Évangile selon Jean – Chapitre 2

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON JEAN

Chapitre II

1 – Le troisième jour il y eut une noce à Cana de Galilée et la mère de Jésus y était.
2 – Jésus aussi fut invité à la noce avec ses disciples.
3 – Le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin.
4 – Jésus lui dit : Qu’importe, femme ? ce n’est pas encore mon heure.
5 – Sa mère dit aux serviteurs : Faites ce qu’il vous dira.

Mon analyse :
Ce passage montre le rapport de Jésus à Marie. Cette dernière semble très prudente dans son propos, se contentant de relater un fait : « Ils n’ont plus de vin ». Jésus lui répond d’une façon un peu brutale apparemment. Il ne lui dit pas Mère mais Femme. Ce faisant il indique le peu de cas qu’il fait des liens supposés du sang mais on peut aussi y voir autre chose. Car en lui précisant que son heure n’est pas venue, il donne deux indications. D’abord Marie est au courant de la mission de Jésus puisqu’elle est censée comprendre ce qu’il veut dire par là et, ensuite, elle n’est pas dans une position matriarcale vis-à-vis de lui mais plutôt dans un rapport de subordination, non sexuelle comme le mot Femme pourrait le laisser voir et comme il était coutumier dans cette société humaine, mais d’une certaine façon, hiérarchique. Il lui rappelle en quelque sorte la feuille de route. Cela est assez cohérent avec l’idée que Marie serait là pour assister Jésus dans sa mission. Mais, comme elle semble être relativement soumise aux contingences de ce monde, on peut imaginer qu’elle n’est pas même nature que lui, contrairement à ce que certains semblaient en dire quand ils imaginait que le Christ était venu en mission accompagné de deux anges, Marie et Jean l’évangéliste. Pour autant la dernière phrase montre chez Marie un haut degré de connivence avec Jésus. Elle ne tient pas compte de sa remarque car elle sait qu’il va agir.

6 – Il y avait là, pour les purifications des Juifs, six urnes de pierre contenant chacune deux ou trois mesures.
7 – Jésus leur dit : remplissez d’eau les urnes. Et ils les remplirent jusqu’en haut.
8 – Il leur dit : Puisez maintenant et portez-en au chef. Ils en portèrent.
9 – Quand le chef goûta l’eau devenue du vin, il ne sut pas d’où il provenait, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient. Le chef appelle le marié
10 – et lui dit : On donne d’abord le bon vin et, quand ils sont ivres, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon jusqu’à présent.
11 – Jésus fit ce premier signe à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire et ses disciples se fièrent à lui.

Mon analyse :
Bizarrement, Jésus semble céder à la demande de sa mère et modifie son plan en accédant à la demande d’aide. Mais, est-ce vrai ou bien Marie n’est-elle pas là pour participer à la coordination de l’action de Jésus ? Pour lui ce repas de noces est un passage obligé qui interfère presque avec son programme ; pour elle il s’agit d’une occasion de manifester sa gloire.

12 – Après quoi il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples et ils y demeurèrent peu de jours.
13 – La Pâque des Juifs était proche et Jésus monta à Jérusalem.

Mon analyse :
On a le sentiment de déplacements très longs, même en considérant la résistance à la marche des gens de l’époque. De là à penser que ces trajets ont été un peu regroupés pour les besoins de la cause visant à faire de l’activité de Jésus quelque chose de condensé pour en renforcer la valeur, il n’y a qu’un pas. Le trajet jusqu’à Cana est d’environ 125 kilomètres et Capharnaüm, au nord du lac de Tibériade est assez proche de Cana mais à plus de 150 km de Jérusalem.

14 – Il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes, et changeurs installés.
15 – Faisant un fouet avec des cordes, il les expulsa tous du temple, et les brebis et les bœufs, et il renversa la monnaie des changeurs et retourna leurs tables.
16 – Et il dit aux vendeurs de colombes : Enlevez cela d’ici, ne faites pas de la maison de mon père une maison de négoce.
17 – Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : Le zèle de ta maison me dévore.

Mon analyse :
Cette version est une des moins violente de celles qui nous sont parvenues. Je note que Jésus chasse manuellement les vendeurs d’offrandes les plus chères (bœufs et brebis) ainsi que ceux qui manipulent directement l’argent mais qu’il se contente du raisonnement pour faire partir ceux qui vendent les offrandes modestes (colombes) aux plus pauvres. Ce faisant, ce n’est pas seulement aux vendeurs qu’il s’en prend mais à la classe sacerdotale des lévites et des prêtres qui sont rémunérés exclusivement par une part prise sur les ventes des offrandes. On comprend pourquoi les cathares attachaient de l’importance à gagner eux-mêmes leur subsistance et à ne pas dépendre d’une forme quelconque de mendicité. En supprimant le recours à l’argent, il replace la prière simple et personnelle au centre de la relation spirituelle.

18 – Alors les Juifs lui demandèrent : Quel signe nous montres-tu pour agir de la sorte ?
19 – Jésus leur répondit : Défaites ce sanctuaire, et dans trois jours je le relèverai.
20 – Les Juifs lui dirent : Voilà quarante-six ans qu’on bâtit ce sanctuaire, et toi, tu le relèves dans trois jours ?
21 – Mais il parlait du sanctuaire de son corps.
22 – Quand il fut relevé d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il en avait parlé et ils se fièrent à l’écriture et à la parole que Jésus avait dite.
23 – Comme il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup virent les signes qu’il faisait et se fièrent à son nom.
24 – Mais Jésus, pour sa part, ne se fiait pas à eux, car il les connaissait tous.
25 – Il n’avait pas besoin de témoignage sur l’homme, car il savait ce qu’il y a dans l’homme.

Mon analyse :
Cet épisode semble plus là pour rattacher Jésus à la tradition juive qu’autre chose. Par contre, il est clair que les disciples ne sont pas plus avisés que les autres Juifs. Ils ne comprennent les paroles de Jésus que a posteriori.

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