Communautés cathares d’aujourd’hui

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Communautés cathares d’aujourd’hui

À la veille de la première Rencontre de la diversité cathare je m’interrogeai ici-même des conséquences que cette première mise en commun de nos visions et compréhensions du catharisme aurait sur la mise en place d’une communauté de vie évangélique cathare.
Aujourd’hui je reprends ce travail à la lumière de la progression qu’à connu notre communauté ecclésiale. Bien entendu, ce que je considérais alors comme des fondamentaux n’a pas changé, mais il faut aussi admettre que l’expérience de ces quatre années de partage a fini par améliorer sensiblement l’appréhension que j’ai du sujet.

Pour qu’une communauté évangélique cathare viable et durable puisse s’installer et progresser il faut réunir plusieurs éléments indispensables à mon point de vue.

Tout d’abord, comme pour une plante quelconque, il est nécessaire de créer autour de la communauté évangélique un environnement qui lui permettra d’exister à la fois dans le cadre matériel mais surtout d’un point de vue spirituel. Cet environnement est constitué par la communauté ecclésiale.
Ensuite il faut que la communauté évangélique soit homogène, cohérente d’un point de vue doctrinal, acceptable par l’environnement humain où elle sera implantée et apte à se maintenir malgré ses choix de vie.
Enfin il faudra qu’elle soit justifiée tant par sa fonction interne visant à permettre à ses membres de progresser dans leur foi et dans sa mise en œuvre, que par sa fonction externe visant à proposer un exemple cohérent avec la doctrine cathare qui puisse servir de référence à l’ensemble de la communauté ecclésiale appelée, un jour ou l’autre, à la rejoindre.

La communauté ecclésiale

C’est devenu une évidence de dire que nulle communauté évangélique cathare ne peut exister sans un réseau constitué par la communauté ecclésiale cathare. Mais au-delà de cet axiome, comment doit-on considérer les choses ?
En raison de ses choix doctrinaux et de ses choix de vie qui en découlent, la communauté évangélique est beaucoup plus fragile que n’importe quelle autre communauté de vie existante aujourd’hui. Les communautés new age ou les communautés écologistes qui fleurissent ici ou là — encore que l’analyse montre que beaucoup disparaissent assez rapidement — sont considérées par leur entourage comme exotiques ou utopistes mais ne heurtent pas suffisamment les principes des personnes alentours pour justifier éventuellement une attitude agressive. Dans le domaine de la religion les choses sont plus sensibles, surtout s’il s’agit d’un élément s’intégrant à un ensemble commun (le christianisme).
Le fait pour la communauté évangélique qui fait le choix de n’exercer aucune violence d’être entourée d’une communauté ecclésiale qui pourra l’assister si besoin dans des démarches de défense vis-à-vis d’agressions extérieures ou de servir de relais dans une démarche contractuelle qu’elle ne pourrait effectuer, lui donne une meilleure stabilité et aide à son intégration. C’est un peu l’équivalent du tuteur vis-à-vis de l’adulte protégé.
La communauté ecclésiale est surtout la raison d’être de la communauté évangélique puisqu’elle lui fournit le réservoir de futurs membres et qu’elle participe à la vie spirituelle de la communauté évangélique.

La communauté évangélique

Si la communauté évangélique est fragile vis-à-vis de l’extérieur, elle l’est également en interne.
On ne se lance pas dans un tel choix de vie par hasard ou futilité. Il est donc essentiel que chacun soit pleinement conscient des engagements qu’il prend et des contraintes qui vont forcément se faire jour au fil du temps.
Un des écueils, surtout au début, serait qu’il y ait trop de différence entre les membres ce qui pourrait conduire certains à se voir supérieurs aux autres et, inversement, d’autres s’interdirait d’exister car se considérant comme indigne de se comparer aux premiers. Dans une communauté évangélique cathare tous les membres sont strictement égaux et les compétences des uns et des autres se compensent sans pour autant créer de compartimentation des activités qui verraient certains toujours astreints aux mêmes tâches pendant que d’autres s’en attribueraient d’autres. Tout le monde doit participer à tout et si des compétences très particulières se font jour, elles doivent être l’occasion d’apprentissage et non d’appropriation. C’est pourquoi les décisions susceptibles de façonner ou de modifier la vie communautaire doivent être prise à l’unanimité des membres, ce qui impose également de limiter le nombre de ces membres pour éviter la paralysie.
Il est également indispensable que la communauté soit cohérente d’un point de vue doctrinal. Or, à ce jour, nous n’avons pas de document de référence suffisamment détaillé pour permettre de calquer la vie communautaire sur ses préceptes.
Dans l’attente de la rédaction d’un tel ouvrage, qui pourrait être une des premières missions des membres de la première communauté, il faudra donc avancer pas à pas et tester les choix de vie pour vérifier leur cohérence doctrinale.
La communauté devra se faire accepter du mieux possible par le tissu humain et social environnant. Vivre sous le regard des voisins sera un des moyens de démontrer l’innocuité de notre choix de vie et bien entendu l’entretien de liens réguliers et d’échanges seront des outils qui démontreront que le choix spirituel n’est pas un danger pour l’ensemble de la société. Dans le même esprit l’implantation devra essayer d’^être la plus proche possible d’un village afin de ne pas sembler chercher l’isolement souvent considéré comme une des démarches sectaires mais pas trop important, du moins au début, afin de ne pas avoir trop de voisins ce qui augmenterait le risque d’y trouver des opposants virulents.
Bien entendu les choix de vie de la communauté ne devront pas être de nature à choquer les voisins.
Le choix de vie évangélique exclut la propriété et demande une pauvreté choisie. Or, le monde qui nous entoure n’est pas stable et l’avenir laisse présager des risques d’augmentation importante de certains coûts. Sans rechercher l’autarcie absolue, difficile à obtenir et susceptible de favoriser le renfermement, il faudra essayer d’accéder à une autarcie partielle qui permettra de lisser les variations financières des coûts à venir faute de pouvoir les absorber financièrement.

L’exemplarité et la spiritualité

Une communauté ecclésiale mène deux missions, celle qui vise à permettre à ses membres d’atteindre un développement spirituel susceptible de leur donner accès à l’état de détachement et d’ataraxie qui leur permettra au moment venu de réussir leur fin en ce monde et celle qui vise à rendre à la communauté ecclésiale un peu de ce qu’elle donne au quotidien à la communauté évangélique.
Si la part relative à la spiritualité des membres de la communauté évangélique dépend de leurs choix unanimes, la seconde partie ne peut se faire sans y impliquer les croyants.
Une communauté évangélique est forcément considérée comme un exemple de l’idéal de vie que les croyants espèrent pouvoir atteindre un jour et il est donc nécessaire que cet exemple soit positif, ce qui implique de la part des résidents une constante attention à l’exemple qu’ils donnent aux croyants, tant dans leurs choix et leurs actions que dans leurs relations internes qui déteindront forcément sur cette image.
L’autre attente des croyants vis-à-vis de la communauté évangélique est la mise en place d’une activité spirituelle ouverte sur la communauté ecclésiale. Cela passe par l’organisation de temps d’accueil et de partage, tant dans le domaine rituel (méditations communes, Melhorer, etc.) que dans les temps de vie (partage du pain, retraite spirituelle, etc.).
Il faudra donc que la communauté ecclésiale s’organise pour permettre l’accueil des croyants qui le désireront et pour organiser un lieu propice aux pratiques rituelles qui soit accessibles aux croyants.

Conclusion

Bien entendu un tel sujet ne peut être exploré en un seul article. Mais je voulais simplement tracer les grandes lignes qui, à mon avis, doivent accompagner un tel projet. Cela devrait nous amener à voir les choses globalement en recherchant le plus grand dénominateur commun, même si cela retarde un peu le projet, plutôt que de chercher des accords réduits ou accepter des désaccords larvés pour espérer se contenter du plus petit dénominateur commun. En effet, dans ce dernier cas, l’échec est non seulement garanti mais il obérerait pour longtemps la reprise d’un tel projet.

Éric Delmas, le 23 septembre 2013.

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