8 – Église cathare

Un seul choix: avancer

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Un seul choix : avancer

Depuis mon dernier témoignage bien des choses ont changées. En 2014, je vous disais avoir clairement rejoint les rangs des croyants depuis mon premier témoignage de 2009 et me préparer à un noviciat que j’entrevoyais à l’horizon de ma future retraite.

J’ai suivi cette voie, qui pour moi était totalement enténébrée vu que personne n’avait témoigné l’avoir suivie depuis sept siècles. Je devais faire seul ce que beaucoup d’autres avaient échoué à réussir alors qu’ils étaient bien encadrés et soutenus par une communauté ecclésiale et une Église encore sur pieds. Je craignais que ma démarche fut plus le fait de ma vanité que d’un engagement spirituel sincère.

Cependant, j’ai cherché à compenser mes défauts et mes manques par une pratique rituelle rigoureuse et une étude approfondie et quotidienne. La première année, je l’ai consacrée à l’étude du Nouveau Testament, chapitre par chapitre, jour après jour. Ensuite j’ai élargi mon champ d’étude aux textes chrétiens et à la recherche historique pour approfondir les preuves des origines des cathares que je venais de publier dans mon livre. Enfin, j’ai étudié plusieurs auteurs chrétiens, élargi mes connaissances philosophiques et dans les autres sciences humaines. La dernière année fut consacrée essentiellement à l’introspection et à la préparation de ce qui m’attendait.

En effet, ayant passé le cap du rituel de la sainte oraison dominicale, mes heures étaient désormais rythmées par le Pater que je venais de produire à partir d’une étude approfondie de la glose. Je savais que j’avais acquis suffisamment de connaissances pour me concentrer sur l’approfondissement de mon engagement spirituel afin de me rendre accessible à la grâce que voudrait peut-être me faire le Saint-Esprit paraclet si je m’en montrais digne. Ce fut le cas en ce début d’année. Je sus alors que mon noviciat arrivait à sa fin. Cela fut officialisé à la Pentecôte suivante par ma Consolation.

Maintenant j’entre dans la partie de mon cheminement que j’imagine la plus difficile. Non seulement je ne dois pas me relâcher dans mon travail spirituel personnel, mais je dois aussi remettre sur pieds une Église cathare disparue voici sept siècles dans d’autres circonstances et dans un autre environnement. Je dois aussi rechercher les croyants déclarés ou encore inconnus qui en formeront l’ossature. Si le maître de ce monde m’en laisse le temps, j’essaierai de laisser à d’autres un outil d’organisation spirituelle capable de redonner toute sa vigueur à une Église cathare d’aujourd’hui qui confirmera mon intuition de 2007 qui me fit choisir pour mon site le titre : Catharisme d’aujourd’hui !

Guilhem de Carcassonne le 24/07/2021.

Mon chemin

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Mon chemin

Depuis que j’ai lu ou relu les philosophes, parfois des personnes dont je m’étais éloignée depuis longtemps, parfois des personnes que je redécouvrais avec leurs failles que je n’avais vues avant, ou encore des personnes que je n’avais jamais lues et que je découvrais avec, je crois, le même regard que celui de mes dix-sept ans lorsque j’avais entrevu les pensées de Socrate, Descartes, Kant, Montaigne, Nietzsche, Sartre… (études obligatoires : le lycée). Mais revenir à la philosophie c’est revenir à la vie, à la lumière, enfin le « cogito » se réveille à se délecter dans la pensée profonde. Il a l’impression d’avoir beaucoup trop dormi, il est temps de réagir !

Alors arrive assez vite la question à laquelle on pensait le moins : Et ma vie spirituelle, où en est-elle ? Ô question insondable ? Un grand vide m’habite depuis bientôt quatre ans, un chagrin, qui par courtoisie, se fait de plus en plus calme. Un vide m’habite, ou plus exactement un manque spirituel qui ne trouve aucun écho en ce monde, et bien que le chemin devant moi soit brouillardeux, je m’y reconnecte naturellement, sans même y penser dès que je pars au bois. Ce chemin mondain est agréable à suivre car il sinue sous de grands arbres montant tout droit vers le ciel, tout en se penchant, bienveillants, généreux de leur ombre pour la marcheuse silencieuse. Pourtant c’est grâce à lui qu’une partie de la vie mondaine se trouve alors agréablement loin de nous, oh ! pas très longtemps bien-sûr, au plus une heure à pied mais on ne peut s’empêcher de se dire : Liberté ! Où, peut-être : libérée ! C’est alors le moment propice, « La liberté alors, c’est une bouchée de pain, une gorgée d’eau fraîche, un paysage ouvert. » Frédéric Gros : « Marcher, une philosophie, éd. Champs poche)

Et, surtout le silence ! « L’évidence retrouvée du silence, d’abord comme transparence… » écrit F. Gros, puis comme respiration retrouvée, ajouterai-je. C’est alors, vraiment dans la solitude que surgissent les questions importantes et parfois les éléments de réponses.

J’ai essayé de penser avec méthode tout en suivant tes conseils, et aussi, il me semble, en suivant tes pas, sans perdre de vue les paroles d’Antonio Machado ; « El camino se hace caminando. » En effet, je sais que dans ce chemin, chacun, chacune est seul(e) dans son « avancement ».

Je t’ai relu, j’ai relu aussi plusieurs fois les fondamentaux, notamment « La règle de justice et de vérité » ainsi que les deux principes qui font partie de ma réflexion depuis très longtemps. Je me rends compte aujourd’hui que les valeurs les plus importantes que j’ai au fond de moi viennent toutes du catharisme, cette religion que tu qualifies toi-même de « spirituelle ». C’est justement parce qu’elle est spirituelle qu’elle me convient, et aussi bien sûr pour le rôle important qu’elle confie à la philosophie permettant au croyant de se faire, comme tu l’as dit, « un costume sur mesure dans le prolongement de sa logique. » Elle est aussi une des rares religion, peut-être la seule même, à penser la femme égale de l’homme, et déjà en cela, on peut dire qu’elle est révolutionnaire ; en tout cas, elle en a acquis dans mon cœur ses lettres de noblesse (au sens premier du terme). Elle est en fait humaniste plus que toute autre par ses idéaux, par son message, par son salut. L’idée du salut m’interroge aussi depuis longtemps, m’ayant à plusieurs reprises, au cours de mon existence, rappelé avant d’agir de ne pas perdre le désir de « sauver mon âme ». Je constate que ses rappels se répètent plus souvent et j’en suis heureuse car ma conviction profonde est de devenir meilleure. Or ces rappels sont vraiment des aides, comme un Jiminy Cricket[1] de la bonne conduite. Ce qui est nouveau pour moi aussi, c’est de prononcer, d’écrire ce mot conviction qui n’appartenait pas à mon vocabulaire. Alors, lorsque je te lisais : « Étudier suffisamment sa propre conviction pour savoir ce à quoi notre intuition nous pousse. » dans ton article sur la foi, je me disais « je n’ai pas de conviction, je ne comprends pas ce qu’il veut dire… » La peur de l’introspection m’anesthésiait, je crois.

Pour pouvoir progresser à mon rythme, j’ai alors décidé de choisir dans chacun des articles que tu as écrits, un objectif que je pouvais légitimement viser. Pour celui de la foi, j’ai retenu celui-ci. « Le cheminement que l’on fera jusqu’au moment opportun, soit rejoindre une communauté pour y vivre ses dernières années, soit la rejoindre dans son agonie lors d’une consolation aux mourants, est essentiel à la réussite de ce dernier moment. »

En ce qui concerne l’ascèse alimentaire, je ne peux l’imaginer pour le moment que dans le cadre futur d’une retraite dans notre prochaine maison cathare, et en attendant je me prépare à l’idée d’une nourriture végétaliste, tout en « luttant » patiemment contre les peurs irraisonnées de mon entourage.

Le détachement, ce maître-mot, comme tu dis, pour devenir Bon-Chrétien, le détachement aux biens matériels ne me semblera pas, je crois, si difficile au moment venu, mais c’est plutôt ce détachement à la nature qui me montre le plus cruellement la difficulté à dépasser ; c’est pour cela que je commençais ma lettre en te parlant un peu de cet espace naturel qui m’est vital, dans le sens où, mais je ne l’ai peut-être pas assez clairement exprimé, c’est là que mon âme s’éveille le plus naturellement aujourd’hui. Je crois avoir compris que tu es loin de cela, aussi, il ne serait pas courtois de ma part de t’ennuyer avec de telles mondanités.

Je peux encore préciser que l’idée d’un Dieu étranger à ce monde me convient tout à fait et le Principe du Bien comme « représentation mentale d’un objectif spirituel destiné à nous faire comprendre notre nature réelle » (comme tu l’as si bien défini) m’a non seulement réconciliée avec l’idée du mot « religion », mais il m’a enfin permis de trouver la mienne.

Dans ce mélange hétérogène que nous sommes, je désire aujourd’hui lutter attentivement contre la part mondaine, pour chercher au plus profond de moi le Principe du Bien, afin d’éveiller mon étincelle divine.

Je sais que le chemin est long, mais aujourd’hui je sais aussi que c’est bien celui-là qui me convient. Si je peux aider à la vie de l’Église cathare, je me propose d’être toujours active, dans toute mission qu’elle pourra me confier, et si je trébuche sur le chemin, je sais que je ne serai pas seule, enfin si je n’en connais pas la destination finale, je sais que je serai toujours là pour défendre la pensée cathare et tout être humain qui la fera sienne.

Chantal Benne le 24/07/2021

[1] Personnage servant de conscience à Pinocchio dans le dessin animé éponyme de Walt Disney

Restauration de l’ECF

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Restauration de l’Église cathare de France

Comme je m’y étais engagé il y a plus de cinq ans, dès que ma Consolation survenue à Pentecôte m’en a donné la légitimité, j’ai commencé à travailler au projet de remise en état de la structure de l’Église cathare de France détruite à la chute de Montségur le 16 mars 1244.

Même si des chrétiens consolés ont encore continué à sillonner le Languedoc jusqu’à la mort du dernier dont les archives nous ont livré l’histoire, Guilhem Bélibaste mort à Villerouge le 24 août 1321, l’Église en tant que structure n’existait plus sur le territoire français.

Certes, la culture et certaines formes de la spiritualité cathare ont traversé les siècles, mais le catharisme s’est toujours voulu être une Église structurée, car c’est par ce biais qu’il est possible d’offrir aux croyants qui le désirent les conditions matérielles d’effectuer leur noviciat et donc d’arriver à bonne fin.

Notre présence en ce monde aujourd’hui, nous montre que ce salut est extrêmement difficile à atteindre ; sinon nous serions tous retournés au Père au lieu de transmigrer de prison de chair en tunique de peau depuis que l’esprit saint que chacun de nous est a été arraché à l’empyrée divine.

Donc, j’ai commencé à travailler à ce projet en étudiant les options que les lois françaises nous permettent aujourd’hui. En effet si la structuration sociale médiévale en trois ordres (chevaliers, moines et travailleurs) laissait une grande latitude d’organisation aux hommes, le système républicain d’aujourd’hui crée des obligations que nous devons respecter tant qu’elles ne s’opposent à la liberté religieuse.

Compte tenu des critères imposés par la loi de 1905, qui aurait due être notre choix prioritaire, nous devons nous contenter de la loi de 1901 pour nous structurer. Cependant, il me semble important de préparer dès aujourd’hui cette structure à rejoindre la loi de 1905 dès que le dernier critère sera atteint.

C’est pourquoi j’ai travaillé à des projets de statuts et de règlement intérieur qui ne demanderont que peu d’ajustements le moment venu.
Ces documents ne sont que des projets que je vous invite à consulter régulièrement pour suivre les mises à jour et ainsi être prêts à participer à l’assemblée générale constituante qui formera officiellement cette association.

N’oubliez pas, en lisant ces textes, qu’ils visent à établir une Église et non un club sportif, ce qui expliquent leurs particularités en termes de représentation et de fonctionnement.
Dès que possible, je vous communiquerai ici le lien qui vous permettra de vous connecter à la visioconférence, hébergée par Skype® (à télécharger), pour participer à cette assemblée générale.

Guilhem de Carcassonne

Projet de statuts (12 juillet 2021)

Projet de règlement intérieur (12 juillet 2021)

Forums en rapport avec ce sujet

Code d’accès à la visioconférence : (sera disponible vers le 15 août)

 

La Résurgence du catharisme est-elle crédible ?

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La Résurgence du catharisme est-elle crédible ?

Cela fait 20, 30, voire 40 ans que vous en entendez parler. Aujourd’hui encore, maintes personnes tentent de convaincre qu’elles sont porteuses d’une vision du catharisme. Pourtant, à chaque fois ces espoirs ont été déçus, soit par l’abandon de leur projet, soit par un dévoiement lié le plus souvent à un manque d’étude approfondie du sujet. Il faut dire que notre époque ne valorise pas l’étude patiente et minutieuse et lui oppose souvent l’attrait de la nouveauté, y compris par une destruction de ce qui est ancien.

Comment s’étonner alors que beaucoup d’entre vous hésitent à s’intéresser à ces projets visant à redonner au catharisme la place qui est la sienne dans ce monde. Car, si le catharisme est avant tout une spiritualité, il s’est toujours exprimé dans un cadre ecclésial réunissant celles et ceux qui voulaient avancer dans leur foi ensemble. En effet, nous savons que l’isolement est la pire des choses tant la prégnance mondaine, a tôt fait de nous faire dériver de la voie qui mène au salut.

Qu’est-ce qui définit le catharisme aujourd’hui ?

Comme toujours, quand plusieurs voix se réclament d’une appartenance à une doctrine religieuse, il est difficile à celles et ceux qui ne sont pas des experts, de deviner laquelle est la plus à même de représenter le courant ecclésial moderne de ce que les cathares vivaient et pratiquaient à leur époque.

Et la tentation est grande pour beaucoup — rarement par malignité, mais souvent par manque de connaissance —, de se focaliser sur tel ou tel point doctrinal et de le mettre en avant dans une compréhension souvent incomplète ou inexacte, au risque de malmener les autres points de la doctrine.

La base du catharisme d’aujourd’hui est donc de connaître la doctrine et la praxis des cathares médiévaux, afin de voir comment les mettre en œuvre aujourd’hui. L’étude nous démontre que la plus grande partie est parfaitement adaptée à notre époque, même si cela nous amène à reconsidérer quelques habitudes prises dans le confort d’une mondanité égoïste et vaniteuse. Cependant, de rares éléments doivent être adaptés, sans renier les fondamentaux et les grands principes, en raison de connaissances plus approfondies de nos jours ou de situations sociales et sociétales très différentes du Moyen Âge.

Je ne vais pas vous faire l’affront de lister ici tous ces points qui figurent dans ce site et dans mon livre avec tous les argumentaires nécessaires pour les expliquer et les sources ayant servies à bâtir ces argumentaires.

 Ce travail d’acquisition de connaissances permet à tout un chacun de faire le tri dans les propositions qui se veulent héritières du catharisme.

Mais, cela ne permet pas d’estimer les chances de pérennité de la démarche qui vous semblera la plus exacte. C’est pourquoi je vais tenter de vous expliquer pourquoi la voie que je suis est en mesure de réussir ce cheminement vers une réapparition de l’Église cathare de France.

La durée par la simplicité

Si le catharisme a réussi à se maintenir, au travers de plusieurs groupes religieux qui sont ses fondateurs, pendant plus de mille ans alors qu’il était sans cesse pourchassé et martyrisé, c’est en raison de la simplicité de sa doctrine. Contrairement à son principal rival, le catholicisme, il n’a pas cherché à suivre les soubresauts du monde pour y occuper une place de choix. Fidèle à la prédication christique, il a fait de l’humilité et de la modestie sa base de travail et il a maintenu sans fléchir le choix d’une doctrine simple, facile à comprendre et à comparer aux choix de vie de son époque, quelle qu’elle soit.

En se concentrant sur le seul commandement de christ : « Aimez-vous les uns les autres », il n’a eu aucun mal à se répandre malgré les vicissitudes dont il était l’objet. C’est aussi cette simplicité qui attire les personnes à la recherche d’une spiritualité détachée des religions dont elles ont du mal à comprendre la cohérence, tant la partie rituelle prend le dessus sur le fond doctrinal.

Aujourd’hui, c’est encore cette simplicité qui doit être mise en avant, sans tomber dans le biais d’une pratique isolationniste et sans chercher à l’étoffer d’éléments extérieurs au catharisme, voire même au christianisme.

La simplicité permet également un redémarrage en conditions dégradées qu’une pratique complexe ne permettrait pas. Depuis cinq ans que j’associe mon travail sur la doctrine à une pratique rituelle complète, malgré mon isolement relatif je constate, par les retours de celles et ceux qui suivent mon travail, que le message que je leur adresse est clairement et pleinement compris. Mais la simplicité ne suffit pas ; il faut aussi rester cohérent avec la doctrine et la pratique à laquelle nous nous référons quand nous nous affirmons cathares !

La fiabilité par l’obéissance

Cette cohérence relève d’un élément de la règle de justice et de vérité qui a du mal à être reçu et compris de nos jours. En effet, la pratique religieuse nécessite un accompagnement et un strict respect des éléments doctrinaux et pratiques que nous ont « légué » les cathares médiévaux.

La vie quotidienne cathare n’est pas basée sur une société démocratique, voire anarchiste. Il faut accepter dans le respect de ce que je disais plus haut, que nous ne sommes pas forcément suffisamment avancés dans notre foi pour agir en toute indépendance. Suivre un guide bienveillant, qui remplacera l’autorité par le soutien, nécessite de lui faire confiance et de respecter ses indictions. La démocratie s’arrête à partir du moment où l’on a choisi à qui l’on se confier. Ensuite, comme dans une famille, le plus jeune en religion doit accepter de suivre les conseils du plus ancien, et ses éventuelles critiques ou recadrage quand nous avons tendance à nous écarter de la voie droite.

Ainsi, tant du point de vue doctrinal que nos pratiques, nous serons assurés de la fiabilité de notre cheminement. Or, justement, c’est ce problème de la fiabilité qui se pose aujourd’hui dans de nombreuses actions entreprises sous l’étiquette cathare. Je suis convaincu que, le plus souvent, les dérives de ces personnes sont dues avant tout à un défaut de connaissance approfondie du sujet. En effet, l’accès à la connaissance demande de l’effort, de l’approfondissement, donc du temps. Et notre époque est malheureusement celle où tout un chacun considère que le temps est la denrée la plus rare. Cela me surprend beaucoup et même me fait sourire. En effet, quand Paul de Tarse voyageait pour diffuser sa compréhension du message christique, il consommait de grandes quantités de temps en raison des conditions de déplacement de l’époque, alors même que l’espérance de vie qui fut la sienne était aux environs des deux-tiers de ce qu’un homme d’aujourd’hui peut espérer. Si nous étions capables de réaliser la moitié de son travail avec les facilités modernes en termes de transport et notre espérance de vie, nous serions déjà contents. Donc, si nous pensons manquer de temps c’est qu’en fait nous l’utilisons mal.

La croissance par l’organisation

Notre vie en accélération constante aboutit à l’inverse de ce que nous voudrions, à savoir vivre mieux. « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger ». Cette remarque caricaturale, mise dans la bouche de l’avare Harpagon par Molière, comportait cependant une part de sagesse. L’accumulation de biens et d’expériences aboutiront toujours au même résultat : leur disparition dans la mort de notre corps mondain. C’est comme pour la nourriture ; les mets les plus délicats, les plus chers et les plus sophistiqués finiront au même endroit que la bouillie ou le rata des moins nantis. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout dédaigner, mais qu’il user avec parcimonie et sans oublier que la satisfaction de nos sens va à l’encontre de l’élévation de notre part spirituelle. Rappelons-nous la parole de l’apôtre : « Tout m’est permis, mais tout ne profite pas. Tout m’est permis, mais rien n’aura pouvoir sur moi. » (Première lettre de Paul aux Corinthiens). Cette lucidité individuelle doit nous permettre de penser notre cheminement de façon logique.

Le sympathisant doit avoir la volonté de s’instruire et d’améliorer ses connaissances, non seulement sur le catharisme, mais aussi sur l’histoire, la philosophie, les doctrines religieuses principales et ne pas oublier l’étude de l’humain (psychologie, sociologie, anthropologie) qui lui apportera la connaissance de notre mondanité.

Le croyant, qui a dépassé ce stade, devra se concentrer sur l’émergence de sa part spirituelle. Il apprendra à étudier les textes chrétiens et à comprendre l’analyse qu’en faisaient les cathares médiévaux et qu’en font les cathares modernes.

Tous devront préparer la structuration de notre Église, car le catharisme est clair : pour aller à bonne fin, il faut permettre à cette dernière de remplir sa mission apostolique et formatrice de futurs ministres du culte que nous appelons les consolés ou les Bons-Chrétiens.

La résurgence par l’agrégation

Cela fait des années que nous constatons que des personnes manifestent leur intérêt pour le catharisme et disparaissent des radars après un ou deux contacts. D’autres, inconnus de tous se manifestent maintenant tout en reconnaissant suivre le sujet depuis plusieurs années. Qu’est-ce que cela nous enseigne ?

Certes, on peut croire qu’une partie s’est précipité un peu vite avant d’abandonner en voyant que cela ne correspond pas à ses aspirations. Mais je crois qu’une partie est dans l’inquiétude de devoir subir une nouvelle déception, tant il est vrai que jusque-là aucun mouvement visant à restaurer le catharisme n’a réussi.

C’est un cercle vicieux, car si vous hésitez à vous engager de peur de voir le mouvement échouer, votre refus de rejoindre ceux qui essaient de faire fonctionner le processus, va aboutir à leur échec et à votre déception.

Les cathares insistaient beaucoup sur la nécessité de ne pas cheminer seul. Cela ne veut pas dire que c’est absolument impossible, mais que cela aggrave infiniment la difficulté du cheminement et nécessite de tels efforts que beaucoup abandonnent, ou se fourvoient.

De même, si vous êtes croyant cathare, c’est-à-dire si vous considérez que le catharisme est la voie de salut qui vous correspond, empêcher ou retarder sa résurgence vous mettra, le moment venu, dans l’impossibilité de recevoir la Consolation. Cela peut vous obliger à demeurer encore plus longtemps dans ce monde, faute d’avoir pu bénéficier de l’accompagnement nécessaire.

Donc, l’agrégation n’est pas indispensable dans le seul but de disposer d’une altérité dans son propre cheminement. Elle l’est aussi pour que l’Église puisse exister et offrir une formation, un accompagnement et une voie vers le salut pour les sympathisants et les croyants.

J’espère avoir réussi à vous faire toucher du doigt l’importance qu’il y a, pour les personnes désireuses de voir le catharisme perdurer et prospérer, de participer à cet élan et, si besoin, d’avoir pour soi une aide à son propre cheminement.

Éric Delmas, 15 janvier 2021.

Diagnostic de foi

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Diagnostic de foi

La vie du croyant, du novice et du chrétien est traversée de crises. Cela ne doit pas nous surprendre, car quand l’engagement est aussi total que celui d’une foi qui nous pousse à une totale cohérence entre nos sentiments, nos conceptions doctrinales et nos pratiques — dans cette vie et surtout au-delà —, la sérénité serait à considérer comme de l’inconscience.Read more

L’Église cathare de France

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L’Église cathare de France

Nous savons qu’au Moyen Âge (1167) s’est tenue une assemblée à Saint-Félix Caraman (aujourd’hui de Lauraguais) qui réunissait les représentants du catharisme de France et d’Occitanie. Parmi eux, voici ceux dont nous avons conservé les noms : Sicard Cellerier, « évêque d’Albi » – Marc, de Lombardie (qui appartenait alors à l’Occitanie) – Bernard Raimond, de Toulouse – Guiraud Mercier, de Carcassonne – Raimond de Casalis, d’Agen et Robert d’Épernon, « évêque des Français », sans que soit précisé si ce dernier était attaché à une région particulière ou s’il portait ce titre faute d’avoir pu s’implanter de façon précise dans un royaume où les « cathares » connaissaient invariablement un sort funeste.Read more

L’Amélioration au Moyen Âge

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L’Amélioration

Présentation

Rituel d’entrée en Catharisme

La réalisation de ce rituel signe l’entrée d’un auditeur (sympathisant) en vie chrétienne et en fait dès lors un croyant, c’est-à-dire une personne qui chemine sur la voie qui mène au baptême, la Consolation. Read more

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