Lettre de Paul aux Romains – 11

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Lettre aux Romains

Chapitre 11

1 – Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Que non! Car moi aussi je suis israélite, de la semence d’Abraham, de la tribu de Benjamin.
2 – Dieu n’a pas rejeté son peuple qu’il a connu d’avance. Ne savez-vous pas ce que dit Élie dans l’écriture ? comment il sollicite Dieu contre Israël :
3 – Seigneur, ils ont tué tes prophètes, démoli tes autels, et moi qui suis resté ils en veulent à ma vie.
4 – Mais quelle est la réponse ? Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas plié le genou devant Baal.
5 – De même il y a encore en ce moment un reste, selon le choix de la grâce.
6 – Mais si c’est par grâce, ce n’est pas par les œuvres, ou bien la grâce n’est plus la grâce.
7 – Quoi donc ? Ce que recherche Israël il ne l’a pas obtenu, mais ceux du choix l’ont obtenu et les autres ont été endurcis,
8 – comme il est écrit : Dieu leur a donné un esprit de torpeur, des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre jusqu’au jour d’aujourd’hui.
9 – Et David dit : Que leur table leur soit un filet et un piège et une embûche et un châtiment,
10 – que leurs yeux s’enténèbrent pour ne plus voir, et plie-leur toujours l’échine.
11 – Je dis donc : est-ce pour tomber qu’ils ont bronché ? Que non ! mais leur faute a sauvé les nations pour qu’ils en soient jaloux.
12 – Or si leur faute a enrichi le monde, si leur échec a enrichi les nations, combien plus leur plénitude ?

Mon analyse :
Ces 12 premiers versets semblent être la suite de la fin du chapitre précédent. Ils seraient donc du scribe judéo-chrétien qui veut montrer que les Juifs sont indignes du titre de peuple élu. En fait il n’y aurait qu’une infime partie des israélites qui seraient dignes d’être reconnus par Dieu. C’est le dessein des Catholiques de prendre la place des Juifs et d’en faire les rejetés de Dieu. Ce fut le terreau sur lequel poussa l’antisémitisme pendant des siècles.

13 – Je vous le dis à vous les nations, moi qui suis l’apôtre des nations, je rendrai glorieux mon service
14 – si jamais je rends jaloux ceux qui sont ma chair et si j’en sauve quelques-uns.
15 – Car si leur rejet a réconcilié le monde, que sera leur retour sinon une vie d’entre les morts ?
16 – Si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi. Si la racine est sainte, les branches le sont aussi.
17 – Si quelques branches ont été retranchées et si toi, olivier sauvage, tu as été greffé à leur place, si tu as eu part aux racines, à la sève de l’olivier,
18 – ne te ris pas des branches ; et quand tu en rirais, tu ne portes pas les racines, les racines te portent.
19 – Tu diras sans doute : ces branches ont été retranchées pour que moi je sois greffé.
20 – Bien. Leur méfiance les a retranchées et toi, ta foi te tient debout. Ne tends pas à la supériorité, crains plutôt,
21 – car si Dieu n’a pas ménagé les branches naturelles, il ne te ménagera pas non plus.
22 – Vois donc la prévenance et la rigueur de Dieu : rigueur pour ceux qui sont tombés et prévenance de Dieu pour toi si tu persistes dans cette prévenance, sinon toi aussi tu seras ôté.
23 – Quant à eux, s’ils ne persistent pas dans leur méfiance, ils seront greffés, car Dieu est capable de les greffer encore.
24 – En effet si toi tu as été ôté à ta nature d’olivier sauvage pour être greffé contre ta nature sur un olivier franc, combien ceux-là seront-ils mieux greffés sur l’olivier de leur propre nature ?

Mon analyse :
On retrouve l’idée de Paul que les Juifs ont part au salut promis par Dieu mais qu’ils sont encore enténébrés par la Loi positive. Cependant, si les nations qui ont foi en Christ constituent la nouvelle Église, les Juifs qui, comme lui, le suivraient également y aurait une part encore plus naturelle. Paul ne se détourne donc pas des Juifs, au contraire, il espère les remettre dans la bonne voie (verset 14). Il insiste aussi sur l’humilité nécessaire, car la chute est possible pour tous et l’exemple juif en est la preuve.

25 – Car, de peur que vous vous trouviez sensés, je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère : une part d’Israël est endurcie jusqu’à ce que soit entrée la plénitude des nations.
26 – Et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : De Sion arrivera le libérateur, il détournera de Jacob les impiétés
27 – et ce sera mon alliance avec eux quand j’arracherai leurs péchés.
28 – Selon l’évangile, ils sont ennemis à cause de vous, mais selon le choix, ils sont aimés à cause des patriarches,
29 – car les dons et l’appel de Dieu sont sans repentir.
30 – Vous qui jadis désobéissiez à Dieu, vous avez à présent obtenu miséricorde par leur désobéissance,
31 – eux de même ont à présent désobéi parce que vous avez obtenu miséricorde mais pour qu’eux aussi obtiennent à présent miséricorde.
32 – Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour leur faire miséricorde à tous.
33 – Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! qu’insondables sont ses jugements et indéchiffrables ses chemins !
34 – Car qui a connu la pensée du Seigneur ou qui a été son conseiller ?
35 – ou qui l’a comblé le premier pour en être comblé en retour ?
36 – Tout est de lui, par lui et pour lui. À lui la gloire dans les âges, amen.

Cette dernière partie pourrait avoir été ajoutée par le scribe, compte tenu de son caractère vétéro-testamentaire. Les citations partielles d’Isaïe y contribuent et donnent à l’ensemble cet aspect si caractéristique de la Torah où l’homme fait de Dieu une sorte de despote insondable. En effet, si Paul pouvait éventuellement considérer que les Juifs apparaissent coupables en raison de la foi qui est née chez les païens, on ne peut imaginer que les païens aient remplacé les Juifs par un effet de chaise musicale et encore moins que Dieu pousse les hommes à la faute pour mieux leur pardonner quand ils se repentent.

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