Actes des apôtres – Chapitre 28

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Actes des apôtres

Chapitre 28

1 – Une fois sauvés, nous avons reconnu que l’île s’appelait Malte.
2 – Et les barbares nous ont témoigné une humanité peu commune, car ils nous ont reçus auprès d’un feu qu’ils avaient allumé à cause de la pluie qui tombait, et à cause du froid.
3 – Paul avait réuni une quantité de bois mort qu’il posait sur le feu, quand la chaleur en a fait sortir une vipère qui s’est accrochée à sa main.
4 – Quand les barbares ont vu la bête pendue à sa main, ils se sont dit les uns aux autres : Cet homme est évidemment un meurtrier : il s’est sauvé de la mer, la Justice ne le laisse pas vivre.
5 – Il a donc secoué la bête dans le feu et n’en a souffert aucun mal,
6 – alors qu’eux s’attendaient à ce qu’il enfle ou que soudain il tombe mort. Après avoir beaucoup attendu et, remarquant qu’il ne lui arrivait rien d’anormal, ils ont changé d’avis et dit que c’était un dieu.

Mon analyse :
Là encore, les faits qui nous sont contés donnent l’impression de valoriser Paul puisqu’il survit miraculeusement. Cependant, le message caché est plus pernicieux. Si Paul est attaqué c’est parce qu’il est un grand malfaiteur et s’il survit à un serpent ce peut être parce qu’il est d’essence divine, mais le serpent étant considéré comme une créature diabolique, il est lui-même diabolique.

7 – Dans les environs, il y avait des domaines appartenant au Premier de l’île ; il s’appelait Publius. Il nous a reçus et nous a aimablement logés pendant trois jours.
8 – Or le père de Publius était couché, oppressé par les fièvres et la dysenterie. Paul est entré auprès de lui, il a prié, posé les mains sur lui et l’a guéri.
9 – Ce qui fait que les autres malades de l’île venaient aussi se faire soigner.
10 – Ils nous ont même honorés de beaucoup d’honneurs et, quand nous avons pris la mer, ils ont pourvu à nos besoins.

Mon analyse :
Immédiatement après l’avoir dénigré, l’auteur fait de Paul un thérapeute efficace. Cette ambivalence montre la volonté de rattacher Paul au courant judéo-chrétien mais pas dans un rôle de premier plan.

11 – Trois mois après, nous avons repris la mer sur un navire qui avait hiverné dans l’île : un alexandrin, à l’enseigne des Dioscures.
12 – Nous avons abordé à Syracuse, où nous avons demeuré trois jours
13 – et, de là, en suivant la côte, nous sommes arrivés à Rhégium. Le lendemain, le vent du sud s’est levé et, le deuxième jour, nous sommes venus à Pouzzoles,
14 – où nous avons trouvé des frères qui nous ont priés de demeurer sept jours avec eux ; et c’est ainsi que nous sommes venus à Rome.
15 – Les frères de là-bas avaient entendu parler de nous; ils sont venus au-devant de nous jusqu’au forum d’Appuis et aux Trois-Tavernes. En les voyant, Paul a rendu grâces à Dieu et a pris courage.
16 – Et quand nous sommes entrés dans Rome, Paul a eu la permission d’avoir un chez-soi et d’y demeurer avec le soldat qui le gardait.

Mon analyse :
Le voyage se termine enfin et Paul, qui n’est pour le moment accusé de rien, est autorisé par les Romains à demeurer en résidence surveillée.

17 – Trois jours après, il convoqua les premiers des Juifs et, quand ils se furent assemblés, il leur dit : Frères, je n’ai rien fait contre le peuple ni contre les usages ancestraux, et me voilà prisonnier depuis Jérusalem, où on m’a livré aux mains des Romains.
18 – Ceux-ci m’ont interrogé, et ils voulaient me relâcher parce qu’il n’y avait en moi aucun motif de mort.
19 – Mais comme les Juifs y contredisaient, j’ai été forcé d’en appeler à César, sans pour autant accuser en rien ma nation.
20 – Voilà le motif pour lequel j’ai demandé à vous voir et à vous parler : car c’est à cause de l’espérance d’Israël qu’on m’a passé cette chaîne.
21 – Ils lui dirent : Nous n’avons pas reçu de lettre de Judée à ton sujet, et aucun des frères qui sont arrivés ne nous a rapporté ou dit du mal de toi ;
22 – mais nous jugeons convenable d’entendre de toi ce que tu penses ; car, pour ce qui est de cette secte, nous savons qu’elle est contredite partout.
23 – Ils lui assignèrent un jour et vinrent plus nombreux à son logis ; et il leur exposa son témoignage du règne de Dieu, en les persuadant, au sujet de Jésus, à partir de la Loi de Moïse et des Prophètes, et cela depuis l’aube jusqu’au soir.
24 – À ses paroles, les uns étaient persuadés, les autres se méfiaient.
25 – Et n’étant pas d’accord entre eux, ils se séparaient quand Paul leur dit cette seule parole : L’Esprit saint a bien parlé, quand il a dit à vos pères, par le prophète Isaïe :
26 – Va à ce peuple et dis-lui : Vous entendrez ce que vous entendrez, mais vous ne comprendrez pas; vous regarderez ce que vous regarderez, mais vous ne verrez pas.
27 – Car le cœur de ce peuple s’est encrassé, ils se sont fait durs d’oreille et se sont bouché les yeux de peur de voir de leurs yeux, d’entendre de leurs oreilles, de comprendre avec leur cœur et de se retourner et que je ne les guérisse.
28 – Sachez donc que le salut de Dieu a été envoyé aux nations. Eux écouteront.
29 – Quand il eut dit cela, les Juifs s’en allèrent, tout en ayant entre eux une grosse discussion.
30 – Paul demeura deux ans entiers dans sa location. Il accueillait tous ceux qui entraient chez lui,
31 – proclamant le règne de Dieu et enseignant, au sujet du seigneur Jésus Christ, en toute franchise et sans empêchement.

Mon analyse :
Paul présente sa défense devant les Juifs de Rome. Ceux-ci ne semblent pas au courant de ce qu’on lui reproche, ce qui donne à penser que le tumulte de Césarée est certainement exagéré par l’auteur, sinon les Juifs de là-bas n’auraient pas manqué de prévenir leur coreligionnaires romains. Ensuite, il les enseigne de sa foi et de sa secte, comme disent les Juifs, au moyen de la Torah. Il montre que la parole de Dieu n’est pas donnée aux Juifs, car ils ne sont pas capables de la recevoir. C’est donc bien aux nations — aux non-Juifs — qu’il veut s’adresser. Le texte se termine deux ans après son arrivée à Rome. On se demande comment un disciple de Paul comme Luc, à qui ce texte est faussement attribué, aurait pu s’abstenir de poursuivre le récit, au moins jusqu’au temps des persécutions de Néron et comment il se peut qu’il ne dise mot des Lettres de Paul. Cela confirme que ce n’est pas un disciple de Paul qui a rédigé ce texte mais un partisan judéo-chrétien.

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