Avignonet Lauragais
La commune d’Avignonet, se situe dans le département de la Haute-Garonne, au Sud-Est de Toulouse, au cœur de la région du Lauragais.
La commune d’Avignonet, se situe dans le département de la Haute-Garonne, au Sud-Est de Toulouse, au cœur de la région du Lauragais.
Laurac, est une petite commune du Nord-Ouest du département de l’Aude. Elle se trouve en bordure de la vaste plaine du Sud-Ouest toulousain, sur le flanc sud d’une des premières collines de la micro-région de la Piège. C’était au Moyen-Âge un important castrum, capitale jusqu’au XIVème siècle de la région à laquelle elle a donné son nom, le Lauragais. Au cours des XIIème et XIIIème siècles, le castrum a été un haut lieu du catharisme.Read more
Castelnaudary, est une petite ville située au Nord-Ouest du département de l’Aude. On la considère depuis le XIVème siècle, à la suite de Laurac (-le-Grand [11]), comme la capitale du Lauragais. Elle se trouve au cœur de la vaste plaine du Sud-Est du Toulousain, entre les premiers contreforts de la Montagne Noire, et les collines de la Piège ; c’est un carrefour sur les axes Toulouse-Carcassonne, et Tarn-Ariège. Au cours du Moyen-âge, elle a été, comme toutes les localités alentour, un important foyer du catharisme, où de marquants évènements se sont déroulés lors de la fameuse « affaire Albigeoise » (1208-1329).
En 1211, pour éviter qu’elle ne serve de base et d’étape aux troupes croisées, la ville sera évacuée puis incendiée par Raymond VI qui tentera ainsi de freiner l’avance de l’ost catholique vers Toulouse. Cependant, Simon de Montfort, mesurant la valeur stratégique du bourg, s’emparera de celui-ci et en fera réédifier les murs afin d’y établir une garnison. À la fin de l’été de la même année, suite à l’échec, fin juillet, du siège de Toulouse par l’armée francilienne, la coalition occitane passera à la contre-attaque. Ce faisant elle viendra faire le siège de Castelnaudary où ses troupes et machines de guerre camperont en un lieu (aujourd’hui le quartier Mauléon) non loin du castrum ; ce dernier était alors occupé par la garnison de la place et les soldats croisés qui avaient abandonné Montferrand (11). La population de la cité, quant à elle, devant le danger, préfèrera fuir la ville et rejoindra l’armada languedocienne. Simon de Montfort, depuis Carcassonne, voulant en découdre au plus vite, fit route à marche forcée vers la ville qui subissait un vague blocus, et n’était pas, faute de plan de la part des occitans, réellement attaquée. Le comte français, dans l’attente de secours qu’il avait envoyé mander, décida, par choix tactique, de s’y laisser enfermer. Commença dès lors une guerre de positions. À la nouvelle que le comte de Monfort était, pensait-on, emprisonné dans le castrum assiégé, toute la région environnante se souleva et se libéra (pour quelques mois cependant) du joug des croisés. C’est alors que les renforts arrivant de Lavaur (81), seront interceptés par le comte de Foix. La bataille eut lieu (aujourd’hui signalée par un panneau didactique) entre les communes de Saint-Martin-Lalande (11) et Lasbordes (11), à quelques kilomètres de la cité chaurienne. Tournant dans un premier temps à l’avantage des coalisés, elle s’achèvera, après une intervention de chevaliers menés par l’intrépide chef catholique venus à la rescousse du convoi, sans vainqueur, ni vaincu. Presqu’aussitôt le comte de Toulouse, mettra un terme au siège, et par là même, à la contre-offensive qui l’avait amené sous les murs de la cité lauragaise, laissant ainsi Montfort maître de la place. Presque deux ans plus tard, Castelnaudary sera l’écrin d’un événement d’importance pour la famille de Monfort. Selon son souhait Amaury, son fils, y sera armé chevalier. Sous une grande tente dressée sur une vaste prairie qui s’étendait aux pieds des remparts regardant les Pyrénées (aujourd’hui, le grand bassin du Canal du Midi), le fils sera adoubé par son père le 24 juin 1213, jour de la Saint-Jean. Mais Amaury et Simon ne chevaucheront que peu d’années ensemble. Le 25 juin 1218 le chef de l’ost croisé sera tué au siège de Toulouse, laissant Amaury désemparé, et désormais chargé de la préservation des terres conquises ainsi que de la poursuite de la croisade contre les cathares. Cependant depuis 1216, les temps ont changé, les possessions des Montfort sont contestées par le jeune Raymond VII qui combat pour récupérer les domaines de ces ancêtres. C’est dans ce contexte de reconquista qu’au printemps 1220, ce dernier marche sur Castelnaudary et l’investit. Amaury de Montfort va réagir en venant assiéger la cité, dont il s’était auparavant retiré. et dans laquelle se trouve de nombreux hérétiques (chrétiens cathares) qui s’y étaient réinstallés. Parmi eux se trouvaient le célèbre hérésiarque (évêque cathare) Guilhabert de Castres, et le diacre du Sabarthès, Raymond Agulher, qui seront évacués par des chevaliers croyants, au vu du risque encouru pour l’Église cathare s’ils venaient à être capturés. Au cours d’un des combats, qui n’ont pas manqué d’émailler ces huit mois de siège, fut mortellement blessé le chevalier et croyant cathare Raymond de Roqueville, qui recevra le consolament des mourants (baptême cathare) par deux parfaits (chrétiens consolés) accourus à sa demande. En février 1221, de guerre lasse, Amaury lèvera le camp, pour se replier à nouveau sur Carcassonne. Cinq années passèrent. En 1226, le roi Louis VIII, décidant de rentrer à Paris, après avoir renoncé à prendre Toulouse, fit halte à Castelnaudary. Le bayle du comte de Toulouse d’alors, Pierre Marty, qui avait défendu la place lors du siège d’Amaury de Montfort, prit de panique, demandera l’asile à Bernard-Othon de Niort, qui le cachera quelques jours à Laurac, puis au donjon de Besplas. Il y rejoindra Guilhabert de Castres et quelques parfaits qui s’étaient cachés là dès l’annonce de l’arrivée de la croisade royale. Puis la guerre contre les Albigeois se terminera en 1229 par la signature du traité de Paris. Les clauses de celui-ci prévoyaient la démilitarisation du comté de Toulouse. Certaines de ses places fortes devaient être démantelées, les autres, dont Castelnaudary, devaient être neutralisées. Pour son compte, la cité chaurienne sera occupée par des troupes royales pendant dix ans. Dix-huit mois plus tard la ville servira cette fois de lieu d’entrevue entre l’évêque de Tournai, Gauthier de Marnis et Raymond VII. Le nouveau légat du pape Honorius III, y rappellera pour lors fermement au comte de Toulouse ses manquements dans l’observance les modalités, concernant la lutte contre les hérétiques, du traité qu’il avait pourtant signé quelques mois plus tôt. L’année 1233, suite à l’échec de l’Inquisition épiscopale établie en 1229, verra l’instauration de l’Inquisition papale confiée aux ordres mineurs. C’est au cours de leur tournée inquisitoriale en Lauragais, en janvier 1242, que les frères Guillaume Arnaud et Étienne de Saint-Thibéry, s’arrêteront à Castelnaudary. Ils se trouveront devant un véritable mur du silence de la part de la noblesse locale, qui avait pour s’assurer le mutisme de la population, lancé des menaces de mort à l’encontre de tout éventuel délateur qui serait démasqué. Malgré l’assassinat des inquisiteurs à Avignonet (28 mai 1242), Castelnaudary sera le théâtre, à Pâques 1243, du bûcher, sur condamnation de frère Ferrer, d’un homme et de son petit-fils, deux hérétiques cathares de Montgaillard (31). Cependant, la ville et la région ne comptaient pas seulement que des hérétiques ; l’inquisiteur Hugues Amiel, qui officia dans la seconde moitié du XIIIème siècle, était lui aussi natif du bourg. Enfin le nom de Castelnaudary apparaîtra une dernière fois dans « l’affaire Albigeoise ». En 1319, une partie du procès du révolté moine franscicain Bernard Délicieux, accusé d’avoir soulevé le peuple contre l’Inquisition au cours de « la rage carcassonnaise », se tiendra dans la future capitale du Lauragais…
Dans une tournée du Catharisme en Lauragais, Castelnaudary est une étape importante. Il faut pour ressentir l’ambiance qui régnait entre ses murs avant la croisade, se promener dans le quartier de la Baffe, où se trouvaient les ateliers tenus par les bons-hommes tisserands (métier de prédilection des cathares revêtus), qui dispensaient, tout en travaillant, l’enseignement de la « nouvelle » croyance. Puis votre déambulation dans la vieille ville, vous mènera peut-être près de l’endroit où la noble et célèbre bonne-femme Blanche de Laurac (11) administrait en personne une maison hérétique dans laquelle des novices féminines se préparaient à recevoir, au bout d’un long cheminement spirituel, le consolament d’ordination. Au contraire, se balader du côté du Présidial, c’est flâner où se dressait le château médiéval, c’est alors imaginer la fièvre, l’âpreté et la violence des sièges et des combats. Avoir aperçu les vestiges des remparts, c’est avoir eu la vision des affrontements et des assauts où tant d’occitans se battirent pour la défense de leur liberté, de leurs terres, de leur civilisation… mais aussi, pour certains, de leur foi.
Le bassin du port est le second en taille, après le lac de Saint-Ferréol, qui assure le niveau d’approvisionnement du canal du Midi. Vous pourrez y louer des pénichettes sans permis pour une promenade au rythme de l’eau, non sans avoir auparavant dégusté le cassoulet, dont la cité chaurienne considère qu’elle en est la créatrice.
Publié le 26/06/2023 par Bruno Joulia
Les Cassés est une commune se situant au nord-ouest du département de l’Aude, au cœur de la région appelée le Lauragais.
Le village de Saint-Félix-Lauragais (Caraman au Moyen-Âge), se situe au Nord-Est du département de la Haute-Garonne. Il est planté au bord d’un plateau qui domine la plaine lauragaise de Revel, face à l’extrême pointe Ouest de la Montagne Noire. Occupée de tout temps, la position, alors ancien castrum Wisigoth, verra au Xème siècle l’édification d’un château. Il sera constitué, comme beaucoup de forts de l’époque, d’un donjon qui permettait une surveillance de tous les horizons et de remparts, aux pieds desquels se formera un bourg.
Peut-être est-ce dans cette petite forteresse que se tint le concile cathare en 1167. Après constat de l’importance de la prégnance de la «nouvelle» spiritualité, il fallait que lors d’une rencontre de ses hérésiarques, décision fut prise d’instaurer, de structurer ou réorganiser de véritables églises.
Le choix du lieu de la tenue d’une l’assemblée se porta sur Saint-Félix en raisons, de sa position au cœur du Lauragais, à peu près à égale distance des importantes villes de Toulouse, Albi et Carcassonne et de sa sécurité qui pouvait être assurée par Guillaume, seigneur du lieu, vassal du Vicomte Trencavel, et fervent sympathisant cathare lui-même.
Sous la présidence du pope Nicétas (Niquinta) évêque des Églises bogomiles (ou cathares d’Orient) venu expressément de Constantinople. Il y fut réglé un problème de bornage d’évêchés, y fut créé de nouveaux diocèses, et y fut procédé à de nouvelles ordinations. Cependant le fait majeur qui résulte de ces assises, est la reconnaissance par les Églises cathares d’Orient, des Églises cathares occitanes. Dès lors l’ensemble de ces dernières sera perçu comme une sorte de contre-Église face à l’Église catholique romaine.
Mais le concile ne résume pas à lui seul l’histoire de la période cathare du village.
Malgré l’arrivée de l’ost croisé en 1209, le bourg est toujours en 1211, le siège d’un diaconat cathare dont le diacre, un certain Bouffil, originaire des Cassès, est également le socius (compagnon) du diacre Guiraud de Gourdon, seigneur de Caraman.
Preuve du nombre important des croyants hérétiques à Saint-Félix et ses environs.
Peut-être est-ce le prétexte dont se saisit Simon de Montfort pour détruire le village et son château.
Celui-ci sera reconstruit ultérieurement.
Toutefois les habitants du bourg ne vont pas manquer de réagir dès la première occasion.
Quelques semaines plus tard, Saint-Félix et tout le pays alentour, apprenant la nouvelle du siège de Castelnaudary, dans lequel Simon de Monfort s’était laissé enfermé par choix tactique, se soulèveront et chasseront l’occupant français.
Néanmoins, la liberté retrouvée ne va durer que peu de temps ; au printemps 1212, les renforts reçus par les croisés, leur permettront de récupérer rapidement les localités qui s’étaient révoltées à l’automne de l’année précédente.
Et les campagnes militaires suivirent leurs cours.
En 1226, à l’annonce de l’arrivée de la croisade de Louis VIII en Languedoc, Saint-Félix, et une quinzaine de localités et châteaux de son terroir, feront l’objet d’un singulier marché.
Raymond VII comptant résister à l’ost royal, inféodera la contrée Saint-Félicienne au comte de Foix en contre-partie du ralliement de celui-ci à sa cause ; cela n’empêchera toutefois nullement le fier seigneur ariègeois d’aller offrir sa soumission au roi, assiégeant alors la ville d’ Avignon, qui… la refusera !
Puis, c’est en 1229, mettant fin à vingt ans de guerre, la signature de la paix de Paris.
La proclamation de celle-ci, suivie de la nouvelle de la venue du légat pontifical avec de nombreuses troupes à Toulouse, décidera le célèbre évêque hérétique Guilhabert de Castres, alors à Saint-Paul-Cap-de-Joux à prendre la fuite. Il sera amené clandestinement, par des passeurs, dans un cammas proche de Saint-Félix d’où il repartira accompagné et toujours sous protection, pour gagner le château d’Albédun (aujourd’hui le Bézu) dans le Razès.
Alors arrivera le temps de l’inquisition.
En 1242 les frères Guillaume Arnaud et Étienne de Saint-Thibéry en tournée inquisitoriale, passèrent à Saint-Félix comme dans la plupart des bourgs du Lauragais.
Malgré le danger, le village et ses alentours seront ultérieurement le terrain des tournées pastorales de Bernard de Mayreville descendu de Montségur, assurer la fonction de diacre du secteur.
L’année 1245, après le massacre des inquisiteurs (Avignonet 1242) et la chute de Montségur (1244), verra la reprise et la poursuite par le dominicain Bernard de Caux de la grande enquête d’Inquisition en Lauragais. Elle ne sera pas couronnée de succès concernant Saint-Félix, diaconat cathare ; sur cent soixante et onze personnes interrogées, seulement huit firent de maigres aveux.
Deux ans plus tard, le comte de Toulouse, Raymond VII, ayant récupéré ses droits sur le Lauragais, confiera à Sicard Alaman, administrateur de ses possessions, la tâche de reconstruire Saint-Félix selon les plans des bastides nouvellement crées, comme Tournon-d’Agenais ou Castelnau de Montmirail.
C’est la ville que nous voyons aujourd’hui, formée de deux rues parallèles et du nouveau château, érigé avec des parties de l’ancien.
Enfin en 1255 l’Église cathare occitane en exil en Lombardie, s’alarmant de l’absence totale de diacre en Lauragais, instituera dans cette fonction un certain Aymard qu’elle enverra aussitôt exercer en Vielmorès.
S’il est un site relatif au catharisme qu’il faut voir en Occitanie, c’est celui-ci. La visite du village de Saint-Félix est assurément indispensable. Au regard du concile qui s’y est tenu en 1167, certains considèrent l’endroit comme étant le berceau de l’hérésie en Occitanie. Pour qui adhère à la spiritualité Cathare, se rendre à Saint-Félix-Lauragais, c’est pourrait-on dire, réaliser en quelque sorte un pèlerinage.
Bruno Joulia, © 2023
Toujours dans le Lauragais, à huit kms à l’Est de Labécède se trouve planté sur une presqu’ile rocheuse, à l’instar de Minerve (34) et de Montolieu (11), cernée par la petite rivière le Tenten au Nord-Est et le ruisseau la Goutine au Sud-Ouest, le village de Verdun-Lauragais. Il se situe à 315 mètres d’altitude sur le flan méridional de la Montagne Noire, face aux Pyrénées et dominant la vaste plaine de Castelnaudary. Son relatif isolement n’empêchera nullement de le préserver de l’ancrage du catharisme lors des XIIème et XIIIème siècles, en faisant même, au contraire, un des derniers saillants de celui-ci en Lauragais au tout début du siècle suivant.
Ce n’est qu’en 1152 que les fils d’Hugues de Saissac, annoncent à leur suzerain Raymond Trencavel (le vicomte d’Albi, Carcassonne, Béziers) avoir pris la décision de la fondation d’un castrum au lieu de Verdun. Le site est alors entouré de remparts et pourvu de deux portes (que l’on devine encore de nos jours), la porte d’aval et la porte du Cers.
Le castrum aura, comme tous les castrums du Lauragais de cette époque, sa maison d’hérétiques cathares, où les jeunes gens du bourg venaient apprendre à tisser et s’instruire en religion.
L’opération militaire contre les albigeois (1209-1229) ne génèrera aucun événement à Verdun. Malgré les instaurations successives des inquisitions épiscopales (1229) et dominicaines (1233), il faudra attendre le début des années 1240, pour que le nom du castrum soit par l’entremise de son bayle, cité pour un acte de violence. Sur incitation de ce dernier et du collecteur de dimes, une dizaine d’habitants de Caraman tendront une embuscade au curé de Vitrac (81) et son clerc. Le prêtre parviendra à s’enfuir, mais le clerc sera assassiné et jeté dans un puits. Nous ne savons rien sur les suites (s’il y en a eu) de cette affaire. Faute d’informations, nous ne pouvons que supposer la quiétude du village et de ses abords immédiats, pour les quelques années qui ont suivi cet événement vengeur…
Néanmoins, nous apprenons, qu’en l’an 1254, Raymond Donati, de son nom en religion Montouty, diacre cathare de Toulouse, prêchait dans un bois proche de Verdun. La même année, peut-être à seulement quelques jours ou semaines de distance des prédications, hasard ou coincidence ?, l’inquisition perquisitionne le castrum. C’est alors, en ces tragiques moments, que des croyantes de Dreuilhe et de Verdun vont annoncer, aux parfaits du lieu qui se cachaient au bord de la rivière le Tenten, leur départ imminent pour l’Italie afin de s’y faire ordonner ; le Lauragais ne disposant plus à cet instant de diacre pour conférer le sacrement.
L’opération terminée, trois des « héréticus perfectus » qui s’étaient préservés de l’intervention inquisitoriale, sachant ne plus pouvoir retourner chez les croyants, seront cachés et ravitaillés pendant deux mois dans les environs du castrum. Puis l’un d’eux se terrera encore quelques temps au lieu-dit les Pierres Blanches, tout près du bourg. Il s’appelait Guillaume Carrère. Après avoir mené une douzaine d’années durant, la vie clandestine d’un parfait de son temps, découragé, il finira par abjurer volontairement sa foi hérétique auprès de l’inquisition.
La pression du tribunal de la foi s’accentuant, nombre de verdunois et verdunoises choisiront l’option d’aller chercher refuge en Lombardie, à l’exemple du natif du castrum, le parfait Bernard Ollier vu en la ville de Pavie, et que l’on retrouvera avec rang d’évêque, à Sirmione par la suite. Pour l’anecdote, il avait été de ceux qui avaient soutenu Guillaume Carrère, quand celui-ci se cachait dans les bois du village.
En 1305, une nouvelle et grande rafle sera ordonnée par l’inquisiteur Geoffroy d’Ablis, elle aboutira à l’envoi de dix-huit habitants du castrum au mur (prison inquisitoriale) de Carcassonne. Elle permettra également à l’enquête de se mettre sur la piste de l’église des frères Authier, dont les membres avaient rendu de fréquentes visites aux bons croyants et bonnes croyantes du bourg.
Quatre ans plus tard, la traque des disciples de Pierre Authié se poursuivant, c’est l’arrestation de l’un d’eux, Amiel de Perles, dans une borde dans les environs de Verdun. Parmi les soutiens actifs des bons chrétiens de la dernière église cathare occitane des frères Authié, figuraient trois fidèles issus du castrum, Guilhem Falquet, Pèire Bernier et sa femme Serdane, preuve, s’il en est, de la résistance de la population verdunoise à la répression inquisitoriale. Pèire Bernier, sera quant à lui, après avoir été arrêté et condamné comme relaps, les inquisiteurs disaient « comme un chien retourne à son vomi », un des cinq brûlés originaires de Verdun, des 25 cathares exécutés à Toulouse entre 1308 à 1321.
Verdun, nous venons de le voir, de par son histoire, est une étape incontournable pour qui voudrait sillonner « les routes du catharisme » en Lauragais. Sur place, vous pourrez y constater la configuration remarquable du castrum, dont les contours sont parfaitement adaptés à la topographie du lieu. L’hérésie albigeoise y a été particulièrement présente et ses adeptes singulièrement fervents. De grands noms du Catharisme, y ont séjournés, y ont prêché, y ont consolé, s’y sont réfugiés… 800 ans plus tard, l’endroit transpire encore leur présence. C’est un haut lieu du catharisme qu’il faut absolument visiter.
Bruno Joulia – Peyrens (11400) ©2023 (texte et photos)
Le Mas-Saintes-Puelles est aujourd’hui, une modeste commune située dans le département de l’Aude. Elle est nichée, à quelques kilomètres à l’Ouest de Castelnaudary, au pied des premières collines de la microrégion de la Piège, en bordure de la grande plaine lauragaise. Au cours des XIIème et XIIIème elle a été un haut-lieu de l’hérésie Albigeoise.
Dans l’occitanie, du XIIème et du tout début du XIIIème siècles, les prélats de l’église catholique romaine, prédateurs, corrompus, n’assurant plus leur tâche, permettront, en ne donnant plus l’exemple de la probité, du détachement du temporel et de la charité, l’implantation et la diffusion du catharisme.
La petite noblesse rurale d’alors, dans un large ensemble, se détournera de la grande Église et adhèrera par conséquent sans réserve à la secte prêchant la « nouvelle » foi. La famille seigneuriale du Mas ne fit pas exception à la règle ; comme nombre de membres de la caste nobiliaire de cette époque, la châtelaine Garsende, deviendra bonne femme, c’est à dire ordonnée dans la contre-Église Albigeoise, et tiendra maison hérétique en son fief. Sa vie terrestre s’achevera, après une long sacerdoce, sur le même bûcher que celui de sa fille Gailharde, elle aussi parfaite, peu avant 1245. C’est également dans son village natal que l’on verra officier un parfait du nom de Raymond du Mas, avant son départ, en raison de la pression grandissante de l’Inquisition, pour le refuge pyrénéen de Montségur. Il en descendra avec rang de diacre pour le Vielmorès, mais pour peu de temps, car sentant les filets du tribunal de la foi se resserrer dangereusement, il décidera de fuir en Lombardie (Italie). Quant aux seigneurs et chevaliers, qui n’avaient pas choisis la vêture, ils prendront le parti des armes. À l’image de Jourdain du Mas, le petit-fils de Garsende, ils résisteront aux envahisseurs croisés puis à l’inquisition. En 1242, la famille seigneuriale du Mas s’impliquera grandement, comme de juste, dans le massacre des inquisiteurs à Avignonet (31). Afin que le chef du commando descendu de Montségur (09), Pierre-Roger de Mirepoix, puisse diriger l’opération en toute quiétude, elle mettra à sa disposition le petit castrum d’Antioche (proche de Payra-sur-l’Hers 11410). De là partira la troupe chargée de la besogne, dans laquelle seront compris le jeune noble du Mas et ses cousins massogiens, Jourdain et Bertrand de Quiders. Le forfait commis, le commando retournera à sa base emmenant avec lui Jordanet (surnom de Jourdain du Mas) vers son exil pyrénéen. Mais sa destinée va très vite le rattraper; il trouvera la mort en défendant le refuge cathare lors du siège de celui-ci par les troupes royales en 1244. Parmi les soixantes victimes connues, sur un peu plus de deux cent selon les témoignages, du bûcher qui suivit la chute du pog, figurent Raymonde Barbe, fille de dame Na Rica du Mas-Sainte-Puelles, et le parfait Pierre du Mas originaire du bourg éponyme. Par la suite, les enquêtes inquisitoriales menées après ce tragique épisode, révèleront que Jourdain le vieux, le père du jeune héros Jordanet, à été, également et évidemment pourrait-on dire, croyant des hérétiques. Bertrand de Quiders, pour sa part, affirmera plus tard s’être enfui en Lombardie grâce à l’argent que lui aurait donné le comte de Toulouse Raymond VII (soupçonné d’être le commanditaire des assassinats d’Avignonet) et Sicard Alaman (l’administrateur des possessions du comte). En 1285, pour réaffirmer son emprise trop longtemps contestée sur les âmes du Mas, l’Église catholique y fondera un couvent avec une grande Église, qu’occuperont des moines de l’ordre de Saint-Augustin. Preuve, s’il en est, de la place considérable qu’avait pris le catharisme dans le village. Le nom du bourg apparaîtra encore bien des fois dans les registres des enquêtes inquisitoriales qui se poursuivront jusqu’à la fin du XIIIème siècle et même après. Il résonnera à nouveau à l’occasion d’une péripétie qui se produira au début du XIVème siècle. En 1320 l’ancienne châtelaine de Montaillou (09), Béatrice de Planissolles, suspectée d’hérésie (cathare), sorcellerie, et blasphème sera sommée de comparaître devant le tribunal d’inquisition de Pamiers. Affolée, elle tentera désespérement de se soustraire des griffes de l’accusation en prenant la fuite; cependant recherchée avec zèle, elle sera retrouvée et arrêtée, au cœur du Lauragais, dans la petite localité du Mas-Saintes-Puelles où elle se cachait…
L’histoire du catharisme est affaire de famille. La famille ou plutôt le clan seigneurial du Mas-Saintes-Puelles a été, peut-être plus que tous autres (Lanta, Laurac…), grandement empreint de l’hérésie Albigeoise. Plusieurs de ses membres ont même embrassé la «nouvelle spiritualité» au point de devenir des religieux de la contre-église hérétique. À leur exemple environ cinquante pour cent de la population du bourg a adhéré à la croyance dissidente. Un record absolu en Lauragais, mais aussi certainement au-delà. On ne peut prétendre avoir visité le Lauragais cathare, sans avoir fait une halte au Mas-Saintes-Puelles. Malgré les destructions qu’eut à subir le village au cours de son histoire, on peut encore y voir, comme menus témoins de cette époque, des vestiges du château, sur une partie desquels à été bâtie l’église (voir l’abside) et dont le sommet du clocher semble assis sur une des tours. Déambuler dans les rues du village (dont le nom de certaines nous rappelle le passé : rue des remparts, rue du couvent…), c’est marcher sur les pas des cathares, s’en rapprocher autant que faire se peut, sentir leur présence par delà les siècles… .Encore un site, pour qui s’intéresse à la célèbre hérésie, absolument incontournable.
© Bruno Joulia
Le village se trouve au Nord-Ouest du département de l’Aude, sur les premiers contreforts de la Montagne Noire, à 306 mètres d’altitude. Il campe sur un promontoire, enserré entre une dépression de terrain à l’Ouest et le cours de l’Argentouire à l’Est, d’où l’on voit, au Sud, la grande plaine Lauragaise et l’étendue de la chaine des Pyrénées. Cette particularité topographique explique par elle-même l’existence d’un castrum au moyen-âge, suite d’une occupation ancienne. Comme toutes les communautés villageoises lauragaises, de plaine ou de montagne, Labécède n’échappera pas, du XIème au XIIIème siècle, à l’apparition et à l’implantation du Catharisme.
Sa situation géographique privilégiée en fera un lieu de villégiature et de refuge de grandes figures de l’hérésie, et sera peut-être même une des raisons pour laquelle on en fit le siège d’un diaconat de l’église dissidente.
La première mention qui faisant état de la présence d’un cathare revêtu à Labécède est celle d’Arnaud Jougla (vers 1205) qui enseigne ses fils dans les préceptes hérétiques. Son fils Pierre, et son épouse Ava, deviendront à leur tour parfait et parfaite, Pierre ne le restant cependant que quelques années.
Toujours au sein du castrum, sont également attestés en ces temps de paix, les hérétiques Raymond de Recaut, Pierre Guilhem, ainsi qu’une communauté d’une dizaine de bonnes femmes, preuves évidentes, de la bonne vitalité du catharisme en cette période et dans ce secteur du Lauragais, épicentre de l’hérésie.
Mais cela ne va malheureusement pas durer…
En 1209, le pape Innocent III, voyant la foi catholique menacée par cette « nouvelle » spiritualité, fera, suite à l’échec des prédicateurs catholiques pour ramener les égarés à l’Église de Rome, appel aux armes pour l’éradiquer.
Une tempête de fer et de feu va s’abattre sur les terres Occitanes et en changer à jamais la destinée (principalement le comté de Toulouse et la vicomté de Béziers, Albi, Carcassonne).
Le quotidien des hérétiques va s’en trouver considérablement bouleversé. Ceux qui en auront le temps, fuiront les zones de combat et d’occupation, les autres entreront en clandestinité.
Malgré une situation de plus en plus difficile, la menace militaire, les bûchers (140 bons hommes et bonnes femmes périssent à Minerve (34) en 1210, 400 parfaites et parfaits brûlés à Lavaur (81) en 1211 et 60 cathares brûlés à Les Cassés (11) la même année), l’église cathare va continuer de prêcher, d’ordonner, de consoler. Même dans les pires moments, et ce jusqu’aux derniers de ces membres, elle n’abandonnera jamais ces fidèles…
C’est dans ce contexte, qu’en 1215, le diacre Bernard de la Mothe siège à Labécède-Lauragais. Il réside alors avec un autre hérésiarque de la contre-église albigeoise, Guilhabert de Castres, fils majeur du patriarche cathare Gaulcem, évêque du toulousain, lequel, loge également d’ailleurs, en compagnie de son coadjuteur.
Devenu à son tour patriarche cathare du toulousain, l’illustre Guilhabert, malgré sa nouvelle charge, continuera à séjourner régulièrement dans le bourg, avant son départ définitif pour Montségur en 1232, car l’église cathare y possédait une maison. C’est dans celle-ci qu’il recevra Guiraud de Gourdon, diacre de Caraman, cousin du grand seigneur occitan Bernard-Othon de Niort, sous la protection du seigneur du lieu, Pagan, et de Trèsemine de Roqueville.
Néanmoins il n’y avait pas que des hérétiques qui rendaient visite et séjournaient au castrum. Vers 1226, Arnaud Baro, chapelain de Saint-Michel de Lanès venait ainsi s’assoir à la table des parfaits de Labécède, quand il n’en invitait pas, parfois, à la sienne.
Mais, ce qui était pour certains un havre de paix, un refuge, ou un foyer spirituel était pour d’autres, une verrue dont il fallait se débarrasser.
Pour plaire à la couronne de France, Humbert de Beaujeu, sénéchal de Carcassonne, pris la décision de liquider ce nid d’hérétiques ; il vint en faire le siège durant l’été 1227.
La garnison du castrum qui avait été renforcée l’année précédente par Raymond VII, était alors commandée par les chevaliers Olivier de Termes et Pons de Villeneuve. L’armée française comptait, elle, dans ses rangs, puisque l’affaire regardait aussi l’église de Rome, l’archevêque de Narbonne et Foulques, l’évêque de Toulouse. Ce dernier, qui vint une fois à passer devant les remparts, s’entendit crier au loin par les assiégés : « Voilà l’Évêque des démons ! »
Alors ceux qui l’accompagnait lui dirent :
« — Entendez-vous qu’ils vous appellent l’Évêque des démons ? »
« — Oui ! Répondit messire Foulques, et ils disent la vérité ; car ce sont des démons et je suis leur évêque ! »
Cependant, les machines de guerre frappèrent si bien les remparts, les habitations, et firent tant de dégâts, que la place ne put résister. Chevaliers, soldats, et habitants s’enfuirent nuitamment.
Le lendemain, une brèche ayant été ouverte dans les fortifications, l’assaut fut donné. Tous ceux qui n’avaient pu s’échapper furent massacrés. La plupart au moyen de l’épée, les autres à coup de pierres, à l’exception toutefois, des femmes et des jeunes enfants, sauvés grâce au zèle de l’évêque catholique. Quant aux hérétiques et à leur diacre, Géraud de la Mothe, frère de Bernard, devenu fils majeur du légendaire Guilhabert de Castres, ils furent livrés aux flammes.
En 1229 la paix fut enfin signée. Le traité de Paris entérina la défaite occitane. Une de ses clauses prévoyait la remise de places fortes au roi de France ; le castrum, en raison de sa situation et de son passé, fut du nombre.
On crut que le catharisme, ferait désormais parti du passé à Labécède-Lauragais.
Il n’en fut rien. Dès 1231, quelques cathares s’y réunirent à nouveau, sous l’égide du seigneur Pons de Saint-Michel. Parmi eux se trouvait un clerc, Guillaume Raymond qui, à cette occasion, lut le Nouveau Testament, que les hérétiques expliquèrent dans leur prêche, à l’assemblée.
L’année suivante, seront capturés, une nuit, dans la forêt de Labécède, Pagan, son ancien seigneur faydit devenu parfait et dix-neuf sectaires, par Raymond du Fauga, le nouvel évêque catholique de Toulouse, et le comte Raymond VII. Sous la pression de l’église romaine, ce dernier se verra contraint de prononcer à leur encontre, la peine du bûcher.
Puis, à la suite de l’Inquisition épiscopale, qui ne donna pas, finalement, les résultats escomptés, vint le temps de l’inquisition dominicaine.
Cette dernière à peine instaurée, en 1233, le castrum aura les « honneurs » de la visite des frères Guillaume Arnaud et Pierre Sellan qui sillonnaient alors la région à la recherche d’hérétiques.
Pendant que certains enquêtaient au grand jour, d’autres prêchaient dans l’ombre.
C’est en cette époque, que l’est, le sud-est du Lauragais et Labécède, seront les théâtres des prônes secrets, jusqu’à sa capture par l’abbé de Saint-Papoul en 1241, du diacre cathare Guillaume Vital. La vie terrestre de l’hérétique s’acheva probablement par le supplice du feu, en la ville de Toulouse.
Début du XIVème siècle, en l’an 1305, le dominicain Geoffroy d’Ablis, à la recherche des membres de la petite église cathare de la reconquête des frères Autier, ordonnera une rafle des populations de Prunet, Verdun et…Labécède-Lauragais qu’il fera déporter pour interrogatoires, au siège du diocèse inquisitorial de Carcassonne.
Cette fois-ci, le catharisme, moribond car mortellement blessé, s’éteignit lentement à Labécède comme en Lauragais.
Les évènements liés au catharisme qui se sont déroulés dans ce petit village de la Montagne Noire lauragaise, donnent à celui-ci une réelle et incontestable importance historique. C’est toutefois aujourd’hui, un lieu tombé dans l’oubli, auquel il faut cependant se rendre. Hors des circuits touristiques traditionnels, il est resté un site authentique, qu’il est grandement recommandé de visiter. On peut encore y voir de grands pans des fortifications, la porte nord robustement assise, couronnée d’une salle de guet, une place nommée place de la brèche (par laquelle les croisés auraient donné l’assaut), les murs d’enceinte du castellas ou château-fort (aujourd’hui disparu) situés près de l’église, en dehors et en aval du village, au-dessus du moulin sur l’Argentouyre, une tour de guet (propriété privée) partie intégrante du système défensif du castrum.
Déambuler dans les rues de Labécède-Lauragais, c’est voir les allées et venues des silhouettes émaciées des hérétiques, entendre les prêches, les consolaments conférés, deviner la fureur et l’horreur des massacres, éprouver l’angoisse à la simple évocation de l’inquisition.
Allez à Labécède-Lauragais, une grande page de l’histoire du catharisme occitan vous y attend !
Toujours dans le Lauragais, à huit kms à l’est de Labécède se trouve planté sur une presqu’ile rocheuse, à l’instar de Minerve (34) et de Montolieu (11), cernée par la petite rivière le Tenten au Nord-Est et le ruisseau la Goutine au sud-ouest, le village de Verdun-Lauragais. Il se situe à 315 mètres d’altitude sur le flan méridional de la Montagne Noire, face aux Pyrénées et dominant la vaste plaine de Castelnaudary. Son relatif isolement n’empêchera nullement de le préserver de l’ancrage du catharisme lors des XIIème et XIIIème siècles, en faisant même, au contraire, un des derniers saillants de celui-ci en Lauragais au tout début du siècle suivant.
Ce n’est qu’en 1152 que les fils d’Hugues de Saissac, annoncent à leur suzerain Raymond Trencavel (le vicomte d’Albi, Carcassonne, Béziers) avoir pris la décision de la fondation d’un castrum au lieu de Verdun. Le site est alors entouré de remparts et pourvu de deux portes (que l’on devine encore de nos jours), la porte d’aval et la porte du Cers.
Le castrum aura, comme tous les castrums du Lauragais de cette époque, sa maison d’hérétiques cathares, où les jeunes gens du bourg venaient apprendre à tisser et s’instruire en religion.
L’opération militaire contre les albigeois (1209-1229) ne génèrera aucun événement à Verdun. Malgré les instaurations successives des inquisitions épiscopales (1229) et dominicaines (1233), il faudra attendre le début des années 1240, pour que le nom du castrum soit par l’entremise de son bayle, associé à un acte de violence. Sur incitation de ce dernier et du collecteur de dimes, une dizaine d’habitants de Caraman tendront une embuscade au curé de Vitrac (81) et son clerc. Le prêtre parviendra à s’enfuir, mais le clerc sera assassiné et jeté dans un puits. Nous ne savons rien sur les suites (s’il y en a eu) de cette affaire. Faute d’informations, nous ne pouvons que supposer la quiétude du village et de ses abords immédiats, pour les quelques années qui ont suivi cet événement vengeur…
Néanmoins, nous apprenons, qu’en l’an 1254, Raymond Donati, de son nom en religion Montouty, diacre cathare de Toulouse, prêchait dans un bois proche de Verdun. La même année, peut-être à seulement quelques jours ou semaines de distance des prédications, hasard ou coincidence ?, l’inquisition perquisitionne le castrum. C’est alors, en ces tragiques moments, que des croyantes de Dreuilhe et de Verdun vont annoncer, aux parfaits du lieu qui se cachaient au bord de la rivière le Tenten, leur départ imminent pour l’Italie afin de s’y faire ordonner ; le Lauragais ne disposant plus à cet instant de diacre pour conférer le sacrement.
L’opération terminée, trois des « héréticus perfectus » qui s’étaient préservés de l’intervention inquisitoriale, sachant ne plus pouvoir retourner chez les croyants, seront cachés et ravitaillés pendant deux mois dans les environs du castrum. Puis l’un d’eux se terrera encore quelques temps au lieu-dit les Pierres Blanches, tout près du bourg. Il s’appelait Guillaume Carrère. Après avoir mené une douzaine d’années durant, la vie clandestine d’un parfait de son temps, découragé, il finira par abjurer volontairement sa foi hérétique auprès de l’inquisition.
La pression du tribunal de la foi s’accentuant, nombre de verdunois et verdunoises choisiront l’option d’aller chercher refuge en Lombardie, à l’exemple du natif du castrum, le parfait Bernard Ollier vu en la ville de Pavie, et que l’on retrouvera avec rang d’évêque, à Sirmione par la suite. Pour l’anecdote, il avait été de ceux qui avaient soutenu Guillaume Carrère, quand celui-ci se cachait dans les bois du village.
En 1305, une nouvelle et grande rafle sera ordonnée par l’inquisiteur Geoffroy d’Ablis, elle aboutira à l’envoi de dix-huit habitants du castrum au mur (prison inquisitoriale) de Carcassonne. Elle permettra également à l’enquête de se mettre sur la piste de l’église des frères Authier, dont les membres avaient rendu de fréquentes visites aux bons croyants et bonnes croyantes du bourg.
Quatre ans plus tard, la traque des disciples de Pierre Authié se poursuivant, c’est l’arrestation de l’un d’eux, Amiel de Perles, dans une borde dans les environs de Verdun. Parmi les soutiens actifs des Bons Chrétiens de la dernière église Cathare Occitane des frères Authié, figuraient trois fidèles issus du castrum, Guilhem Falquet, Pèire Bernier et sa femme Serdane, preuve, s’il en est, de la résistance de la population verdunoise à la répression inquistoriale. Pèire Bernier, sera lui, après avoir été arrêté et condamné comme relaps, les inquisiteurs disaient « comme un chien retourne à son vomi », un des cinq brûlés originaires de Verdun, des 25 cathares exécutés à Toulouse entre 1308 à 1321.
Verdun, nous venons de le voir, de par son histoire, est une étape incontournable pour qui voudrait sillonner « les routes du catharisme » en Lauragais. Sur place, vous pourrez y constater la configuration remarquable du castrum, dont les contours sont parfaitement adaptés à la topographie du lieu. L’hérésie albigeoise y a été particulièrement présente et ses adeptes singulièrement fervents. De grands noms du Catharisme, y ont séjournés, y ont prêché, y ont consolé, s’y sont réfugiés… 800 ans plus tard, l’endroit transpire encore leur présence. C’est un haut lieu du catharisme qu’il faut absolument visiter.
Bruno Joulia – Peyrens (11400) ©2023 (texte et photos)
Carte des «Pays de France» centrée sur le Sud-Occitanie (en blanc, la limite des départements)![]() |
Vous venez régulièrement vous informer à propos du catharisme et vous voudriez visiter les sites en rapport avec ce sujet. Il suffit de jeter un coup d’œil sur Internet pour comprendre que la plupart des sites sont essentiellement à visée commerciale et que leurs informations sont douteuses ou périmées. Si vous avez visité ce site, vous avez pu comprendre que nos informations sont à la pointe de la recherche et que nos renseignements sont vérifiables et sourcés, quand ils ne sont pas carrément en avance sur les recherches universitaires. Les circuits proposés ci-dessous sont réalisables en une ou deux journées à partir de n’importe quel lieu du circuit. Ainsi, vous pouvez réaliser un ou plusieurs circuit selon la durée de votre séjour chez nous. L’auteur de ces propositions de promenades touristiques dans les territoires ayant été impliqués dans le catharisme et sa répression, en propose d’autres sur son compte Facebook. |
Cette zone aux contours relativement flous, tire son nom d’un ancien castrum : Laurac, dont le seigneur en titre était une femme, Blanche de Laurac, qui se fit également consolée, c’est-à-dire cathare. Il faisait partie pour l’essentiel de l’évêché cathare du Toulousain. Voyez sur le plan ci-joint, ses limites approximatives.
Difficile de parler du Lauragais sans évoquer ces personnages qui émaillent les récits des historiens : Blanche de Laurac, Guiraude de Lavaur et son frère Aymeric de Montréal.
Les lieux aussi sont porteurs d’histoire : Laurac, qui donna son nom à la région, Labécède, Issel, Saint-Papoul, Verdun où les suspects d’hérésie se multiplièrent entre deux passages de l’Inquisition, etc.
Le Lauragais fut sans aucun doute au centre du catharisme médiéval, de Saint-Félix qui reçu le concile catharo-bogomile fondateur des Églises cathares du Languedoc à Avignonnet où fut commis un massacre qui déclencha le siège de Montségur qui en marqua la fin.
Si vous venez en vacances, nous vous conseillons de vous installer sur l’axe Revel-Castelnaudary autour duquel vous aurez de nombreux sites à visiter. En dehors du sujet du catharisme, la retenue de Saint-Ferréol, principal réservoir du canal du Midi de Pierre-Paul Riquet, vous offrira de quoi vous rafraîchir en famille et les abbayes de Sorèze et d’En Calcat (Dourgne) vous plongeront au cœur du chant grégorien.
Initialement inclus dans l’évêché cathare du Carcassès, dépendant de Carcassonne, il prit son indépendance lorsque les avancées de la croisade contre les albigeois (cathares) scinda le Carcassès, rendant les déplacements internes plus dangereux. Voici une carte très approximative de la zone concernée.
Intrigué par le fait — révélé lors de mes lectures—, qu’aucun auteur n’ait pu situer avec précision le lieu-dit le Pas de las Portas, je me suis mis en quête d’élucider cette question. Voici le résultat de mes recherches.Read more