La Croix glorieuse

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

Messe de la Croix glorieuse

Cette fête, possiblement issue de la dédicace de la basilique du Saint-Sépulcre, le 14 septembre 335, pendant laquelle la croix était présentée de façon ostentatoire, est devenue celle de la croix glorieuse. L’histoire nous dit que c’est Hélène, mère de l’empereur Constantin 1er, qui aurait découvert la croix du supplice de Jésus. L’empereur invite alors les pères de l’Église à la dédicace de deux églises, à Jérusalem pour le trentième anniversaire de son avènement. Le lendemain, 14 septembre, l’évêque de Jérusalem montre le bois sacré à la foule et l’empereur impose aux pères la célébration annuelle de cette fête.

On retrouve toute la symbolique judéo-chrétienne catholique. Le culte du martyr et du sacrifice, la recherche de supports matériels pour renforcer l’adhésion et la collusion entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel.

1re lecture :

Nombres : 21, 4b-9

4 – … et le peuple fut à bout de souffle sur le chemin.
5 – Le peuple parla contre Élohim et contre Moïse : « Pourquoi nous avez-vous fait monter d’Égypte pour mourir dans le désert, puisqu’il n’y a pas de pain ni d’eau et puisque notre âme est dégoutée de ce pain trop léger ? »
6 – Alors Iahvé envoya contre le peuple les serpents brûlants et ils mordirent le peuple : beaucoup moururent du peuple d’Israël.
7 – Le peuple vint vers moïse et ils dirent : « Nous avons péché, car nous avons parlé contre Iahvé et contre toi. Intercède auprès de Iahvé pour qu’il éloigne de nous les serpents. » Moïse intercéda pour le peuple
8 – et Iahvé dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant et place-le sur une hampe : quiconque aura été mordu et le verra, il vivra ! »
9 – Moïse fit donc un serpent d’airain et le plaça sur la hampe. Or, si l’un des serpents mordait un homme et que celui-ci regardait vers le serpent d’airain, il vivait !

Mon commentaire :
Cet épisode, sans doute retenu pour la symbolique du serpent d’airain, sauveur des hommes, pose quand de sérieuses questions. La comparaison avec l’épisode du fils prodigue est saisissante. Là Iahvé punit les hommes et en fait mourir un grand nombre avant de demander à Moïse de préparer un antidote sous la forme de ce symbole qu’il suffit de regarder pour guérir. Il eut été plus cohérent de faire disparaître les serpents. Dans la parabole du fils prodigue, Dieu ne se venge pas sur le fils de sa mauvaise attitude. Il le laisse expérimenter seul et comprendre son erreur au point de faire amende honorable et de revenir vers son père. Aucun symbole, juste de la réflexion et du remord. Il ne faut pas s’étonner de l’iconoclasme qui a fortement agité les premiers chrétiens avant d’être aboli pour faciliter sans doute le syncrétisme judéo-chrétien.

Lettre de Paul aux Philippiens : 2, 6-11

6 – qui, possédant forme de dieu, n’a pas regardé comme une prérogative d’être égal à Dieu,
7 – mais s’est anéanti en prenant forme d’esclave, en devenant pareil aux hommes. Et quand il a eu figure humaine,
8 – il s’est abaissé à obéir jusqu’à mourir et mourir en croix.
9 – Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il accordé le nom qui est au-dessus de tout nom,
10 – pour qu’au nom de Jésus tout genou plie, dans les deux, sur terre et sous terre,
11 – et que toute langue avoue que Jésus Christ est seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

Mon commentaire :
Paul appelle les Philippiens à l’unité et à l’unanimité spirituelle. C’est sans doute lié aux dangers évoqués dans le premier chapitre. Il indique le comportement à suivre incluant l’humilité car c’est un sentiment très dévalorisé dans l’Antiquité… comme de nos jours. L’hymne au Christ (v. 5 – 11) pose la question du statut de Christ. Les Judéo-chrétiens s’interroge sur sa divinité alors que pour nous ce passage est clair. Le terme « possédant forme de Dieu » veut dire qu’il est consubstantiel à Dieu, comme nous le sommes aussi car Dieu ne crée pas ; il laisse émaner de lui ce qui a les mêmes qualités substantielles que lui, dont l’éternité.

Psaumes : 78 (Vulgate 77), 3-4a.c, 34-35, 36-37, 38ab. 39

3 – Ce que nous avons entendu et que nous savons, ce que nous ont raconté nos pères,
4 – nous ne le cacherons pas à leurs fils, nous raconterons à la génération future… les merveilles qu’il a opérées.
34 – Quand il les tuait, ils le cherchaient, ils revenaient et recherchaient Dieu,
35 – ils se rappelaient qu’Élohim est leur Rocher et le Dieu Très-Haut leur rédempteur.
36 – Mais ils le dupaient par leur bouche et, par leur langue, ils lui mentaient,
37 – leur cœur ne lui était pas fidèle, ils n’avaient pas foi en son alliance.
38 – Et lui, clément [et miséricordieux], pardonnait la faute, il n’exterminait pas,
39 – il se rappelait qu’ils sont de chair, un souffle qui s’en va et ne revient plus !

Mon commentaire :
En fait Iahvé massacre les hommes largement avant et après ce passage. On est loin d’un rapport d’amour que cherche à suggérer la passage expurgé de toute trace de violence divine. Le verset 35 est étonnant car il semble distinguer Élohim et Dieu.

Évangile selon Jean : 3, 13-17

13 – Personne n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme.
14 – Moïse haussa le serpent dans le désert, et le fils de l’homme doit aussi être haussé
15 – pour que quiconque se fie ait par lui la vie éternelle.

Mon commentaire :
Jésus constate que les Juifs sont insensibles à son message et il précise que, même les plus grands prophètes juifs, comme Isaïe par exemple n’ont pas connu Dieu. Seul lui peut en parler car il vient en son nom. La rappel de l’épisode de Nombre qui est présenté ci-dessus cherche à établir une corrélation entre le Judaïsme et la prédication de Jésus. Ce dernier annonce que lui aussi sera un instrument de Dieu à destination des hommes afin de les guérir de leurs souffrances mondaines.

16 – Car Dieu a aimé le monde jusqu’à lui donner son Fils unique pour que quiconque se fie à lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle.
17 – Car Dieu n’a pas envoyé le Fils en ce monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

Mon commentaire :
Jésus oppose le Dieu d’amour au Dieu juif. Il montre qu’il n’est pas un Dieu de jugement mais un Dieu salvateur. Or, de quoi pourrait bien être sauvé l’homme si ce monde était l’œuvre de Dieu ?

Voici comment je reçois ces textes.

Guilhem de Carcassonne.

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