupes allemandes dans le Nord-Pas de Calais et qui s’appelait l’opération Fortitude, merveilleusement contée par Larry Collins dans le livre éponyme.
Face à ces manipulations connues, et qui d’une certaines façon semblent justifiables par rapport aux objectifs visés, il y en aurait d’autres beaucoup moins innocentes et beaucoup plus secrètes. Ce qui les caractérise c’est l’absence de spécificité. En effet, tout est sujet à théoriser un complot mondial impliquant à peu près tous les corps constitués et tous les organismes regroupant plus de deux personnes. Bien entendu, aucun événement ne saurait se produire sans que la théorie du complot ne s’en empare pour justifier ce qu’il bien finir par considérer comme une immense paranoïa. Mais, « même les paranoïaques ont de vrais ennemis » comme le dit la citation attribuée tour à tour à Roland Topor et à Raymond Aaron. Donc, il est cohérent d’accepter qu’il puisse y avoir une ou plusieurs manipulations en cours de nos jours.

Le but des manipulations est de favoriser la réussite d’une entreprise secrète et désirant le rester que l’on appelle un complot. Mais le complot n’a de sens que s’il vise à réaliser une opération profitable à ceux qui le dirigent. Or, dans le concept d’un complot généralisé, mondial et touchant tous les corps constitués déjà en possession du pouvoir sur nos vies, on se demande bien quel bénéfice pourrait-on tirer d’un sur-complot impliquant les mêmes. En outre, il faut admettre qu’un complot visant à assurer la sécurité d’un groupe en discréditant un autre groupe qui ne demande pas mieux, n’aurait aucun sens si ce complot aboutissait à faire plus de dégât dans le groupe qui l’organise en secret que dans celui qui le revendique ouvertement. L’idée du complot des attentas du 11 septembre pose question de ce point de vue. En quoi les Juifs — régulièrement accusés de l’avoir organisé — ont-ils eu avantage à tuer près de 3000 personnes parmi un peuple allié fidèle pour mettre en accusation un groupe terroriste qui n’en demandait pas mieux pour se faire valoir et donc recruter des membres ? En quoi les USA ont-ils tiré avantage de faire croire à leur alunissage en 1969, dans la mesure où il semble bien y être retournés à plusieurs reprises, et même, dans l’hypothèse où chaque mission aurait été un bluff, quel bénéfice en auraient-ils tiré, si ce n’est le financement de recherches qui ont abouti aux progrès technologiques en matière spatiale dont nous bénéficions chaque jour ?
Si l’on s’intéresse aux complots visant à instaurer un règne de terreur, le seul avantage que l’on peut espérer y voir dépasserait largement les personnes de ceux que l’on accuse de les avoir fomentés. On le voit bien, les Israéliens ne me semblent pas particulièrement avantagés d’avoir donné aux groupes extrémistes musulmans et palestiniens l’importance qu’ils ont fini par avoir aujourd’hui. De même, les attentats de New York et Washington n’ont pas amélioré la position des USA dans le monde, bien au contraire.
En fait, si l’on dépasse le cadre de complots visant à favoriser, le plus souvent sur une période limitée, des groupes limités en nombre — comme par exemple un lobby militaro-industriel donné — on observe que le seul résultat que peuvent atteindre de tels complots serait, à terme, la destruction du monde et de sa population. Bien entendu, une telle hypothèse est contradictoire avec des intérêts humains. Ou alors il faudrait considérer que la plupart d’entre nous est composée de psychopathes en crise permanente et avec une forte tendance suicidaire. Sinon, il va falloir se déplacer dans un plan totalement différent.

Catharisme, manipulations et complot

Je dois bien l’avouer, la catharisme est lui aussi touché par la théorie du complot. Mais, comme les cathares ne font rien à moitié, pour nous la théorie du complot est bien plus vaste et bien plus profonde qu’aucun Thierry Meyssan n’aurait pu l’imaginer. L’étude de la cosmogonie cathare nous renseigne clairement sur ce sujet.
En effet, pour les cathares ce monde n’est pas une création divine mais au contraire une manipulation maléfique visant à concurrencer la sphère divine à partir d’éléments imparfaits et limités dans le temps. Le complot fut donc de dérober à la sphère divine une part de sa substance — que nous appelons les esprits saints — pour les incorporer dans des créatures mondaines afin de les animer de façon efficace et de donner à cette création maligne une apparence d’éternité. La manipulation est elle de faire croire à ces créatures mixtes et instables qu’elles sont issues du Dieu bon et que les imperfections de ce monde sont liées à une faute originelle dont on nous présente sans cesse la facture. Là nous avons un vrai complot puisqu’il y a un bénéfice durable escompté pour le manipulateur, mais aucun homme n’en tirera jamais le moindre profit.
Par contre, il n’est pas inutile de s’interroger sur la raison d’être de théories « complotistes » que l’on placerait dans une optique de confortement de ce complot initial. En effet, les parts spirituelles prisonnières des corps de boue n’ont qu’un objectif réel, celui de fuir leur emprisonnement et de retourner dans la sphère d’où elles furent arrachées. Donc, la gageure pour l’envoyé du Mal est de maintenir une division permanente entre ces parts spirituelles afin d’éviter toute manœuvre coordonnée susceptible d’aboutir à un effondrement de sa création. Cette division est initialement celle qui vise à faire croire aux hommes qu’ils sont tous différents et que ces différences (sexe, races, religions, pouvoirs, etc.) sont bonnes pour eux et justifient tous les comportements et de préférences ceux qui renforcent la part maligne au détriment de la part divine. Du coup, face à des démocraties que les hommes ont créées dans l’espoir de se donner une vie moins violente et plus harmonieuse, l’envoyé du Mal est une fois encore de jouer son rôle de diviseur — ce qui est l’étymologie de son nom : Diable — en montant les démocraties les unes contre les autres et en favorisant des groupes qui ont pour but l’instauration d’oligarchies et de dictatures.
Mais, me direz-vous, où serait la victoire du Mal si ces luttes et ce chaos aboutissait à la destruction du monde, voire de l’univers dans l’hypothèse d’interventions extra-terrestres ? La réponse fut déjà donnée par les cathares. S’il est vrai que le Mal a cherché à imiter le Bien, ce n’est pas pour devenir le Bien mais pour acquérir ses compétences et s’illusionner d’une puissance dont il n’a pas idée. Mais ce que le mal ignore, c’est que sa nature profonde est la Mal, donc quoi qu’il fasse cela tend toujours à une purification vers plus de mal et à l’expulsion de toute trace de bien, par ailleurs nécessaire à la poursuite de l’objectif initial. C’est ce que l’on illustre par l’histoire de la grenouille et du scorpion qui se trouvent acculés à une rivière par un incendie. Le scorpion demande à la grenouille de le porter sur son dos pour traverser la rivière et se mettre à l’abri, ce que refuse la grenouille craignant que le scorpion ne la pique mortellement alors. Ce dernier explique que ce n’est pas son intérêt et convainc la grenouille qui traverse la rivière avec le scorpion sur son dos. Au milieu de la rivière, le scorpion pique mortellement la grenouille qui, dans un dernier souffle s’étonne d’une attitude qui va les tuer tous deux. Et le scorpion ne peut lui répondre qu’une chose pour expliquer ce geste imbécile : « C’est ma nature ».

La double nature du Mal

Face à la nature du Bien qui est d’être parfait et omnipotent dans le Bien et de disposer de l’Être, cette permanence de réalité éternelle et immuable, le Mal ne connaît rien au Bien et ne peut que le Mal. Dépourvu d’Être il est donc néant total et absolu, et s’il a réussi une fois à s’arracher à son néant en emprisonnant des particules de Bien disposant de l’Être, sa nature le pousse à s’en débarrasser, ce qui le conduira à terme, quand sa création s’effondrera faute de disposer encore de Bien, à retourner à sa nature profonde, le néant d’Être.

Le Mal ne peut faire que du mal et ne comprend rien au Bien. On peut donc comprendre alors qu’un tel complot puisse exister puisqu’il est comme son fomenteur principal, imparfait et imbécile. Alors qu’importe les ridicules petits complots existant dans ce monde ou dans la tête de quelques uns qui laissent ainsi s’exprimer leur part mondaine au détriment de leur part spirituelle. Qu’il y ait ou non des complots, pour nous croyants cathares, le résultat sera le même, une fois la dernière parcelle de Bien évadée de cet enfer, cette création disparaîtra dans le néant absolu et nous seront tous réunis en un tout unique dans la sphère du Bien.

Éric Delmas – 27/01/2016

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