Vous êtes en pays Cathare

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Qui n’a pas vu ces pancartes sur certaines routes de nos départements

Vous êtes en pays Cathare !
Châteaux cathares !
Les chevaliers Cathares !

Mais, c’étaient qui au juste, les « Cathares »?
Des étrangers, des envahisseurs, des chevaliers, venus armés jusqu’aux dents, occuper ce pays et y bâtir des châteaux?
Ces indications et informations routières prêtent à confusion et sont quelque peu trompeuses et suspectes.
Ils étaient tout simplement des autochtones, des gens du coin, des ces terres et contrées que l’on appelle aujourd’hui le Languedoc, des sujets des comtes Raymond de Toulouse et des vicomtes Trencavels de Carcassonne et Béziers.
C’étaient des chrétiens, des bons chrétiens qui avaient choisi de vivre évangéliquement, comme l’avait enseigné le Christ et comme l’avait fait les premières églises des premiers siècles, Marcionites et Pauliciennes.

Imaginons- nous à la fin du XIème et tout début du XIIème siècle.

Cette région qui couvre aujourd’hui une trentaine de départements est un pays de 2 ou 3 millions d’habitants avec une culture et une langue propre, la langue d’Oc.
C’est l’ancienne Septimanie des Wisigoths, anciennement Arienne et déjà, dissidente et ‘hérétique’.
Survolons quelques instants ces terres d’Occitanie et regardons ce qui s’y passe.
A nos pieds défilent des montagnes, des vallées, des plaines, des pâturages, des forêts, des prairies, des champs.
Il y a peu de routes, beaucoup de chemins , les villes sont petites et entourées de murailles et de remparts, les villages minuscules accolés le plus souvent à un château perché sur piton ou un monticule.
Plus de 90% de la population est rurale et attachée à une terre et son seigneur. (Servage)
L’espérance de vie ne dépasse pas la quarantaine et la mortalité enfantine est de plus de 50%.
L’hygiène est quasi inexistante, la maladie et les épidémies ravageuses. La médecine est empirique et peu efficace. La pharmacopée très limitée.
A cela s’ajoute les intempéries et les mauvaises récoltes qui causent bien souvent des disettes et des famines.
Il n’y a d’écoles que dans les monastères, et peu nombreux sont ceux qui savent lire et écrire.
On se déplace peu et les seuls voyages effectués ne sont que de quelques kilomètres, pour aller d’un village à un autre.
Dans le nord de la France on commence à bâtir des cathédrales démesurées et dans le pays on n’arrête pas de construire églises sur églises, une par village.
Rappelons-nous qu’en ces temps là, la vie d’un serf compte peu et il est peut être vendu comme un animal, avec le fief sur lequel il travaille.
L’église de Rome a la main mise sur tout l’occident, sur le temporel comme l’intemporel et elle fait et défait les rois. Son pouvoir, son autorité, ses richesses, sa luxure vont à l’encontre de l’Évangile, et cela se voit et dérange tout le monde ici, en Occitanie.
Depuis déjà quelques années, quelques personnes parcourent le pays, de village en village pour enseigner à qui veut les entendre que la grande église catholique se trompe et les trompent.
Elles ont traduit l’Évangile et le Nouveau Testament en langue vernaculaire, en langue d’Oc et tout le monde peut, maintenant, se faire expliquer et enfin comprendre le vrai message du Christ.
Et ces bonnes gens ne se contentent pas de dire comment il faut se comporter, elles le montrent.
Chez elles, l’Amour, Agapè est premier dans tout, elles sont non-violentes, ne savent pas mentir, ne possèdent rien, que le minimum pour manger et se vêtir et elles travaillent pour ne dépendre de personne. Elles pratiquent la continence sexuelle, ne mangent pas de viande, d’oeufs, de fromage, de lait. Elles jeûnent un jour sur deux, au pain et à l’eau et font 3 fois 40 jours de carême par an. Elles vont toujours deux par deux.
Leur église n’est pas faite de mains d’hommes, elle n’est faite ni de pierres ni de bois.
Elles et ils sont l’Église vivante qui béni, pardonne, amis comme ennemis.
Ils enseignent que ce monde n’est pas le nôtre mais celui du diable et de l’Ancien Testament, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, Inconnu, le Père qui ne connait que le Bien, que le Christ ne s’est jamais incarné, n’est pas né de la chair, n’a pas été crucifié, n’est pas ressuscité et que la croix n’est qu’un instrument de torture qu’ ils ont en horreur. Ils disent que Jésus Christ est une image qui parle, celle du Père, du Fils et de L’Esprit Saint venue nous annoncer la bonne nouvelle, l’Évangile, qui met fin à la loi de Moïse et à l’AT et que, sans la connaissance on ne peut pas éveiller la petite parcelle de divinité que chacun a en soi.
Ces paroles d’amour et de paix et l’exemple que donnent les Bonnes Femmes et les Bonshommes on fait écho chez bon nombre d’auditeurs et en ce début de XIIème siècle beaucoup sont devenus croyants, chez les misérables comme chez les seigneurs.
Combien sont-ils en Occitanie? Entre 100 et 160.000 croyants, 1500 chrétiennes et chrétiens, 800 ekklésias ‘cathares’ le tout réparti en 4 évêchés parfaitement organisées.
Pour le Pape et la son  Église Catholique c’en est assez.. Les bons chrétiens le sont trop, et ils font de l’ombre à leur Empire. Il a été décidé de les éliminer de la manière la plus violente, la terreur.
En 1208 la croisade contre les Albigeois (les cathares) est lancée.
Le Pape, le royaume de France et l’inquisition partent à l’assaut de l’Occitanie, les uns, pour exterminer à jamais les Bonnes Femmes et les Bonshommes et leurs croyants, pour les autres, pour le vol, la rapine, l’annexion de nouvelles terres et territoires.
Pendant plus de 300 ans, les papes et l’inquisition vont traquer, torturer, mettre au mur et brûler vifs des croyants et des chrétiens cathares, allant jusqu’à déterrer les morts pour les livrer au flammes, démonter pierre par pierre leurs lieu de vie et de travail, détruire leurs manuscrits et tout ce qui aurait pu leur appartenir, s’appliquer à ne laisser aucune trace visible de ce qu’ils furent.

Reposons nous la question une nouvelle fois: mais c’était qui au juste les  » Cathares »?
Des bannis, des moins que rien, des sous-hommes, pour qu’il n’en reste plus la moindre trace matérielle, le moindre ossement, la moindre habitation, le moindre artefact dont on soit sûr qu’il est été fait de leurs mains?
Qu’avaient-ils fait, quels crimes avaient-ils commis, de quelle maladie étaient-ils atteint pour mériter un pareil châtiment de la Sainte Église Catholique?
Aujourd’hui, 800 ans ce sont écoulés.
Vous êtes allé visiter ce pays et qu’avez vous vu de vos yeux voyeurs et curieux, de ‘Cathare’?
Rien, bien sûr, puisque ils ne possédaient rien!
Et vous aurez compris: il n’y a jamais eu de châteaux cathares, de chevaliers cathares et encore moins de terres cathares.
Si un jour vous deviez revenir sur ces terres Languedociennes, essayez de les voir avec ce que vous avez de meilleur en vous, votre coeur et vos tripes. Alors peut-être, pourrez vous y croiser le regard d’un(e) Parfait(e) et qui sait, y découvrir le « trésor des Cathares », celui que le Père vous a réservé, la haut, dans sa demeure.

À suivre

Cet article n’est aucunement historique mais imaginaire. Il n’est que la réflexion d’un sympathisant « cathare » puisant dans ses souvenirs de lectures, sa culture, sa mémoire, son expérience, sa foi.

Jeepe – 10 janvier 2012

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