Confrontations entre catholiques et cathares

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Afin de lutter contre l’hérésie, l’église catholique avait l’habitude d’utiliser les prédications. En constatant que dans les régions les plus touchées par ce phénomène hérétique, la prédication était sans effet, l’idée vint d’accepter des confrontations doctrinales.
Ces dernières prenaient la forme d’une joute opposant des représentants de l’église catholique d’une part et des représentants d’églises hérétiques d’autre part. Nous avons la trace de telles confrontations ayant concerné les cathares et les vaudois.
En Occitanie ces confrontations portaient le nom de disputatio.
Je vais essayer de retracer autant que possible ces rencontres et leurs participants.

Lombers (1165)

Ce n’est pas à proprement parler une controverse mais un concile tenu à Lombers qui fit comparaître les hérétiques, découverts dans la province de Toulouse et mentionnés sous le nom de bons hommes (boni homines). Le principal d’entre eux s’appelait Olivier. Ils étaient en grand nombre.
Les “hérétiques” comparurent devant Pierre, archevêque de Narbonne, de Girard, d’Albi, de Gaucelin, de Lodève, et d’autres évêques (Agde, Tours) ainsi que Raymond Trencavel (vicomte de Carcassonne, d’Albi et de Béziers), la princesse Constance, soeur du Roi Louis VII et femme du comte de Toulouse, Sicard vicomte de Lautrec et beaucoup d’autres nobles du sud…
L’évêque de Lodève conduisait l’interrogatoire qui portait essentiellement sur la valeur des sacrements que rejetaient les « Bons Hommes » et sur leur soumission à l’autorité de leurs juges. Ils furent livrés au bras séculier, mais la foule permis aux condamnés de fuir. Ce serait depuis ce concile que ces bons hommes furent appelés albigeois.

Verfeil (1206)

Il semble que ce soit la première confrontation dont nous conservons la trace. Elle se déroula en 1206 et opposa l’évêque d’Osma, Diègue, assisté de son prieur — chanoine régulier de sa cathédrale — Dominique de Guzman à des cathares albigeois parmi lesquels sont cités Pons Jourda et Arnaud Arrufat.
La Chronique de Guillaume de Puylaurens qui relate les faits attribue une facile victoire aux catholique dont il relate les exploits.

Montréal (1207)

Le parti catholique y fut représenté par les trois prédicateurs itinérants (Diègue d’Osma, Dominique de Guzman, Raoul frère cistercien légat du pape) ainsi que par Pierre de Castelnau, frère cistercien et légat du pape qui avait initialement suivi Dominique  — Arnaud Amaury, le troisième légat ayant préféré retourner à Citeaux en attendant l’accord du pape pour cette prédication itinérante — et qui avait été invité à s’en détacher en raison de l’hostilité des foules à son encontre. N’oublions pas que ces trois cisterciens sont ceux qui avaient mené une première prédication en terre occitane, particulièrement malmenée, et qu’ils avaient rencontré Diègue d’Osma et Dominique de Guzman par hasard à Montpellier, alors qu’ils s’en retournaient penauds rendre compte de leur échec au pape.
Guillaume de Puylaurens nous indique qu’y furent présents, pour le parti cathare, Arnaud Oth, Guilhabert de Castres, Benoît de Termes et Pons Jourda. Il nous précise également l’année et le fait qu’il s’agit également d’une confrontation avec remise d’écrits devant un jury composé de laïcs dont Bernard de Villeneuve, Bernard D’Arzens, Raymond Gout et Arnaud Rivière. Ce jury refusa de se prononcer en faveur de tel ou tel parti, afin de préserver les cathares selon le chroniqueur catholique, et les documents furent perdu lors de la croisade.

Pamiers (1207)

Cette confrontation est célèbre car la sœur du comte de Foix, Esclarmonde de Foix consolée en 1204 par Guilhabert de Castres, y fut vertement tancée par le frère Étienne de Metz, membre du groupe catholique, en ces termes : « Allez, madame, filer votre quenouille. Il ne vous appartient pas de parler dans un débat de ce genre. ». Cette remarque montre quel fossé idéologique oppose les catholiques et les cathares qui avaient permis à une femme de s’exprimer en matière doctrinale. Le juge principal, Arnaud de Crampagna est dit clerc séculier mais on prétend qu’il fut vaudois. Guillaume de Puylaurens dit que cette controverse eut lieu contre des vaudois et d’autres hérétiques (certainement des cathares). Pierre des Vaux-de-Cernay nous dit que l’argumentation dura quinze jours et se fit par écrit.
Le récit de Pierre des Vaux-de-Cernay dit que les vaudois se convertirent au catholicisme. Mais il est difficile de se fier à son récit car il semble confondre vaudois et cathares puisqu’il déclare vaudois la sœur du comte de Foix dont nous savons qu’elle était cathare.
Il est également impossible de savoir si la conversion du vaudois Durand de Huesca date de cette rencontre ou si elle est antérieure et si cet ancien hérétique fut présent à cette confrontation ou s’il se contenta d’accueillir dans son monastère les vaudois convertis. Guillaume de Puylaurens ne nous en dit pas davantage de son côté. Pierre de Castelnau serait ensuite parti séparément à Toulouse où il allait s’opposer au comte Raimond de telle façon qu’il finit par l’excommunier. Cela confirme la date de la confrontation puisque nous savons que c’est à la suite de cette excommunication et lors de son retour — vraisemblablement à Citeaux — qu’il fut assassiné à Avignon début 1208.
Les catholiques furent représentés par Diègue d’Osma qui était en route vers l’Espagne où il comptait retourner à son diocèse où il mourut quelques jours plus tard.
Le frère Raoul étant mort peu de temps avant lui, il ne restait plus du groupe initial que Dominique de Guzman resté près de Carcassonne et Pierre de Castelnau parti à Toulouse.
C’est à cette époque que l’abbaye de Citeaux envoya de nombreux prédicateurs à l’aide de Dominique et qu’il furent répartis dans la région pour y développer la prédication. C’est l’origine de l’ordre des frères prêcheurs, les dominicains.

Fanjeaux (1207)
Pierre des Vaux-de-Cernay évoque cette confrontation par le biais du « miracle » attribué à Dominique.
Devant l’impossibilité de départager les deux camps (catholiques et cathares), une ordalie fut proposée et l’écrit catholique de Dominique fut préservé à trois reprises. À la fin, il sorti même du feu avec ne telle violence qu’il vint frapper une poutre du plafond où sa trace est aujourd’hui montrée aux touristes dans l’église de ce bourg.
Bien entendu, ce « miracle » ne peut que prêter à rire car les cathares considérant que tout ce qui vient du monde vient du diable, n’avaient aucune raison de souscrire à l’ordalie qui, de toutes façons, auraient été interprétée par eux comme un soutien du Prince de ce monde à leurs contradicteurs.

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