La politique de l’autruche

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La politique de l’autruche

Un récent reportage passé aux informations télévisées a attiré mon attention.
La grande barrière de corail, située sur la côte est de l’Australie dans l’état du Queensland, est classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.Cette réserve naturelle de corail est également vitale pour la planète en raison de son écosystème mais, malheureusement, elle est très fragile et très sensible à la pollution. Sa rareté tient au fait que d’autres récifs coralliens ont été détruits dans la passé en raison de la futilité des hommes.

Ce reportage nous informait que le gouvernement australien avait décidé d’exploiter des mines de charbon gigantesques car cette zone est riche en la matière et qu’elle avait commencé la construction d’une série d’immenses ports côtiers pour permettre à des navires de grande taille de venir y accoster.
Le premier d’entre-eux, en cours de construction, nécessite un dragage profond d’un zone située à moins de cinq kilomètres de la barrière de corail et l’eau, auparavant bleue y est devenue grise. Les poissons et fruits de mer deviennent immangeables en raison d’une accumulation de toxiques et de métaux lourds dans leurs chairs.
Contacté par les journalistes les autorités ont simplement refusé de répondre et confirmé leur intention de poursuivre l’installation d’exploitations minières géantes et de ports adaptés au transport du minerai.

Dans le passé l’Australie s’était faite remarquée à un autre titre.
Le risque de montée des eaux océaniques en raison du réchauffement climatique menace de submersion de nombreuses îles de la région.
Alertés par ce phénomène le gouvernement d’un des micro-états de la zone — les îles Tonga me semble-t-il — avait fait savoir qu’en cas de sinistre climatique dont ses ressortissants étaient peu responsables, il serait obligé de pratiquer à un exode massif et même total de sa population.
Le gouvernement australien avait alors répondu qu’il refuserait d’accueillir ces réfugiés climatiques et qu’il les rejetterait à la mer sans autre forme de procès.

L’Australie, outre son évidente compétence en matière d’humanité et de communication, est-elle  unique en son genre ?
Non bien entendu. Les États-Unis exploitent du pétrole dans le golfe du Mexique en provoquant des pollutions dont la dernière est dans toutes les mémoires. Ils y engloutissent également leurs navires de guerres bourrés d’amiante sans que GreenPeace s’en offusque alors que le périple de notre porte-avion avait valu à la France un lobbying forcené de cette association.
La Russie et les États-Unis lorgnent férocement sur la mer de Bering que la pollution semble devoir ouvrir à l’exploitation  pétrolière et gazière pendant que la France cherche une raison de s’ouvrir aux OGM et au gaz de schiste malgré une opposition de la population qu’un récent sondage chiffre à près de 80%.
Et je ne vous parle pas de la Chine qui cherche à rendre son pays inhabitable et qui s’installe en Afrique pour y trouver sa nourriture en chassant les populations locales des terres fertiles.

Récemment, un ami me disait en mots choisis combien il considérait la volonté de se soucier de respecter l’environnement et de choisir la voie du développement durable comme très secondaire pour la future communauté de vie cathare.
Parallèlement, il insistait sur la nécessité d’être très ouvert aux personnes extérieures à la communauté, voire de trouver acceptable de participer aux luttes syndicales tout en restant membres de la communauté de vie évangélique.

Certes, le choix cathare ne peut pas s’étonner de ces dérives que je compare souvent au comportement de la population de l’île de Pâques qui a détruit son environnement pour des questions de compétition entre villages jusqu’à en être réduit à abandonner le lieu qui les avait vu naître et qui les nourrissait abondamment.
La seule différence est que nous ne disposons pas d’une autre Terre pour nous exiler une fois que le point de non retour sera franchi dans quelques années.

Certes le choix cathare sait que ce monde — et bien au-delà de notre planète — est voué à l’extinction en raison de la montée en puissance du Mal qui le contrôle et au fur et à mesure que les parcelles de Bien qu’il y maintenait prisonnières parviennent à s’en échapper.

Pour autant peut-on choisir de ne pas donner l’exemple d’une vie qui ne vienne pas participer à  la destruction générale ?
Pour autant peut-on n’avoir d’autre objectif en vue de l’assistance à autrui que celui de mener une lutte mondaine, fut-elle syndicale ?

Je crois pour ma part que le message que nous donne le Christ est celui de la non violence générale.

Non violence envers ce monde imparfait qui nous fut imposé et que nous devons tenter de maintenir en l’état, à la mesure de nos moyens, comme le serviteur du mauvais maître  qui rendit son talent à son maître, sans l’avoir dépensé et sans l’avoir fait fructifier comme l’espérait ce dernier.
C’est pourquoi je prône une vie évangélique organisée matériellement dans un souci de non violence envers l’environnement et notamment dans un souci de moindre empreinte sur celui-ci. Un peu à la manière de la parole attribuée à Jésus : « Soyez passants », je souhaite que notre présence en ce monde soit le moins possible une présence destructrice et qu’elle vise au contraire à préserver le site où elle se tiendra quelques temps.

Non violence également envers ceux qui pensent que ce monde doit être modifié — souvent dans le sens de leurs propres intérêts — et qui engagent des combats dont la violence verbale n’est souvent que le préludes d’autres violences plus destructrices.
Si Jésus fait le choix de la non violence, allant jusqu’à soigner l’oreille du garde blessé par Pierre, ce n’est pas pour nous donner l’exemple inverse qui définirait une violence acceptable contre une violence indue.
L’engagement en vie évangélique est avant tout à mes yeux un choix de vie tourné vers la communauté de vie spirituelle. C’est pour cela que j’ai proposé des hypothèses d’organisation concentrées vers la vie intérieure, ce qui ne veut pas dire pour autant que la communauté refuserait de communiquer vers l’environnement social proche quand l’occasion s’en ferait sentir, soit à le demande des personnes vivant alentour, soit lors d’échanges sociaux et commerciaux classique dans une vie sociale de village.

Cependant, la vie évangélique n’est pas là pour dire aux autres comment ils doivent vivre de leur côté mais pour donner l’exemple d’une vie saine et respectueuse des autres,  y compris si leurs choix ne sont pas les nôtres, afin de montrer que quand l’Esprit domine le corps la vie quotidienne prend une autre tournure que dans le cas inverse.

Ensuite, que ce soit au niveau local ou plus large comme je le disais au début de mon propos, nous ne pouvons qu’observer les résultat du comportement égoïste et déresponsabilisé de l’humanité débordée par ses pulsions sensuelles et violentes.
Ne pas y participer n’est pas de l’enfermement. Favoriser la vie intérieure, spirituelle, communautaire et au moins partielle autonome, n’est pas de l’enfermement.
Au contraire, montrer que l’on peut vivre en harmonie avec son milieu et que l’on peut aider les autres par le don de ses excédents est à mon sens la meilleur façon de s’ouvrir, à bon escient, sur le monde extérieur.

 

Éric Delmas – 13/05/2012

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