Actes des apôtres – Chapitre 8

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Actes des apôtres

Chapitre 8

1 – Et Saul approuvait le meurtre. Or ce jour-là, il y eut une grande persécution contre l’église de Jérusalem. Tous, sauf les apôtres, furent dispersés dans les pays de Judée et de Samarie.
2 – Mais des hommes pieux recueillirent Etienne et firent sur lui une grande lamentation.
3 – Quant à Saul, il malmenait l’église, entrant dans les maisons et traînant des hommes et des femmes qu’il faisait jeter en prison.
4 – Ceux donc qui avaient été dispersés passaient en annonçant la parole.
5 – Et Philippe, qui était descendu dans une ville de Samarie, y prêcha le Christ.
6 – Les foules prenaient garde à ce que disait Philippe, car elles étaient unanimes à l’écouter et à regarder les signes qu’il faisait ;
7 – car il y avait beaucoup d’esprits impurs qui sortaient en clamant à grande voix ; et beaucoup de paralysés et de boiteux furent soignés ;
8 – et il y eut grande joie dans la ville.

Mon analyse :
Deux éléments majeurs sont à retenir de ce passage. La dévalorisation de Paul — qui est destinée à lui refuser la responsabilité de la diffusion de ce qui deviendra le Christianisme — va de pair avec la valorisation de Pierre, dont nous savons par les évangiles qu’elle est largement surévaluée. Ensuite, après la mort d’Étienne, nous comprenons qu’une partie de la communauté de Jérusalem est contrainte de fuir. En effet, ceux qui ont la même conception qu’Étienne et que Jésus, qui furent mis à mort pour blasphème, doivent s’enfuir pour échapper au même châtiment. Par opposition, ceux qui restent, les apôtres, sont ceux qui ne blasphèment pas. Mais le terme apôtres n’est pas correct. Nous savons que Philippe en est un et il s’en va en Samarie ; Ananie que nous trouverons à Damas en est aussi. En fait, ce sont les disciples et leurs proches, dont le judaïsme n’est pas remis en cause par le Sanhedrin qui peuvent rester à Jérusalem.

9 – Il y avait déjà dans la ville un homme appelé Simon, soi-disant grand personnage qui faisait de la magie et mettait hors d’elle la nation de Samarie.
10 – Tous, du plus petit au plus grand, prenaient garde à lui et disaient : C’est la puissance de Dieu, celle qu’on appelle la grande !
11 – Ils prenaient donc garde à lui, depuis le temps qu’il les mettait hors d’eux-mêmes avec sa magie.
12 – Mais comme ils se fiaient à Philippe qui leur annonçait le règne de Dieu et le nom de Jésus, hommes et femmes se faisaient immerger.
13 – Simon eut foi lui aussi, se fit immerger et ne quitta plus Philippe, tant les signes et les grands miracles qu’il voyait arriver le mettaient hors de lui.
14 – Les apôtres, à Jérusalem, entendirent que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu et ils leur envoyèrent Pierre et Jean
15 – qui y descendirent et prièrent pour eux, pour qu’ils reçoivent le Saint Esprit,
16 – car il n’était encore tombé sur aucun d’eux : ils avaient seulement été immergés au nom du seigneur Jésus.
17 – Alors ils posèrent les mains sur eux et eux recevaient l’Esprit saint.
18 – Quand Simon vit que l’Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres il leur présenta de l’argent
19 – et dit : Donnez-moi ce pouvoir pour que celui sur qui je poserai les mains reçoive l’Esprit saint.
20 – Pierre lui dit : Périsse avec toi ton argent puisque tu as cru posséder le don de Dieu à prix d’argent !
21 – Tu n’as dans tout cela ni part ni lot, car ton cœur n’est pas droit, devant Dieu.
22 – Convertis-toi donc de ta méchanceté et demande au Seigneur que peut-être te soit remise cette pensée de ton cœur ;
23 – car à ce que je vois tu es dans un fiel amer et des liens iniques.
24 – Simon lui répondit : Demandez vous-mêmes pour moi, au Seigneur, que rien de ce que vous dites ne vienne sur moi.

Mon analyse :
Nous apprenons qu’en Samarie se trouvait un homme nommé Simon. D’après bon nombre de chercheurs, il semble en fait que Simon soit une image destinée à dénigrer Paul. En effet, comme Simon, Paul est accusé d’avoir de l’effet sur les peuples que les Juifs considèrent comme hérétiques et païens, comme c’est le cas des Samaritains. La magie de Paul c’est sa parole qui convertit ceux qu’elle atteint. Simon est dit immergé, c’est-à-dire baptisé dans la tradition baptiste mais Philippe ne transmet pas l’esprit, capacité qui semble réservée aux deux disciples, Pierre et Jean. Ces derniers semblent avoir une opinion très défavorable envers Simon qu’ils accusent de vouloir monnayer le don de baptême d’esprit, ce qui donnera au fait de monnayer des faveurs ecclésiastique le nom de simonie.

25 – Eux donc, après avoir rendu témoignage et dit la parole de Dieu, s’en retournèrent à Jérusalem, en évangélisant beaucoup de bourgs de Samaritains.
26 – Un ange du Seigneur parla à Philippe et lui dit : Lève-toi et pars pour le Midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza ; c’est un désert.
27 – Il se leva et partit. Et voilà qu’un eunuque éthiopien, haut fonctionnaire de la reine Candace d’Éthiopie et surintendant du trésor, venant de se prosterner à Jérusalem
28 – s’en retournait, assis sur son char et lisant le prophète Isaïe.
29 – L’Esprit dit à Philippe : Approche, et rejoins ce char.
30 – Philippe accourut et l’entendit qui lisait le prophète Isaïe; il lui dit : Est-ce que tu comprends ce que tu lis ?
31 – Il dit : Comment le pourrais-je, en effet, si quelqu’un ne me guide ? Et il pria Philippe de monter s’asseoir avec lui.
32 – Le passage de l’écriture qu’il lisait était celui-ci : On l’a mené comme une brebis à l’abattoir et, comme un agneau sans voix devant celui qui le tond, il n’ouvre pas la bouche.
33 – Son jugement n’a été qu’humiliation et son destin, qui le racontera ? car sa vie est enlevée de la terre.
34 – L’eunuque répondit à Philippe : Je te le demande, de qui le prophète dit-il cela ? de lui ou d’un autre ?
35 – Philippe ouvrit la bouche et, commençant par cette écriture, lui annonça Jésus.£36 – Chemin faisant, ils vinrent à un point d’eau et l’eunuque dit : Voilà de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je sois immergé ?
37 – Philippe lui dit : Si tu crois de tout ton cœur, on a le droit. Il répondit : Je crois que Jésus Christ est le fils de Dieu.
38 – Il ordonna d’arrêter le char ; Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau et Philippe l’immergea.
39 – Quand ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus car, tandis que, tout réjoui, il allait son chemin,
40 – Philippe se retrouvait à Azoth et évangélisait toutes les villes par où il passa jusqu’à son arrivée à Césarée.

Mon analyse :
Philippe semble être poussé par Christ à évangéliser un non Juif. Ce dernier, un haut fonctionnaire, reçoit la parole comme annonce de Jésus et se fait baptiser par immersion. C’est intéressant, car Philippe ne semble pas avoir le pouvoir de transmettre le baptême d’esprit mais est capable de dépasser le strict cadre juif pour transmettre le message de Christ. Comment ne pas y voir une annonce de l’action de Paul ? On aurait donc une vision noire de Paul dans le personnage de Simon et une vision positive de Paul dans l’action de Philippe.

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