Première lettre de Paul aux Corinthiens – 1

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Lettre aux Corinthiens

Chapitre 1

NT Lyon 1 Corinthiens1 – Paul, appelé par la volonté de Dieu apôtre de Jésus Christ, et le frère Sosthène,
2 – à l’église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui sont sanctifiés dans le christ Jésus, appelés à la sainteté avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de Jésus Christ, leur seigneur et le nôtre.
3 – À vous, grâce et paix de Dieu notre père et du seigneur Jésus Christ.
4 – Je rends grâces continuellement à Dieu à votre sujet pour la grâce que Dieu vous a donnée par le christ Jésus,
5 – car il vous a en tout enrichis, en toute parole et en toute science,
6 – selon que le témoignage du Christ a été confirmé en vous,
7 – de sorte que vous n’êtes privés d’aucun don, vous qui attendez le dévoilement de notre seigneur Jésus Christ.
8 – Et lui vous confirmera jusqu’à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre seigneur Jésus.
9 – Fidèle est le Dieu qui vous a appelés à être associés à son fils Jésus Christ notre seigneur.

Mon analyse :
Paul a déjà visité la communauté de Corinthe, capitale de l’Achaïe en Grèce, quelques années auparavant. Installé à Éphèse, il reçoit des messagers porteurs de nouvelles inquiétantes. Les mœurs relâchées qui prédominent à Corinthe semblent avoir touché les membres des communautés évangélisées par Paul. Corinthe est une ville de passage et de mélange entre les cultures romaines et grecques et semble être également un lieu de croisement de prédicateurs divers. Paul ajoute Sosthène à sa salutation. C’est un proche puisqu’il l’appelle frère. Il est possible qu’il l’ait accompagné à Corinthe et soit connu de la communauté.

10 – Je vous exhorte, frères, par le nom de notre seigneur Jésus Christ à parler tous le même langage et à ne pas avoir entre vous de dissensions, mais soyez unis par la même pensée et par le même dessein.
11 – Car ceux de Chloé m’ont fait savoir à votre sujet, mes frères, qu’il y a des querelles parmi vous.
12 – Je veux dire que chacun de vous dit : moi je suis de Paul et moi d’Apollos et moi de Képhas et moi du Christ.
13 – Est-ce que le Christ est partagé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été immergés ?
14 – Je rends grâces de n’avoir immergé aucun de vous, à part Crispus et Gaïus ;
15 – ainsi personne ne peut dire que vous avez été immergés en mon nom.
16 – J’ai bien immergé aussi la famille de Stéphanas. Pour le reste, je ne sache pas que j’aie immergé quelqu’un d’autre.
17 – Le Christ ne m’a pas en effet envoyé immerger mais évangéliser, et sans cette sagesse de langage qui rendrait vaine la croix du Christ.
18 – Le langage de la croix en effet est stupidité pour ceux qui périssent mais, pour nous qui sommes sauvés, il est puissance de Dieu,
19 – car il est écrit : Je perdrai la sagesse des sages et rejetterai la prudence des prudents.

Mon analyse :
Paul constate que des courants de pensée différents sont apparus au sein de la communauté. Cela est cause de conflits internes. Il y a au moins un groupe resté fidèle à Paul, ceux de Chloé, un autre qui se réfère à Apollos, un qui se rattache à Képhas — c’est-à-dire Pierre — et un dont le prédicateur se dit rattaché directement à Christ. Paul, qui se sent en situation d’infériorité en raison de son éloignement, fait le choix de ne pas attaquer directement les contradicteurs. Il fait œuvre d’humilité en montrant qu’il n’est pas une référence mais que seul Christ doit être le but de tous. Il rappelle que son rôle se limite à l’évangélisation, c’est-à-dire à la transmission de la bonne nouvelle, le commandement de Christ. Peut-être y a-t-il parmi les critiques des personnes qui nient la portée symbolique de la croix, telle que Paul l’explique. Ceux qui se réclament de Pierre, doivent certainement adopter l’approche judéo-chrétienne du sacrifice. Paul est très fort car il sépare ceux qui ne voient pas dans la croix un message, en l’occurrence la fin de la loi mosaïque, dont il dit qu’ils périssent, et ceux qui y voient la puissance de Dieu, qui eux sont sauvés.

20 – Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas rendu stupide la sagesse du monde ?
21 – Puisque la sagesse de Dieu est que le monde ne connaisse pas Dieu par sagesse, c’est par une prédication stupide que Dieu a trouvé bon de sauver ceux qui ont foi.
22 – Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs cherchent une sagesse,
23 – nous autres, nous prêchons un christ crucifié, embûche pour les Juifs et stupidité pour les nations,
24 – un christ puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour les appelés, Juifs ou Grecs ;
25 – car la stupidité de Dieu est plus sage que les hommes et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.

Mon analyse :
Paul dénie à quiconque une intelligence supérieure. Il rappelle que maintenant ce n’est plus par la sagesse qui est à la fois celle du monde grec et celle de la loi mosaïque que Dieu s’est fait connaître, mais par la croix qui apparaît à ces deux cultures comme la pire des choses, une stupidité ! Peut-être que Paul combat ici deux courants de pensée différents. Le premier serait celui de Jacques, ce courant qui se réfèrerait directement au Christ en arguant de la proximité charnelle de Jacques avec Jésus. Le second serait celui de Pierre, que Paul appelle volontairement Képhas, comme si sa conversion était douteuse, de la même façon que les judéo-chrétiens appelleront Paul Saül. Ce groupe, issu de la diaspora grecque serait à rapprocher de la lecture philosophique des écritures. Enfin, un dernier groupe, celui qui se réfère à Apollos, n’est pas cité dans ceux qui ont fauté vis-à-vis de la sagesse de Dieu. On ne remarque aucune mention de Jean, ce qui donne à penser qu’il n’y a pas de groupe johannique au sein des disciples.

26 – Regardez-vous donc, frères, vous les appelés : il n’y a pas parmi vous beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.
27 – Mais Dieu a choisi ce qu’il y a de stupide dans le monde pour faire honte aux sages, et Dieu a choisi ce qu’il y a de faible dans le monde pour faire honte à ce qu’il y a de fort,
28 – et Dieu a choisi ce qu’il y a de vil dans le monde et de méprisé, ce qui n’existe pas, pour abolir ce qui existe,
29 – afin que nulle chair ne se vante devant Dieu.
30 – Or c’est par lui que vous êtes en Jésus Christ qui, grâce à Dieu, est devenu pour nous sagesse, justice, sanctification et rachat,
31 – afin, comme il est écrit : Que celui qui se vante se vante du Seigneur.

Mon analyse :
Paul insiste sur la valeur de la faiblesse et du manque d’instruction car il doit se sentir moins compétent que d’autres pour faire passer son message. Là, nous pouvons peut-être voir le début d’une critique d’Apollos qui était réputé grand prédicateur. J’ajoute que la diversité d’approches religieuses de Corinthe était si répandue qu’il est possible qu’un des premiers « Gnostiques » qui sont cités s’appelle Cérinthe, nom vraisemblablement dérivé par les transmissions linguistiques de Corinthe. Ce Cérinthe, d’après plusieurs chercheurs, ne serait personne d’autre qu’Apollos et pourrait être l’auteur de l’évangile attribué à Jean.

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