Traité cathare anonyme – 14 – 15 – 16 – 17

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Traité cathare anonyme

Retrouvé dans le Liber contra Manicheos de Durand de Huesca, vaudois converti au catholicisme, ce traité — dont il ne reste que des extraits — est d’autant plus intéressant que ce moine catholique déploie de grands efforts pour tenter de le réfuter. Entièrement construit à partir de références scripturaires, ce traité comporte très peu de commentaires de l’auteur, ce qui le rend d’autant plus utile pour valider sa démonstration. L’auteur de ce traité serait Barthélémy de Carcassonne qui aurait pu être un représentant en Languedoc d’un haut dignitaire cathare de Bosnie. Ce document semble être un outil préparé en vue de controverse ou d’enseignement et utilisant les sources scripturaires afin de conforter la doctrine cathare dyarchienne.

Le présent document est une traduction de René Nelli publié dans le recueil « Écritures cathares » publié par les éditions du Rocher dans une édition actualisée et augmentée par Anne Brenon en 1995. Pour respecter le droit des auteurs je ne vous livrerai ni la préface, ni les notices que vous trouverez dans le livre. J’espère qu’en ne publiant que la traduction je ne causerai aucun tort à personne et je permettrai à tous d’accéder à cet ouvrage essentiel à la compréhension de la doctrine cathare.

Chapitre XIV

« Au sujet de la bonne création, l’Apôtre déclare aux Hébreux : « Celui qui est le créateur de toutes choses est Dieu » (Hébr., 3,4). Et Salomon : « Celui qui vit éternellement a créé également toutes choses » (Eccli., 18, 1). L’Apôtre dit aux Colossiens : « Car toutes choses ont été créées par Lui, tant celles du ciel que celles de la terre, les visibles et les invisibles ; soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés, soit les puissances, tout a été créé par Lui et pour Lui. Il est avant toutes choses, et elles subsistent toutes en Lui, etc. » (Col., 1, 16-17). Que cela ait été dit des choses spirituelles, il n’y a pas à hésiter là-dessus, puisque l’Apôtre précise : « Soit les trônes, etc. » Et que ce soient les mêmes choses qui sont qualifiées de visibles et d’invisibles, cela ressort avec évidence des paroles de l’Apôtre lui-même, puisqu’il dit : « Car les perfections invisibles de Dieu sont devenues visibles depuis la création du monde, par la connaissance que ses créatures nous en donnent ; et aussi sa puissance éternelle et sa divinité » (Rom., 1, 20) »
Et dans l’Évangile : « Toutes choses ont été faites par lui et sans lui rien n’a été fait » (le nihil a été fait) (Jean, 1, 3-4). Ce qui prouve que Jean a voulu parler des choses spirituelles et bonnes ; c’est qu’il ajoute tout de suite après : « Ce qui a été fait en Lui était la Vie » (Jean, 1, 4). »

Mon commentaire :
L’auteur arrive à montrer que les citations les plus apparemment mondaines peuvent être lues dans le sens spirituel. La citation de la lettre aux Colossiens pouvait laisser entendre qu’il s’agissait du maître de ce monde, malgré des références à son éternité. En fait, l’auteur nous montre qu’il s’agit bien de Dieu, malgré des références anthropomorphiques évidentes. L’élément majeur est le fait que les choses invisibles sont rendues visibles à nos yeux par l’information donnée depuis la création du monde. Cela fait référence à la connaissance acquise par Adam et Ève lorsqu’ils ont touché au fruit défendu.

« Ce sont encore les bonnes créatures que Paul veut désigner par ces paroles : « Car tout ce que Dieu a créé est bon » (I Tim., 4,4). Si toute créature de Dieu est bonne ; si le monde, comme certains le prétendent, est la création de Dieu, ainsi que tout ce qu’il comprend, pour quelle raison serait-il défendu de les aimer ? Or, Jean nous défend de les aimer. Si, donc, il ne faut pas aimer le monde, s’il ne faut pas aimer les choses qui s’y trouvent, il ne faut pas dire qu’ils sont de Dieu. Car tout ce qui vient de Dieu est bon et doit donc être aimé. Ce monde présent n’est-il pas le monde visible ? Qu’appelle-t-on « le monde », sinon le ciel, la terre, l’air, la mer et tout ce qu’ils renferment ?
Mais tout ce qui est dans ce monde n’est-t-il pas « concupiscence de la chair et concupiscence des yeux ? » (I Jean, 2, 15-16). Que peut convoiter l’œil, sinon ce qu’il voit ? Et qu’est-ce qui peut être vu sinon le visible ?
Ô savants dépourvus d’intelligence, « qui vous a ensorcelés, pour que vous soyez ainsi fermés à la vérité ? » (Gal., 3, 1).
« Ô vous, pleins de toute sorte d’artifice et de malice, enfants du Diable » (Act, 13, 10), « ennemis de la croix du Christ » (PhiL, 3, 18) et de toute justice, pourquoi ne cessez-vous pas de résister à la vérité ? « Aveugles conducteurs d’aveugles », (Matth., 15, 14) que peut-on trouver de plus clair dans les divines Écritures ? Mais pourquoi me fatiguerais-je plus longtemps à admonester des hérétiques ? N’ai-je pas été instruit de ce que le Christ est venu pour le jugement, afin que vous, qui avez des yeux, ne voyiez pas, et vous, qui avez des oreilles, n’entendiez pas ?[1]
« Je le sais bien » Et c’est pourquoi je désespère de votre conversion. »

Mon commentaire :
L’auteur nous explique que nous sommes trop fermés à la vérité pour comprendre des choses essentielles et que nous en restons aux apparences. Au lieu de comprendre que ce monde n’est pas de Dieu, comme le montrent les écritures, nous nous fions aux seules apparences de la visibilité. Or, cela vient de nous être montré, il y a l’apparence de visibilité que nous donnent nos sens et la vraie visibilité que nous donne l’accès à la connaissance spirituelle.

Chapitre XV

« Mais que du moins ceux d’entre vous — ainsi aveuglés et enfermés dans le péché — qui ont encore des oreilles pour entendre, entendent ce que l’Esprit dit des bonnes créatures, qui sont absolument celles de Dieu. Il dit, en effet, dans les Psaumes : « Le Seigneur a affermi le monde, et le monde ne sera point ébranlé » (PS. 92,1). Au sujet de ce monde, l’Apôtre a déclaré aux Hébreux : « Que Dieu ne l’a pas soumis aux Anges, mais au Christ, son fils, qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a même créé les siècles » (Hébr., 1, 2). De cette même terre, l’Apôtre dit encore, s’appuyant sur la prophétie du Psalmiste David : « C’est vous (dit-il), Seigneur, qui, au commencement du monde, avez affermi la terre » (Hébr., 1, 10). C’est dans cette terre (divine) que le même Prophète, placé sur notre terre-ci de misère et de ténèbres, souhaitait voir les biens du Seigneur dans la terre des vivants (PS. 26, 13). Il montrait par là que les biens du Seigneur ne peuvent être vus de façon totale que sur la terre des vivants. Et le même dit ailleurs : « J’ai crié vers vous. Seigneur, j’ai dit : vous êtes mon espérance et mon partage dans la terre des vivants » (PS. 141, 6). Et encore : « Que votre esprit, qui est bon, me conduise en cette terre de rectitude ! » (PS. 142,10) ; et à nouveau : « C’est au Seigneur qu’appartient la terre avec tout ce qu’elle contient ; l’univers et tous ceux qui l’habitent » (PS. 23, 1).
Il ne paraît pas possible que ces paroles s’appliquent à la terre dont David lui-même, s’identifiant au peuple d’Israël, déclare : « Comment pourrions-nous chanter les cantiques du Seigneur dans une terre étrangère ? » (PS. 136, 4) — ni à ce monde où habitent plus de maux que de biens et où « les rois de la terre se sont élevés et se sont ligués contre le Seigneur et contre son Christ », comme le prophétise David (PS. 2, 2). Il est donc évident que les rois et les princes, et les pharisiens, et tous ceux qui conspirent contre le Seigneur et contre son Christ, ne sont pas de Lui, puisque le Christ a dit : « Celui qui n’est point avec moi est contre moi » (Luc, 11, 23) ; et encore : « Ce qui fait que vous n’entendez pas mes paroles, c’est que vous n’êtes point de Dieu » (Jean, 8, 47). S’ils n’étaient pas de Dieu, ils n’habitaient pas le monde de Dieu. Mais les Juifs qui n’écoutaient point la parole du Seigneur, n’habitaient-ils pas ce monde ? En vérité, ils l’habitaient. Par conséquent, ce monde ci n’est pas celui dont le Prophète a parlé ; cette terre et tout ce dont elle est pleine ne paraissent pas pouvoir appartenir au Seigneur — puisque le péché y règne plus que le Bien — mais, tout au contraire, semblent appartenir au diable. Mais de cette terre dont David a parlé, et qui est vraiment du Seigneur, le Christ a dit lui-même : « Heureux ceux qui sont doux, parce qu’ils posséderont la terre » (Matth., 5, 4). C’est d’elle aussi que Job a dit : « Ses pierres sont des saphirs, et son sable est de la poudre d’or » (Job, 28, 6). »

Mon commentaire :
L’auteur poursuit son analyse et en tire la conclusion qu’il y a bien deux créations appelées également monde. Mais l’un est de Dieu et l’autre non. Or, nous sommes apparemment vivants sur celle qui n’est pas de Dieu et l’autre qui nous est réservée est plus grande que la première. C’est une vision humaine de la création spirituelle qui nous contient alors même que nous sommes aussi enfermés dans la création maléfique qui nous retient.

Chapitre XVI

« Et dans Ézéchiel, le Seigneur déclare : « Car je vous retirerai d’entre les peuples, je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous ramènerai dans votre terre » (Ézéch., 36, 24), terre dont Job dit que « ses pierres sont des saphirs, et son sable une poudre d’or » (Job, 28, 6). De nouveau, encore, Ézéchiel : « Assur est là avec tout son peuple ; les sépulcres de ses gens sont autour de lui ; ils ont tous été tués, ils sont tous tombés par l’épée. Ils ont été ensevelis au plus profond de l’abîme, et tout son peuple est autour de son sépulcre ; toute cette foule de morts qui ont péri par l’épée, qui autrefois avaient répandu la terreur dans la terre des vivants. Là est Élam et tout son peuple autour de son sépulcre ; toute cette foule de morts qui ont été passés au fil de l’épée, qui sont descendus incirconcis aux lieux les plus bas de la terre, eux qui avaient répandu la terreur dans la terre des vivants… Là est Mosoch, là est Thubal et tout son peuple, et leurs sépulcres sont autour de lui. Tous ceux-là sont des incirconcis, qui sont tombés sous l’épée, parce qu’ils avaient répandu la terreur sur la terre des vivants. Ne dormiront-ils point avec ces braves d’entre les incirconcis qui sont descendus dans l’enfer avec leurs armes, dont les épées ont été mises sous leurs têtes, mais dont les iniquités ont pénétré jusque dans leurs os, parce qu’ils étaient devenus la terreur des âmes fortes dans la terre des vivants… » (Ézéch., 32, 22, 24). Et un peu plus loin : « Là sont tous les princes de l’Aquilon et tous les hommes violents qui y ont été conduits avec ceux qui ont été tués, étant tous tremblants et tout confus malgré leur fierté. Ils sont morts incirconcis avec ceux qui avaient péri par l’épée ; et ils ont porté leur confusion avec ceux qui descendent au fond de la fosse… » (Ézéch., 32,26-27). « Pharaon les a vus et il s’est consolé de la foule de tout son peuple qui a été tué par le tranchant de l’épée. Pharaon les a vus avec toute son armée, dit le Seigneur notre Dieu, parce qu’il a porté la terreur dans la terre des vivants » (Ézéch., 34, 12-13).
Et il est dit encore : « Comme vous m’avez abandonné pour adorer un dieu étranger dans votre propre pays, ainsi vous serez assujettis à des étrangers dans une terre étrangère » (Jér., 5, 19).
Le voilà le dieu étranger, la voilà notre terre, et voilà celle qui n’est pas la nôtre. Celle dont parle le Seigneur dans le même texte : « Ainsi je rechercherai mes brebis, et je les délivrerai de tous les lieux où elles avaient été dispersées dans les jours de nuages et d’obscurité. Je les retirerai d’entre les peuples, je les rassemblerai de divers pays, je les ferai revenir dans leur propre terre » (Ézéch., 34,12-13). C’est de cette terre que le Seigneur dit dans Isaïe : « La terre est mon marchepied » (Is., 66, 1), et encore : « C’est moi qui ai fait la terre et qui ai créé l’homme pour l’habiter » (Is., 45, 12) ; et ailleurs : « Car je m’en vais créer une terre nouvelle » (Is., 66, 1).
C’est de cette terre qu’il est encore écrit, ailleurs, dans Isaïe : « Que la terre s’ouvre et qu’elle fasse germer le Sauveur » (Is., 45, 8). Et le Sauveur dit par la bouche du Prophète Jérémie : « C’est moi qui ai fait la terre, les hommes et les bêtes qui sont sur toute la face de la terre, et je l’ai donnée à qui il m’a plu… » (Jér., 27, 5). »

Mon commentaire :
L’auteur insiste sur le fait que la terre promise par Dieu n’est pas ici, car elle ne correspond pas à la description qu’en fait Job et parce qu’elle est une terre où sont tombés et demeurent ceux qui ont porté la terreur et sont morts violemment. La terre où nous sommes est le résultat de l’exil qui résulte de notre abandon de Dieu au profit d’un imposteur, ainsi que le dit Jérémie. Mais notre terre nous attend et nous y reviendrons comme le dit Ézéchiel. Il y a donc erreur et confusion à considérer la terre du monde où nous vivons comme celle créée par Dieu ; en fait c’est une autre terre qu’il a créée pour nous.

Chapitre XVII

« Et comme nous avons rapporté des témoignages suffisants de la « Terre bonne » que Dieu a créée dans le commencement, nous allons maintenant, dans la mesure où Dieu lui-même nous les a préparés, en fournir de nombreux et de véritables, concernant les cieux, dans lesquels la Justice habite et où Dieu a jugé bon de placer sa résidence. Car c’est le Père lui-même qui dit : « Le ciel est mon trône » (Act., 7,49) ; et le Fils, dans l’Oraison : « Notre Père qui êtes aux cieux. » Et le Père de nouveau, dans Isaïe : « Car comme les cieux nouveaux et la terre nouvelle que je vais créer, subsisteront toujours devant moi, ainsi subsistera votre nom » (Is., 66, 22). Et Pierre, dans l’Épître : « Car nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la Justice habitera » (II Petr., 3,13). Et le Seigneur, par son prophète : « C’est moi dont les mains ont étendu les cieux et qui ai donné des ordres à toute la milice des astres » (Is., 45, 12) ; et encore, dans le même texte : « Car je vais créer un nouveau ciel » (Is., 65,17), et une autre fois : « Cieux, écoutez, et toi, terre, prête l‘oreille » (Is., 1,2). David dit au Seigneur : « Les cieux sont l‘ouvrage de vos mains » (PS. 101,26).
Mais, comme ils sont nombreux, ceux qui, par suite de l’aveuglement de leur cœur, soutiennent que ces paroles s’appliquent aux cieux présents, parce que le Prophète ajoute : « Ils périront », nous qui ne produisons d’arguments qu’en nous fondant sur le « bon trésor » de notre cœur, affirmons qu’il est plus vrai et vraisemblable de dire qu’il s’agit de cieux meilleurs et qui ne défaudront absolument pas. Car des présents cieux Pierre a dit : « Les cieux et la terre d’à présent sont gardés avec soin par la même parole et sont réservés pour être brûlés par le feu au jour du Jugement et de la ruine des impies » (II Petr., 3, 7). Et le même dit un peu plus loin : « Le jour du Seigneur viendra comme fait un larron, et alors, dans le bruit d’une effroyable tempête les cieux passeront, les éléments embrasés se dissoudront et la terre sera brûlée avec tout ce qu’elle contient » (II Petr., 3, 10). « Puis donc que toutes ces choses doivent périr, quels devez-vous être, par la sainteté de votre vie et par les exercices de la piété ? attendant et comme hâtant par vos désirs l‘événement du jour du Seigneur, où l‘ardeur du feu dissoudra les cieux et fera fondre tous les éléments » (II Petr., 3, 10-12).
C’est encore de ces mêmes cieux que le Seigneur dit par la bouche du Prophète : « Le ciel disparaîtra comme la fumée » (Is., 51,6). Et le Christ, c’est bien de la création présente qu’il a dit : « Toute plante que mon Père céleste n’a point plantée sera arrachée » (Matth., 15, 13). Si toute plante, sans exception, que le Père n’a point plantée, doit être arrachée, c’est donc que celle que le Père a plantée ne pourra pas être arrachée. Comment croire, dès lors, que ces paroles s’entendent des cieux qui ont été faits par la main de Dieu, puisque toutes les œuvres de Dieu perdurent dans l’Éternité ? C’est, d’ailleurs, des cieux qui sont l’œuvre des mains de Dieu que David déclare qu’ils périront, puis qu’ils vieilliront, enfin, qu’ils seront transmués (PS. 101, 26-27) ; ce qui ne peut s’appliquer aux cieux présents dont le Seigneur lui-même et Pierre ont parlé plus haut. Les cieux présents, quand ils auront passé dans une grande tempête, et qu’ils auront péri embrasés, et qu’ils seront dissipés comme une fumée, on ne peut penser d’eux qu’ils vieilliront et qu’ils seront changés, après avoir vieilli.
Mais les cieux qui doivent « périr » sont ceux dont le Seigneur dit par la bouche d’Isaïe : « Cieux, écoutez ; et toi, terre, prête l’oreille » (Is., 1, 2). Ces cieux-là ont des oreilles pour entendre. Car s’ils ne pouvaient entendre, le Seigneur ne leur dirait pas : écoutez. C’est bien de ceux qui ont péri, que l’Apôtre dit dans la première Épître aux Corinthiens : « L’ange exterminateur les fit périr » (I Cor., 10, 10). Et le Seigneur, dans Ézéchiel : « J’irai chercher ce qui était perdu » (Ézéch., 34, 16). Et le même, alors qu’il le cherche, dit : « Le fils de l’Homme est venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu » (Luc, 19, 10). Et ailleurs, à ses disciples : « N’allez point vers les Gentils ; n’entrez dans aucune ville de Samaritains, mais allez plutôt aux brebis de la maison d’Israël qui sont perdues » (Matth., 10, 5-6). Le même déclare encore : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis de la maison d‘Israël qui sont perdues » (Matth., 15, 24). C’est de ces brebis, recouvrées, qu’il est écrit dans les psaumes : « Les cieux racontent la gloire de Dieu » (PS. 18, 2). Il y est dit encore : « Le ciel le plus élevé est pour le Seigneur » (PS. 113, 16), et à nouveau : « Cieux des cieux, louez le Seigneur ! » (PS. 148, 4).
Mais que ceux qui auront péri auront d’abord vieilli, c’est ce que nous lisons dans Jérémie : « Ô Israël, pourquoi avez-vous vieilli dans une terre étrangère ? » (Bar., 3,11). David, parlant au nom de tout Israël, dit également : « J’ai vieilli au milieu de tous mes ennemis » (PS. 6, 8).
Enfin, qu’ils soient changés, c’est ce que dit l’Apôtre aux Corinthiens : « Nous ressusciterons tous, mais nous ne serons pas tous changés » (I Cor., 15,21) et il dit encore : « Les morts ressusciteront en un état incorruptible, nous autres nous serons changés » (I Cor., 15, 52). Et « ce changement est un changement à la droite du Très-Haut » (PS. 76, 11).

Mon commentaire :
L’auteur parachève sa démonstration de deux créations en montrant que les cieux également sont de deux natures différentes. Il s’appuie sur les prophètes, mais mieux que tout, il s’appuie sur l’Oraison donnée par Jésus aux disciples. Les hommes, qu’ils soient déjà morts au moment voulu ou qu’ils soient encore vivants, auront droit à ces cieux et à cette terre mais pas en l’état où ils sont ici-bas. Ils seront transformés. Comment ne pas voir dans cette explication l’idée que le corps qui nous est donné ne vient pas de Dieu et que nous devront revêtir une autre apparence quand sera venu le temps de retourner auprès de Dieu ?


[1] Cf. Act, 28,26 ; et aussi l’« idole » dont parle saint Augustin (Soliloques, V) « qui a des yeux et qui ne voit point, etc. ».

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