Comprendre le christianisme cathare

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Qu’est-ce que le christianisme cathare ?

Ce document n’a aucune prétention historique mais souhaite aider le lecteur à mieux appréhender les conditions dans lesquelles les humains des premiers siècles du christianisme se sont trouvés pour émettre leurs hypothèses et formuler leur foi.

Les confluences

Le christianisme des premiers siècles profita des convergences nombreuses de la pensée humaine, notamment auprès des philosophes grecs et romains (Pithagore, Socrate, Platon, Aristote, Parménide, Epicure, Epictète, Marc Aurèle, Sénèque, etc.) mais aussi du Moyen Orient (Zarathustra, Mani, etc.) et du gnosticisme.
Certaines de ces philosophies donnèrent des outils à la construction de la philosophie chrétienne primordiale et d’autres furent plus ou moins intégrées à cette religion.

Les premiers soubresauts du christianisme originel

Avant même que l’on n’envisage d’appeler chrétiens ceux qui se référaient à Christ, à Jésus, voire à Jésus-christ, il y avait deux groupes différents qui se démarquaient par leur rapport au judaïsme.
Les premiers considéraient que l’on devait allier judaïsme et doctrine de Jésus, identifié comme le messie davidique venu s’adresser aux seules brebis d’Israël. Cette inclusion du christianisme dans le judaïsme leur valu le nom de judéo-chrétiens qui regroupait plusieurs tendances : les juifs chrétiens qui se comportaient comme une des nombreuses sectes juives et les helléno-chrétiens, issus de la diaspora régionale, qui étaient plus enclins à des concessions vis-à-vis du judaïsme orthodoxe.
Les seconds considéraient que le message christique s’adressait à la terre entière (les nations) et devait donc s’affranchir du judaïsme en intégrant également les païens. On les appelle donc les pagano-chrétiens et, s’il ne fut pas le premier d’entre-eux, Paul de Tarse en fut clairement le meilleur porte-parole. Rejeté dans la frange chrétienne, voire dans le gnosticisme par les judéo-chrétiens, puis pourchassés et martyrisés par ces derniers à compter du 4e siècle, ils durent se réfugier dans la clandestinité, ce qui rend très difficile leur étude.

Ces conceptions doctrinales opposées provoquèrent le premier schisme majeur du christianisme débutant.

Première émergence des pensées divergentes

Mais la pensée hérétique persista dans le silence, attendant des jours meilleurs car, si les hommes peuvent être éliminés, les idées elles persistent sous des formes larvées qui défient toute analyse et tout contrôle.
Les pagano-chrétiens approfondirent leur doctrine et leur cosmologie sous le couvert de penseurs, appelés gnostiques pour les disqualifier d’être chrétiens, ce qui provoqua une rupture franche avec l’approche judéo-chrétienne. Cette doctrine spécifique signe clairement la reconnaissance des groupes qui suivront et qui ne peuvent être reconnus par leur seule appellation. Elle permettra de différencier facilement les pagano-chrétiens de toutes les époques, y compris moderne, des judéo-chrétiens dissidents que pourchassera aussi l’Église catholique notamment.
De Paul à Marcion, en passant par Apollos, Cérinthe, Ménandre, Satornil et d’autres, puis par les pauliciens de Constantin de Mannanalis qui influenceront (évangéliseront ?) les bogomiles de Bulgarie et les albigeois du Languedoc, sans oublier le reste de l’Europe où les routes commerciales seront autant de voie d’évangélisation du 10e au 12e siècle.
C’est de Rhénanie que viendra, sous la plume d’un de leur farouche adversaire, le nom qui fera leur célébrité quelques siècles plus tard : les cathares !

La répression

Bien entendu le catharisme fut accusé d’hérésie. Il n’y avait pas de mots assez durs pour les stigmatiser. Le pire que l’on utilisait à l’époque était celui de manichéen. Mais le dualisme cathare n’est pas manichéen. Le catharisme existe par lui-même et n’est pas une dissidence du catholicisme. Il rappelle que l’Évangile est une prédication de paix et d’amour absolu.

Il est en filiation directe avec le christianisme des origines dont il conserve au mieux les caractéristiques philosophiques et théologiques.

La féroce répression catholique envers le catharisme aboutit à la disparition de ses tenants les plus visibles, les bons chrétiens.
Les croyants, finirent par retourner à la clandestinité qu’avaient connu les marcionnites et les autres hérétiques de la fin du quatrième siècle.
Après, cinq siècles de silence et d’apparente disparition, ce christianisme retournait à l’oubli, apparemment de manière définitive.

Une résurgence du catharisme ?

Le catharisme, comme toute philosophie – c’est à dire comme n’importe quelle idée – ne peut mourir au prétexte que ceux qui l’ont porté au plus haut sont morts. Il suffit qu’une seule personne s’y intéresse pour qu’il reprenne de la vigueur.
Mais, comme les cathares avaient fait évoluer le marcionnisme pour l’adapter à leur époque, le catharisme d’aujourd’hui ne peut faire l’économie d’un travail d’adaptation qui, tout en privilégiant le respect de la doctrine chrétienne fondamentale – telle que l’avait théorisée les cathares médiévaux -, permette de tenir compte des particularités et des connaissances de notre siècle.
Contrairement à la plupart des autres christianismes et à de nombreuses religions, le catharisme n’est pas dogmatique. Sa doctrine doit donc évoluer avec les hommes qui la portent dans le respect des fondamentaux doctrinaux qui en ont fait la validité et la puissance spirituelle.

Comment faire évoluer le catharisme aujourd’hui ?

Ce site et ses forums ont donc pour objectif d’informer sur ce qu’était le catharisme médiéval, sur ses origines et les modes de pensée qu’il a côtoyé, aussi bien aux origines chrétiennes qu’au Moyen Âge, mais il veut aussi être un laboratoire où les personnes attirées par la philosophie cathare ou en chemin vers la religion elle-même puissent travailler à son renouveau.
Ce christianisme nouvellement réapparu, cinq siècles après la disparition officielle des derniers cathares européens, est désormais en phase de structuration et d’organisation.
Certes, n’étant pas en mesure ni en volonté d’imposer un quelconque dogme, il est victime d’accaparements par des intérêts mercantiles et des égarements pseudo-ésotériques qui n’ont rien compris de son message.
C’est donc à chacun de se donner les moyens de s’informer complètement avant de choisir sa voie, afin de ne pas s’égarer dans ses choix entre le bon grain et l’ivraie.

Éric Delmas, 13 mai 2008.

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