Mourir ou ne pas mourir, telle est la question

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Mourir ou ne pas mourir, telle est la question

Dans sa décrépitude de plus en plus affirmée, notre monde ne lasse pas de m’interpeler. D’un côté nous voyons de plus en plus de nos contemporains venir mourir sous nos fenêtres pour ne pas mourir loin des caméras de télévisions, seules aptes à mobiliser nos égoïsmes repus.

De l’autre, nous voyons des recherches qui tendent à nous rendre immortels, du moins si nous en avons les moyens financiers. Que penser de tout cela ? Est-ce une situation naturelle, une forme de sélection naturelle ou bien, ne pourrait-on pas y voir une progression du Mal qui domine ce monde ?

Des morts tonitruantes !

Le revers de la médaille médiatique est que les pauvres viennent mourir à la porte de nos pays riches et en profitent pour s’offrir la une de nos journaux télévisés. Ils viennent chez nous parce que nous sommes allés chez eux déstabiliser des dictatures que nous avions installées pour empêcher un développement démocratique qui nous déplaisait ou qui risquait de tarir la main d’œuvre à bas prix dont nous avions besoin pour nous enrichir. Ils viennent aussi parce que leur pays que nous avons pillé consciencieusement pendant des siècles, n’a plus les moyens de les nourrir. Ils viennent enfin, parce qu’ils paient cash le prix d’un dérèglement climatique, que nos excès de riches égoïstes, provoque d’abord chez eux et qu’ils n’ont d’autre choix que de fuir des contrées dévastées trop pauvres pour se protéger d’une nature qui semble faire notre jeu.

Bien entendu, nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde. Mais, au lieu de la rejeter, ne serait-il pas plus logique d’essayer de la combattre sur place ? Au lieu de nous servir de ces pays pour produire à bas coût tous ces produits dont nous n’avons pas vraiment besoin mais qui sont si nécessaire à l’emballement consumériste qui favorise l’inflation gargantuesque de richesses malodorantes construites sur la misère des uns et la bêtise des autres, ne pourrait-on pas cloisonner les marchés en payant ces travailleurs à leur juste valeur afin de nous limiter dans nos achats futiles et de leur donner ainsi les moyens de produire pour leur propre consommation ? Au lieu de les rejeter dans des mers qui menacent leurs vies dans leur propre pays, ne pourrait-on pas mettre en corrélation directe nos investissements dans leurs pays en matière de protection des populations et notre gaspillage énergétique et consumériste, responsable de ces situations ?

Sommes-nous assez stupides pour croire que nous pourrons toujours empêcher cette invasion de la misère ou sommes-nous assez moutonniers pour suivre ceux qui en tirent profit en pensant que nos enfants devront se débrouiller avec les conséquences de notre incompétence ? Comment pouvons-nous trouver naturel que certains individus fassent l’objet des pires trafics, à l’instar de ceux que subissent les espèces animales dont la commercialisation permet d’assouvir nos pires vices, qu’ils soient voués à une existence misérable que seule une port précoce viendra apaiser ? Sommes-nous prêts à accepter que, lorsque la roue tournera, car elle tournera n’en doutons pas, nous ayons des comptes à rendre à ces mêmes populations ? Voulons-nous voir ce monde finir dans une conflagration planétaire qui remettra tout le monde à égalité devant la mort et la souffrance ?

Une éternité nauséabonde

Dans nos pays économiquement développés, l’enjeu n’est pas de sauver ces vies qui ne demandent pas grand chose. Non, ici ce que nous recherchons c’est de ne pas vieillir et de mourir centenaire en ayant une apparence de jeune. Mieux encore, la recherche se dit prête à nous promettre sous peu un rajeunissement cellulaire qui pourrait aboutir à une sorte de quasi éternité. En protégeant nos télomères nous espérons prolonger la vie indéfiniment. En réparant ce qui s’atrophie, s’effondre, se cancérise, nous voulons conserver l’apparence et une partie d’une jeunesse qui a quitté notre âme depuis longtemps.

Alors même que la nature essaie de contrer nos manœuvres en adaptant la fécondité à la longévité, nous voudrions lui jouer le tour de cochon de devenir immortels ! Déjà que nous avons ridiculisé Yahvé en dépassant ponctuellement la limite de 120 ans qu’il avait fixé à la vie humaine, après les frasques séniles des grands rois Juifs qui ont donné leur nom à des bouteilles de champagne tout aussi excessives. À quand le prochain humain qui ridiculiserait Mathusalem et ses minables 969 ans, qu’il fêtera logiquement en engloutissant les 6 litres du Champagne éponyme ? Le bricolage génétique, loin de s’en tenir à tenter de corriger les erreurs d’une nature incompétente, vient d’annoncer avoir compris le fonctionnement de la longévité cellulaire et de pouvoir la maintenir quasi éternellement. Certes, cette technique ressemble comme deux gouttes d’eau à celle que la nature utilise déjà pour faire croitre et embellir les cancers qui ravagent nos sociétés, mais que diable — si j’ose dire — il faut bien souffrir pour être vieux jeune, ou jeune vieux je ne sais plus.

Ce qui est certain c’est que ces recherches, à défaut de nous proposer un avenir riant, engloutissent des sommes faramineuses qui n’iront pas soulager les souffrances de ces salauds de pauvres qui osent mourir de faim dans nos assiettes. Et dire que d’aucuns s’interrogent sur le déclin éventuel de la civilisation occidentale. Je ne vois pas ce qui leur fait penser cela. Mais tout cela est-il une évolution inéluctable en attendant le prochain impact dont nous gratifiera un astéroïde géo-croiseur qui viendra remettre les compteurs à zéro, comme il y a 65 millions d’années ?

Chronique d’une évolution annoncée

Est-il utile de s’interroger ou de se révolter alors même que nous sommes individuellement bien incapable d’influer sur la marche folle de cette machine ? Si comme nos amis athées, nous n’avons pas d’autre espérance que cette vie et que cet univers, c’est vrai qu’on peut se le demander. Mais comme nous sommes dans l’interrogation quant à la validité de telle ou telle foi, cela peut présenter un intérêt, qui ne doit pas nous empêcher pour autant d’essayer de limiter la casse.

Voir Yahvé battu en brèche par sa propre création ne saurait me peiner durablement. Incompétent il fut, incompétent il persiste à être ; pas étonnant que le résultat soit minable. De mon côté je vois cette évolution comme inéluctable, ce qui ne veut pas dire que je n’essaierai pas d’en limiter les effets à la hauteur de mes maigres capacités. Inéluctable de voir que le Mal progresse, s’étend et embellit. L’humanité qui s’était à grand mal extraite de la fange et de la loi de la jungle y replonge bruyamment et avec délice, en regardant mourir les faibles et prospérer les forts, sauf que le pouvoir n’est plus lié à la gonflette de nos biceps mais à celle de notre portefeuille.

Donc, ce monde serait peut-être en train de vivre ses dernières décennies, au mieux ses derniers siècles, à cause d’une espèce qu’une évolution mal maîtrisée a rendue complètement irrationnelle et auto destructrice. Pour autant, je ne suis pas certain que cela soit le billet de retour garanti pour les milliards d’esprits saints prisonniers ici-bas. Je ne doute pas que le démiurge se soit ménagé d’autres « réserves » pour maintenir l’apparence d’éternité de son œuvre débile. Ce qui m’importe le plus est de pouvoir tirer définitivement ma révérence en me concentrant sur la Benveillance dont je peux faire preuve autour de moi, malgré le tintamarre que ces gesticulations provoque et qui ne peut me laisser indifférent.

Il me semble donc de plus en plus évident qu’il y a une sorte d’urgence morale à mettre en place les outils de la résurgence cathare pour qu’un maximum d’entre nous puisse échapper à cet enfer au plus vite et, de toutes façons, avant cette échéance dantesque qui s’annonce.

Éric Delmas – 15/05/2015

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