L’œcuménisme a-t-il un sens ?

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L’œcuménisme a-t-il un sens ?

Introduction

Il ne manque pas de courant de pensée, de religion, de philosophie qui ne pense avoir trouvé le sens de la vie et la raison de toute chose.
Les chrétiens cathares ne sont pas différents en ce sens, qu’eux aussi pensent avoir approché une vérité.Leur désir de magnifier l’Esprit en suivant une voie toute empreinte de bienveillance envers tous, car tous sont des esprits de même nature et dont le destin est identique, dans le malheur comme dans le Salut, doit-il avoir une expression précise ? Au contraire, est-il plus judicieux de chercher un dénominateur commun entre tous les hommes de bonne volonté et de gommer les différences idéologiques afin de créer une unité spirituelle ?
La diversité humaine peut-elle se résumer à quelques concepts doctrinaux uniques et cela ne risque-t-il pas de tarir la source qui, sous couvert de différence, explore en réalité la diversité de l’esprit humain ?

Œcuménisme ou plus petit dénominateur commun ?

Face à des personnes qui ont fait un choix dont elles pensent qu’il est le bon, est-il licite d’aller au devant d’elles et de leur proposer une fusion au nom d’un esprit d’ouverture et d’amour ?
À première vue cela ne semble pas être mauvais de viser à une sorte d’union mystique dans ce monde. Pour autant, je doute que ce soit judicieux.
D’ailleurs nos prédécesseurs ne le faisaient pas et n’en voyaient pas la nécessité me semble-t-il. Mais, peut-être ont-ils eu tort ou bien n’avons nous pu retrouver de documents l’attestant.
Les groupes humains sont très divers et poursuivent des objectifs très différents. Certains visent à développer une voie spirituelle dans le respect absolu de l’opinion exprimée par les autres, mais il en existe qui sont plus agressif, tant dans l’expression de leur doctrine que dans la volonté de la voir supplanter les autres. Dans ces conditions l’œcuménisme est un leurre qui peut, au mieux, se résumer à un accord a minima, sorte de plus petit dénominateur commun, et qui peut devenir au pire, une carcasse vide de tout sens dont se serviront les plus agressifs pour imposer leurs idées en se cachant derrière une règle de respect de leurs opinions qu’ils ne se sentiront jamais tenus d’appliquer aux autres.
L’œcuménisme est une sorte d’espéranto spirituel dont les modalités d’application viennent directement en opposition avec ce qui justifie l’existence de courants de pensée différents.
Même ceux qui ont en commun des grands principes tiennent à juste titre à pouvoir cheminer spirituellement sans être toujours freinés par le risque de sortir d’une voie trop étroite parce que balisée par les limites de chaque spiritualité, à défaut de les intégrer dans une approche globale.

Mettre en avant les convergences sans occulter les oppositions

La bienveillance – que certains appellent Amour absolu et d’autres Amour Agapê – est un sentiment universel. Il s’adresse à tout Esprit prisonnier sans s’attarder sur l’enveloppe qui le contraint. Peu importe qu’il soit dans un corps d’homme ou de femme, de croyant ou d’athée, de chrétien ou de juif, de musulman, de juif, de bouddhiste.
Car, les religions et les philosophies sont constructions mondaines destinées à nous aider à approcher notre vérité.
C’est notre instinct grégaire qui nous pousse à rechercher le confort et l’abri du groupe.
La liberté de l’Esprit n’est pas de chercher l’agglomération à d’autres courants et même à l’humanité entière, mais d’œuvrer à son propre Salut.
C’est ce que nous apprend le catharisme. Le Salut est affaire individuelle et nous ne croyons pas en un Salut collectif.
Personne ne détient la Vérité divine mais tous en ont une part, plus ou moins développée, plus ou moins aboutie. La tolérance doit s’appuyer sur ce précepte : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. » (Jn XIV-2).
Cela rappelle les valeurs d’humilité face à la connaissance que nous croyons posséder, celles de respect pour ce que les autres défendent, mais aussi une certaine légitimité à suivre une voie différente pour autant qu’elle soit guidée par l’Esprit et la Bienveillance.
Donc, accepter les échanges et les discussions avec tous est chose positive qui nous amène à apprécier la qualité de notre jugement, mais rechercher une communion générale est une perte de temps qui agit à l’encontre de notre propre travail personnel.
C’est pourquoi je ne crois pas à l’œcuménisme même si je crois à l’ouverture et à l’accueil. Il me semble au contraire que la recherche d’une telle communion est un piège que nous tend ce monde afin de nous détourner de notre objectif principal.
Le textes anciens ne nous montrent pas Jésus chercher l’accord le plus large. Au contraire, il n’hésite pas à opposer sa parole à ceux qui ne croient pas en Lui. Paul, ne cherche pas davantage à englober tous les hommes. Seuls ceux qui accèderont à la connaissance à son époque seront les bienvenus. Les autres auront leur heure plus tard.
C’est pourquoi je veux marquer mon respect envers toute croyance cherchant à élever l’homme, mais que je crois respectueux de ne pas interférer dans son développement.

L’œcuménisme est-il un objectif crédible ?

La division est-elle notre lot obligatoire ? Devons-nous éviter comme cause d’aliénation toute recherche de rapprochement ?
Bien entendu que non ! Beaucoup de divisions sont liées à des analyses superficielles et à un ego triomphant qui empêche d’accepter l’idée que l’on ai pu cheminer sur une voie de traverse. Or, nous le savons et je l’ai déjà écrit, l’isolement est la pire des voies car elle renforce l’ego et favorise les dérives.
Il faut donc, au contraire, rechercher les échanges constructifs ; ceux qui nous conduisent à une étude détaillée de nos certitudes afin de vérifier qu’une erreur de raisonnement ne les a pas minées et développer un argumentaire sérieux et accessibles à tous, pour montrer la cohérence de nos choix, au lieu de favoriser des développements oiseux et abscons destinés à exclure de la réflexion ceux qui pourraient lui trouver quelques failles.
Nul doute qu’ainsi, à défaut d’œcuménisme, nous arrivions dans bien des cas à des convergences de vues bien plus grandes et à des corrections de doctrines avancées un peu trop vite.
Ce que nous savons aussi, c’est que nos certitudes ne contiennent qu’une part de vérité car notre incarnation est un frein puissant à l’espoir d’accéder à la compréhension de la dimension divine. Mais, je ne doute pas que cet œcuménisme que certains appellent de leurs vœux dès aujourd’hui se réalisera quand nous serons débarrassés de cette enveloppe qui tient notre esprit prisonnier. Se rappeler que nous sommes tous issus du même créateur et que nous sommes de même nature que Lui, constitue la meilleure garantie qu’une fois réunis nous soyons alors tous baignés de la même essence qui constitue la Vérité absolue à laquelle nous aspirons et qu’alors se réalisera cet œcuménisme qui nous semble si inaccessible ici-bas.

En fait, là encore nous comprenons que tout cela n’est qu’affaire d’humilité, de patience et de Bienveillance.

Éric Delmas – 16/09/2010


Texte modifié par rapport à la version initiale du 19/05/2009

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