La symbolique de Noël

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La symbolique de Noël

Si la période de Noël n’a pas toujours ressemblé à ce qu’elle est aujourd’hui, il est néanmoins vrai qu’elle fut symbolique à divers points de vue et ce, même avant le début du christianisme.Elle le fut dans d’autres religions que le christianisme et elle le fut aussi en dehors de tout contexte religieux.
Si je me mets derrière mon clavier c’est que je vais aussi essayer de présenter la façon dont les cathares voyaient cette période et comment je l’interprète de mon côté.

Petit rappel historique

La référence fut pendant longtemps le solstice d’hiver, c’est-à-dire la période où le jour et la nuit s’inversent de façon positive — c’est-à-dire au profit du jour —, et de cette inversion cosmologique les hommes firent un inversion sociologique.
En effet, à cette période il était de coutume d’inverser les rôles pour une journée.
Cette tradition s’est poursuivie quand les romains firent de cette période la fête de Saturne dont la célébration fut également l’occasion de laisser aux esclaves une liberté dont ils étaient privés tout au long de l’année.
D’autres dieux étaient également honorés à la même période dont le fameux Sol invictus plus connu sous le nom de Mithra. Ce jour de la naissance du dieu invaincu (dies natalis sol invictus) fut semble-t-il à l’origine de la fête de Noël.
Faute de pouvoir effacer de la mémoire des romains athées devenus des chrétiens en même temps que leurs empereurs, et même quand le christianisme devint la religion d’État à l’aube du cinquième siècle, le petit peuple continuait à fêter les saturnales. C’est donc pour les supplanter que l’église chrétienne romaine fit le choix d’en faire la date de la naissance du sauveur à qui la tradition anthropomorphique voulut donner une biographie complète qui fait pourtant défaut dans la majorité des écrits apostoliques.
Cependant, le temps passant, il fallut conforter le caractère chrétien de cette fête. C’est dans ce but que furent utilisés des légendes attribuées à des saints du panthéon catholique qui portaient le prénom de Nicolas pour en faire un personnage merveilleux. Il ressort de la dizaine de Nicolas catholiques et presque autant d’orthodoxes que la référence la plus constante fut Nicolas de Myre (mort un 6 décembre du début du IVe siècle) à qui fut attribué de nombreux miracles, notamment relatifs au sauvetage d’enfants. C’est la raison de sa célébration au début décembre et du lien qui est fait avec la remise de cadeaux aux enfants. Mais, système judéo-chrétien oblige, Saint Nicolas (représentant du bien) est toujours accompagné, à partir du XVIe siècle, du Père Fouettard (souvent assimilé au diable) chargé de punir les enfants désobéissants.
Le passage à l’enfant Jésus est dû, lors de la Réforme protestante, aux luthériens soucieux de rejeter le patronage des saints. Cependant et dès le XIIe siècle, lors des processions catholiques de Saint Nicolas, le cortège était mené par un vieil homme appelé Noël.
La laïcisation est le fait des huguenots qui en firent un personnage intermédiaire, Sinter Klaas (le futur Santa Claus américain) puis des souverains allemands qui s’appuyèrent sur divers personnages germaniques et nordiques, un lutin (Julénisse) qui donnera au Père Noël sa tenue, ainsi que des dieux celte (Gargan) et viking (Odin) qui apportaient des cadeaux aux enfants au solstice d’hiver.
Remplacé chez les anglophones par Santa Claus et par l’enfant  Jésus chez les francophones, c’est au XIXe siècle que saint Nicolas se verra attribué sa forme actuelle suite à la publication dans un journal new-yorkais d’un poème anonyme  A visite from St Nicholas.

Et Jésus dans tout cela ?

Comme on le voit, il ressort de tout ce  fatras que la fête de Noël correspond à une date de célébration de l’annonce du retour des beaux jours et, de façon mythique, de la « résurrection » de la nature.
De là à en faire la date de naissance du sauveur de l’humanité, il n’y a qu’un pas que l’Église chrétienne de Rome s’est empressée de franchir. En effet, il était indispensable d’établir une généalogie juive riche pour Jésus afin de justifier l’appropriation des événements de la Torah dans le développé historique du christianisme qui en avait  besoin à une époque où l’ancienneté d’un phénomène renforçait fortement sa crédibilité.
C’est pour cela que l’évangile le plus juif du Nouveau Testament, celui de Matthieu, en fait une relation étendue et que l’évangile de Luc, considéré comme issu du courant paulinien, fut modifié dans ses deux premiers chapitres pour y faire également référence et masquer ainsi le caractère profondément hérétique d’un Jésus apparaissant le 15 du principat de Tibère sous l’apparence d’un homme de trente ans. Bizarrement, les autres courants et notamment celui de Pierre ne ressentirent pas le besoin d’adapter leur évangile (Marc) et la rédaction tardive de celui de Jean lui épargna également cet ajout.
C’est donc de deux volontés distinctes que naquit le mythe de la naissance de Jésus un 25 décembre. La conjonction de la nécessité de masquer le paganisme venu au christianisme sans vouloir renoncer à ses autres dieux et celle de faire de Jésus un continuateur de la Torah.
Mais si l’on considère comme secondaire la possible existence de Jésus et son caractère non humain, sans oublier d’ajouter la volonté de  reconnaître au christianisme un caractère de rupture totale avec le judaïsme, il devient évident que le mythe de Noël perd tout son sens.

Comment les cathares considéraient-ils Noël ?

D’après les documents que j’ai consulté, les cathares mettaient à profit les fêtes du calendrier catholique pour effectuer des prédications publiques, parfois jusque devant les églises catholiques.
Cela leur assurait un public d’autant plus attentif que les thématiques développées étaient souvent en rapport avec la période.
Donc Noël, pouvait-il donner lieu à des prédications traitant du caractère non mondain de Jésus, de sa confusion avec Christ — messager et message du Principe du Bien —, voire avec le caractère cyclique et non permanent de ce monde.  C’était aussi la fin de la période de carême qui avait débuté vers la mi-novembre. Ce jeûne couvrant la fin de la période pendant laquelle les ténèbres prenaient le dessus sur le jour devait avoir un sens symbolique pour eux.
Vraisemblablement, et en quelque sorte par un retour sur les mythes ancestraux, les cathares marquaient ainsi la fin d’une période de destruction de la lumière où le Mal symbolisé par les ténèbres atteignait les limites de son pouvoir et où le Bien, symbolisé par le rallongement du jour, allait commencer à reprendre le dessus dans une sorte de régénération. Régénération temporaire à la fois par le caractère cyclique du temps mondain et par le coup d’arrêt brutal qui viendrait donner la période de la Passion.

Ce que je retiens c’est que, pour les cathares — bons-chrétiens ou croyants — Noël n’est en rien une fête religieuse.

Cependant, il permet d’atténuer un peu les difficultés de vie, qu’implique dans notre hémisphère un climat hivernal, et d’apporter un peu de joie et de lumière psychologique au cœur des ténèbres. Enfin il est un moyen de profiter de la disponibilité spirituelle d’une population moins prise par les travaux agricoles, et donc plus à même d’écouter des prêches renforcés par l’exemple de prédicateurs sortant de quarante jours de carême.

Éric Delmas – 27/11/2012

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