Où va le monde ?

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Où va le monde ?

Comparaison n’est pas raison

Certes, ce dicton a toute sa validité dans notre façon d’analyser le monde et d’essayer de le comprendre. En effet, chaque élément et chaque environnement où il s’exprime sont différents de ceux auxquels on voudrait les comparer.
Mais, faut-il pour autant considérer, à l’aune de cette conception, qu’il est interdit d’espérer que l’expérience passée puisse servir la compréhension du moment présent ?
Je ne le crois pas. Même si nous vivons un temps où la nouveauté est systématiquement considérée comme meilleure que le passé ; que l’expérience est systématiquement à rejeter puisqu’elle n’a pas débouché sur la totalité de l’espoir que l’on faisait porter sur elle ; il me semble que les jugements à l’emporte-pièce ne peuvent aucunement aider notre société à avancer sereinement et efficacement.
Donc, même si la comparaison ne permet pas forcément d’obtenir une analyse imparable et immédiatement applicable, il n’en reste pas moins — à mes yeux — qu’elle permet de dégager de grandes lignes et des axes de compréhension dont nous aurions tort de nous priver.

La régression peut-elle nous faire avancer ?

Mon dernier article dans cette section, où j’essaie d’analyser le monde d’aujourd’hui à l’aune de la pensée cathare, portait sur la haine. En fait, aujourd’hui, je ne fais que le prolonger.
La France, qui n’est pas si différente des autres pays où l’humain exprime ses sentiments en fonction d’intérêts forcément un peu basiques, vient de faire une série de choix dont le moins que je puisse dire est qu’ils nous ont acculés à un état difficile à gérer. Je ne porte pas de jugement de valeur puisque j’ai fait le choix depuis plus d’un an de ne plus intervenir dans les décisions populaires qui organisent le monde, en raison de mon choix spirituel qui me conduit à me retirer de ce monde.

Les difficultés que nous avons traversées ces dernières années, et dont nous commençons à peine à entrevoir qu’elles pourraient s’atténuer assez rapidement, ont conduit à un désir de repli sur soi qui est logique et atavique. En effet, depuis l’âge des cavernes, nous croyons que moins nous avons d’interactions avec le monde qui nous entoure, plus nous sommes maîtres de notre destin. Pourtant, dès le néolithique, l’homme a compris qu’il devait au contraire s’associer avec ses congénères, malgré les difficultés que cela engendrait, afin de pouvoir mettre en synergie ses compétences et ainsi améliorer son rendement pour s’offrir une vie meilleure et mutualiser ses moyens pour assurer à ses proches une plus grande sécurité.

Mais l’évolution de notre espèce s’est faite à l’inverse de ce que l’évolution naturelle avait prévu. Je ne reviendrai pas sur mon analyse de l’accident évolutionniste que j’ai évoqué, concernant le mélange entre notre nature mondaine et notre part spirituelle, mais force est de constater que — contrairement au reste du règne animal — il nous a conduit dans une voie totalement différente de celle des autres animaux évolués. En effet, la règle naturelle est claire : soit on domine et alors il ne faut rien laisser subsister qui soit de nature à mettre en danger notre suprématie, soit on est dominé et alors il faut faire allégeance ou se cacher pour survivre. De même elle prescrit, pour les espèces susceptibles d’évoluer selon ce schéma, une sélection naturelle drastique destinée à améliorer sans cesse les compétences survivalistes de l’espèce.
Or, le moins que l’on puisse dire est que l’espèce humaine n’a pas suivi cette voie ! En effet, au fur et à mesure que nous avons évolué, nous avons protégé les plus faibles, soutenu ceux qui étaient moins forts, moins intelligents, moins agressifs, voire handicapés dans leurs fonctions basiques. Cela allant à l’encontre des intérêts évolutionnistes de l’espèce, je ne peux m’empêcher d’y voir la marque de notre part spirituelle. Mais quand les choses vont mal, la nature mondaine tend à reprendre le dessus. C’est ainsi que l’on commence à se chercher des ennemis, y compris dans ses propres rangs, que l’on propose l’élimination physique ou sociale de ceux que l’on pense susceptibles d’aggraver la situation précaire et que l’on se cherche des chefs qui nous semblent dépourvus des considérations humanistes, considérées comme facteurs de faiblesse dans la lutte pour la vie qui nous préoccupe.
Nous entrons alors en phase de régression, rejetant l’autre, dont la nature changeante permet de le faire coller aux idéaux du moment, renforçant notre pré-carré — y compris en usant des mêmes considérations que celles utilisées pour rejeter l’autre —, et que à l’image des autruches que nous aillons volontiers, nous essayons d’occulter le danger dans l’espoir qu’il nous épargne au lieu de l’affronter avec un maximum de moyens et de convictions pour essayer de le vaincre.

La régression est-elle un déclin fatal ?

Des phases de régression nous en avons connu beaucoup dans notre histoire… et nous sommes toujours là, apparemment de plus en plus évolués, apparemment de plus en plus forts, apparemment de plus en plus invincibles.
Régulièrement nous avons laissé des plus forts, des plus barbares prendre le pouvoir, avec ou sans notre assentiment et ils ont toujours fait évoluer notre société vers des rivages nouveaux, certes avec un prix humain souvent terrible. Gengis khan, Attila, Robespierre, Napoléon, Hitler et combien d’autres ont eu l’occasion d’imposer une régression voulue au profit de leurs intérêts et de ceux des groupes humains qui les avaient choisi ou subi. Certes, à chaque fois, des massacres toujours grandissant furent le prix d’une réforme de nos systèmes jugés inadaptés, soit en accord avec ces grands despotes, soit en opposition à eux. et dès lors, la tendance naturelle est de passer les dégâts par pertes et profits.

Par contre, quand nous avons suivi des voies pacifiques de progrès, nous avons eu tendance à les dénigrer quand nous jugions qu’elles n’apportaient pas suffisamment d’avantages par rapport aux espoirs que nous avions mis en elles. Là nous n’avions aucune indulgence pour les ratés et nous nous jetions régulièrement dans les bras du despote suivant qui nous ramenait généralement bien plus en arrière dans notre évolution que nous n’étions au début de la période précédente. L’empire romain nous a offert des progrès scientifiques et même humains considérables que nous avons balayés d’un revers de main en laissant les invasions barbares le détruire car nous le considérions comme insuffisant à nos aspirations. Les lumières mirent fin à des siècles de rétablissement difficile commencés au Moyen Âge malgré des oppositions terribles de la religion d’État et des castes de droit divin. Mais comme les aspirations populaires ne sentaient pas l’amélioration suffisamment profonde et suffisamment rapide, la Révolution vint tout détruire. Conscient des maux de la dictature napoléonienne, nous avons fini par rétablir la République démocratique, mais ce fut pour la laisser se dévoyer au point de permettre l’émergence de troubles qui firent le lit d’une nouvelle dictature européenne dont l’attitude provoqua plusieurs millions de morts. Maintenant, soixante ans plus tard, la stabilité due à une Europe relativement unie commence à nous peser et nous croyons que sa déconstruction sera positive. Quand donc des pays européens divisés et repliés sur leurs propres intérêts ont-ils apporté le bonheur à leurs peuples ? Jamais !

Si nous avions connu dans le passé une période, qu’elle fut de nature dictatoriale ou démocratique, qui nous eut donnée satisfaction, l’aurions-nous oubliée et aurions-nous fait le choix volontaire de l’abandonner ? Bien entendu que non. Or, que je sache, ni l’Afrique ni l’Asie ne nous ont envahis au faîte de notre félicité pour nous imposer d’autres choix dont nous peinerions aujourd’hui à sortir. Donc, si nous sommes insatisfaits et malheureux c’est de notre propre fait et non pour des raisons extérieures. Vouloir régresser encore aujourd’hui c’est nous engager sur une voie de déclin.

Pour autant ce déclin peut-il être fatal ? Il suffit d’observer les convulsions meurtrières qui ont systématiquement accompagné ces régressions pour constater que leurs victimes ont constamment augmenté en nombre et de façon quasi exponentielle depuis quelques siècles. Il est donc raisonnable de penser que le prochain déclin, en raison des moyens qu’il pourrait mettre en œuvre pour s’assurer le contrôle et des moyens qui lui seraient opposés à terme, provoquerait un cataclysme comme nous n’en avons jamais connu. Sans oublier un autre déclin dont nous sommes tous responsables, celui de la destruction de la planète, qui pourrait bien nous mettre tous d’accord en faisant de l’espèce la prochaine à être victime d’une extinction massive.

Peut-on espérer une évolution positive ?

C’est une question importante et, d’une certaine façon j’y ai répondu dans tous mes textes. D’un point de vue religieux, je pense que comme je l’expliquais dans mon texte sur La grenouille et le scorpion, nous sommes dans un monde qui ne peut pas se réformer profondément en vue de s’améliorer car sa nature profonde le pousse vers le Mal.

Mais, à l’échelle de l’humain, il est toujours possible de ralentir la course vers le mur. Il est possible de hâter l’éveil des esprits prisonniers afin de les amener à fuir le Mal sans y être jamais réincorporés. Car je crois aussi que la fin de cette planète ne signera pas forcément la fin de notre emprisonnement. Je pense en effet que cet enfer dispose de nombreuses autres zones d’action dans l’univers. Donc, au lieu de penser en terme apocalyptique pour notre monde, il faut penser en termes positifs pour une libération générale qui privera le monde et le Malin de la matière dont il a absolument besoin pour maintenir son emprise diabolique : l’Être.

Donc, en évitant de recourir à des solutions hasardeuses et en laissant sa chance à l’amélioration lente plutôt qu’aux révolutions brutales, nous pouvons œuvrer pour éviter le retour en arrière qui nous fera perdre l’espoir d’un vrai mieux pour tous, le retour à notre situation antérieure à la chute. et si nous le quittons, le monde ira où il doit : au néant !

 

Éric Delmas – 26/04/2017

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