Première lettre de Paul aux Corinthiens – 14

Informations du site

1 867 vue(s)

Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Lettre aux Corinthiens

Chapitre 14

1 – Poursuivez la charité et soyez jaloux des dons spirituels, surtout pour prophétiser ;
2 – car celui qui parle en charabia ne parle pas aux hommes mais à Dieu : personne ne l’entend, il dit en esprit des mystères,
3 – mais celui qui prophétise parle aux hommes, il bâtit, il exhorte, il réconforte.
4 – Celui qui parle en charabia se bâtit lui-même, mais celui qui prophétise bâtit l’église.
5 – Je veux que vous parliez tous en charabia, mais surtout que vous prophétisiez : celui qui prophétise est plus grand que celui qui parle en charabia, à moins que ce dernier n’interprète pour bâtir l’église.
6 – Frères, quand je viendrais vous parler en charabia, en quoi vous servirais-je si vous ne trouvez dans mes paroles ni dévoilement ni science ni prophétie ni enseignement ?
7 – Des instruments comme la flûte ou la cithare, s’ils donnent de la voix sans rendre de sons distincts, comment reconnaître l’air de flûte ou de cithare ?
8 – Et si la sonnerie de trompette a une voix confuse, qui se préparera à la guerre ?
9 – Vous de même, si votre langue produit des paroles
inintelligibles, comment connaître ce que vous dites ?
Vous parlez en l’air.
10 – Combien il y a de sortes de voix dans le monde ! rien n’est muet ;
11 – mais si je ne sais pas la puissance du langage, je serai un barbare pour qui me parlera et il sera un barbare pour moi.
12 – Vous, puisque vous jalousez les dons spirituels, cherchez à en avoir davantage pour bâtir l’église.
13 – Aussi, que celui qui parle en charabia prie de pouvoir interpréter,
14 – car si je parle en charabia, mon esprit est en prière, mais mon intelligence est stérile.
15 – Alors ? Je prierai avec mon esprit, je prierai aussi avec mon intelligence. Je psalmodierai avec mon esprit, je psalmodierai aussi avec mon intelligence.
16 – Si tu ne bénis qu’en esprit, comment le simple particulier dira-t-il Amen à ton action de grâces, puisqu’il ne sait pas ce que tu dis ?
17 – Toi, tu rends bien grâces, mais l’autre n’en est pas bâti.
18 – Dieu merci, je parle en charabia plus que vous tous,
19 – mais, dans l’église, je préfère dire cinq paroles avec intelligence pour instruire les autres plutôt que dix mille paroles en charabia.
20 – Frères, ne raisonnez pas en enfants ; que votre méchanceté soit enfantine, oui, mais raisonnez en adultes.

Mon analyse :
Paul agit en pragmatique ; il met en avant les compétences utiles à tous et montre l’inutilité pour le groupe des dons qui ne profitent qu’à l’individu qui en est porteur. En outre, il met en garde contre les exaltés dont l’ésotérisme égare plus qu’il ne construit (v. 10). Il insiste aussi sur l’importance du raisonnement et de la compréhension (l’intelligence).

21 – Il est écrit dans la Loi : C’est en des langues étrangères et avec des lèvres étrangères que je parlerai à ce peuple et ils ne m’écouteront pas, dit le Seigneur.
22 – Ainsi le charabia est un signe pour les mécréants et non pour les fidèles, mais la prophétie, pour les fidèles et non pour les mécréants.
23 – Si l’église entière s’assemble et que tous parlent en charabia, et qu’il entre des particuliers ou des mécréants, ne diront-ils pas que vous êtes fous ?
24 – Mais si vous prophétisez tous et qu’il entre un mécréant ou un particulier, il sera prouvé coupable par tous et jugé par tous ;
25 – le dedans de son cœur sera manifesté et il tombera sur la face, prosterné devant Dieu, pour déclarer que Dieu est vraiment parmi vous.
26 – Alors, frères ? Quand vous vous assemblez, chacun a un psaume, un enseignement, un dévoilement, un charabia, une interprétation ; mais que tout soit pour bâtir.
27 – Si on parle en charabia, que ce soit à deux ou trois au plus et chacun son tour, et que quelqu’un interprète.
28 – S’il n’y a pas d’interprète, qu’on se taise dans l’église, qu’on ne parle qu’à soi-même et à Dieu.
29 – Que deux ou trois prophètes parlent et que les autres jugent.
30 – Si un assistant a quelque chose à dévoiler, que les autres se taisent.
31 – Car, l’un après l’autre, pour que tous apprennent et
que tous soient exhortés, vous pouvez tous prophétiser ;
32 – d’autant que les esprits des prophètes sont soumis
aux prophètes,
33 – car Dieu n’est pas un Dieu de trouble mais de paix. Comme dans toutes les églises des saints,
34 – que les femmes se taisent dans lés églises. Il ne leur est pas permis de parler; mais qu’elles soient soumises, comme dit la Loi.
35 – Si elles veulent apprendre quelque chose, qu’elles questionnent leurs maris à la maison, car il est honteux pour une femme de parler dans une église.

Mon analyse :
Le scribe judéo-chrétien semble reprendre le point de vue de Paul mais il l’infléchit légèrement. Tout d’abord il le rattache à la Torah, puis il s’en sert pour cliver les groupes vis-à-vis d’autres intervenants, enfin il cherche à donner une règle d’exercice de la prière favorisant une partie des responsables et, bien entendu, excluant les femmes. Là encore, nous avons la démonstration que Paul donne aux femmes un rôle non négligeable dans ses communautés, ce qui va à l’encontre de cette exhortation.

36 – Est-ce de vous que sort la parole de Dieu ? Est-ce vous seuls qu’elle touche ?
37 – Que celui qui pense être prophète ou inspiré reconnaisse que je vous écris là un commandement du Seigneur.
38 – Et quiconque l’ignore, qu’il l’ignore.
39 – Aussi, mes frères, soyez jaloux de prophétiser, sans empêcher non plus de parler en charabia,
40 – mais que tout soit convenable et dans l’ordre.

Mon analyse :
Ce final est plus vraisemblablement paulinien en ce qu’il met plus en avant l’humilité de celui qui se sent doué, afin qu’il agisse pour tous et sans emphase.

Revenir au sommaire

Faites connaître cet article à vos amis !

Informations du site

Contenu soumis aux droits d'auteur.